Epatants découpages

 par André Delobel

   – C’est toi qui es chargé de l’éditorial ?

    – Ben oui.

    – Ça va pas être triste.

    – Pardon ?

    – Tu parles toujours de toi quand tu fais un éditorial.

    – Faut pas ?

    – Parle de Béatrice Tanaka.

    – C’était à la fin des années soixante. Jeune instituteur en Tunisie, j’avais abonné ma classe à Jeunes Années et…

    – Béatrice, s’il te plait.

   – Dans le numéro 2 d’octobre 1969, il y a avait un conte vietnamien, Un nom pour un chaton, raconté par Béatrice Tanaka et illustré par elle de curieux découpages multicolores. Il était accompagné d’un judicieux « jouet animé », en papier bien sûr. Les découpages m’épataient et épataient aussi mes élèves, pas contrariants pour deux sous.

   – Et après ?

   – Après, on s’est amusé avec les enfants à repérer, dans les numéros suivants, s’il y avait d’autres découpages de Béatrice Tanaka. Cela a duré plusieurs années. A cause de moi, bien sûr. On a aussi essayé, pluseurs fois, de faire pareil. Résultats catastrophiques.

   – Après ?

   – J’ai acheté La Fille du Grand Serpent, Maya, La Montagne aux trois questions et je me suis aperçu que Béatrice Tanaka ne faisait pas que manier les ciseaux. Puis, il y a eu 1982.

   – Tu veux dire 1981 ?

   – Pas de politique. Je parle bien de 82, l’année où Le Tonneau enchanté est publié à La Farandole. Un pur régal.

   – Découpages ?

   – Découpages. Et puis un noir et rouge de toute beauté. Ensuite, je me suis procuré régulièrement les albums paraissant chez Vif Argent et je me suis, peu à peu, débarrassé de ma fixation.

   – Tu as résilié ton abonnement à Jeunes Années ?

   – N’importe quoi ! Et dis-toi qu’il y avait aussi Eclats de Lire et Gullivore

   – C’est beau la fidélité.

   – Je n’ai connu que bien plus tard les illustrations des contes africains publiés chez Présence Africaine. Un noir et blanc modeste, immédiatement parlant.

   – Tu n’a pas cherché à en savoir plus sur Béatrice ?

   – De retour en France, grâce au CRILJ, la rencontre était certainement envisageable. Elle ne s’est pas faite. En 1990, travaillant avec mes élèves Le Tonneau enchanté

   – Encore ce tonneau !

   – Travaillant cet album pour en parler dans La République du Centre, j’ai cherché à en savoir un peu plus sur Béatrice Tanaka et nous lui avons écrit.

   – Et, bien sûr, elle a répondu …

   – J’ai aussi rédigé, pour le journal, une courte biographie. Ça t’intéresse ? Tiens, je lis : « Béatrice Tanaka est né en 1932 à Cernaiti, ville moldave qui fut austro-hongroise avant d’être roumaine puis russe. Petite fille, elle voyage, bien malgré elle, vers la Turquie, la Palestine et l’Italie. Elle émigre au Brésil, enseigne le français et l’anglais, aspire à devenir comédienne, s’installe en France, fait des études de scénographie, crée des costumes de théâtre, écrit des pièces pour enfants, devient l’élève de l’affichiste Paul Colin, collabore à plusieurs revues pour enfants, publie chez divers éditeurs (La Farandole, Vif Argent, La Noria, l’Ecole des Loisirs, Bayard Presse, Magnard) des livres dont elle est le plus souvent l’auteur-illustrateur, parfois seulement l’illustrateur, quelquefois le traducteur. »

   – Dis donc, t’as vu …

    – T’as vu quoi ?

   – T’as réussi à ne pas parler de toi pendant plus de cent mots.

   – Pas fait exprès.

    – Dis …

   – Quoi ?

   – Tu me prêtes Le Tonneau enchanté ?

( Griffon  n° 226 – mars-avril 2011 – Béatrice Tanaka )

   béatrice tanaka

Maître-formateur récemment retraité, André Delobel est, depuis presque trente ans, secrétaire de la section de l’orléanais du CRILJ et responsable de son centre de ressources. Auteur avec Emmanuel Virton de Travailler avec des écrivains publié en 1995 chez Hachette Education, il a assuré pendant quatorze ans le suivi de la rubrique hebdomadaire « Lire à belles dents » de la République du Centre. Il est, depuis 2009, secrétaire général du CRILJ au plan national.

Nicole Claveloux au Pays des Merveilles

 

 

 

 

 

  

     Nicole Claveloux n’illustre pas, elle est Alice au Pays des Merveilles, démiurge à l’instar de Lewis Carroll, d’un univers d’enfance baroque, gourmand  et mythique qui se construit entre les mots et les images, qui capte un air du temps intemporel et s’alimente de tout ce qui passe entre l’eau et le feu, le minéral et le végétal, le dedans et le dehors  à géométrie variable, la vie qui palpite entre les objets et les êtres indifférenciés à la lisière de l’humain et de l’animal, sans distinction d’âge, de sexe, de couleur.

     Entre classicisme et surréalisme, entre le Gustave Doré des Contes drolatiques de Balzac,  le Little Nemo de Windsor McCay  et le psychédélisme du Push Pin studio, l’interprétation originale d’Alice par Nicole Claveloux est fondatrice d’une œuvre immense où fourmillent « les petites sœurs d’Alice » dans un fantastique carousel où se reflètent les personnalités de l’artiste en un jeu de miroirs sans fin. De La forêt des Lilas, son premier voyage au Pays des anamorphoses avec la Comtesse de Ségur, en parallèle avec Alala et les télémorphoses (créée à New-York avec Harlin Quist) à Grabotte et aux Crapougneries, en passant par Brise et Rose et Poucette ou encore Gertrude la sirène ou la petite Josette  du Conte numéro 4 de Ionesco, Nicole Claveloux n’a cessé de décliner les variantes d’une héroïne « ultramarine » qui lui ressemble  L’affiche de l’exposition Sevilla92 organisée par Pedro Tabernero campe une Alice « monde » à la manière d’Arcimboldo. 

     Déjà dessinée par Lewis Carroll qui avait influencé par ses « crayonnés » le travail de Sir John Tenniel chez MacMillan, Alice existait déjà « for ever » comme le premier personnage littéraire dont l’imaginaire, le langage et le regard sur le monde sont vraiment ceux d’une petite fille, dont les repères ne cessent de basculer entre l’infiniment petit et l’infiniment grand.

     Créée en 1974 avec François Ruy-Vidal, directeur de collection pour Grasset Jeunesse, l’interprétation graphique d’Alice a reçu le prix Loisirs Jeunes en 1974 et la Pomme d’Or de la Biennale de Bratislava en 1976. Pour Janine Despinette, critique littéraire partie prenante des jurys internationaux, il s’agit bien d’un livre clef de l’histoire de l’illustration en France. Formée à l’école des Beaux Arts de Saint Etienne où enseignait sa maman Lucie, Nicole explorait déjà depuis dix ans avec Bernard Bonhomme et le premier tandem Harlin Quist-Ruy-Vidal, Denis Prache pour Okapi, les arcanes d’un art de l’image transformé par les nouveaux procédés de la publicité dans les magazines Planète ou Elle.

     Avec Alice, Nicole commence à se dédier exclusivement aux livres illustrés ainsi qu’à la peinture et à la presse pour la jeunesse. Et d’emblée, elle révolutionne dans ce livre-phare les codes d’une imagerie classique, servie par la typographie élégante et novatrice, réalisée avec le studio Hollenstein. Le corps inhabituel du caractère Elzévir sépia, dans le ton des vignettes et l’utilisation d’une grande cursive pour les titres de chapitres déclinés verticalement dans les marges de gauche, dialoguent avec l’esprit et le bruit de la lettre dans les images de Nicole où les phylactères des fresques anciennes et de la bande dessinée installent une intimité avec le lecteur enfant en un raccourci très contemporain.

     Que les spécialistes de la littérature de jeunesse me pardonnent cette relecture jubilatoire des images de Nicole Claveloux pour une Alice au Pays des Merveilles considérée comme un classique du graphisme gravé dans toutes les mémoires des amoureux du livre de Jeunesse.

     Ainsi que le souligne Christian Bruel dans son ouvrage Nicole Claveloux et Compagnie, l’llustration la plus célèbre de l’artiste – celle des flamands – qui n’était qu’un simple essai, avait bien failli ne pas se retrouver dans le livre. L’émission d’un timbre en Tchécoslovaquie a rendu hommage à sa puissance visuelle et à sa modernité. Les expositions de la Bibliothèque publique d’Information au Centre Georges Pompidou : Images à la Page, Visages d’Alice et Les petites sœurs d’Alice ont installé s’il ne l’était déjà, le talent de Nicole Claveloux dans la légende.

     Nicole (née en 1940 à Saint-Etienne) connaissait le personnage Alice depuis 1952 à travers un livre « rouge » offert pour Noël, affreusement coloré mais fascinant par le texte. Elle adore l’anticonformisme de l’héroïne, s’amuse de ses métamorphoses, séduite par l’absence de moralisme et la liberté de ton et surtout par l’originalité des petites et grandes bêtes qui donnent la réplique avec aplomb à cette petite fille si proche d’eux.

     Bien sûr, les illustrations de Sir John Tenniel lui paraîtront froides et presque convenues comme d’ailleurs toutes celles qui s’en sont inspirées sans parler de l’adaptation populaire de Walt Disney, à quelques exceptions près, celles d’Arthur Rackham, de Ralph Steadman, de Lola Anglada ou de Barry Moser, dont la diffusion est restée confidentielle y compris dans leur pays d’origine. Revenons dans le paysage Carrollien de l’artiste, transfiguré à la faveur l’acte éditorial de François Ruy-Vidal.

     D’emblée, les fenêtres ouvertes sur les pages de couverture, placent le lecteur doué du don d’ubiquité, en situation de voyeurisme. Il suit le regard d’Alice et la course du Lapin Blanc vers l’univers musical des comptines, avec le Loir dans la théière, le sourire invisible du Chat de Cheshire, le bataillon des cartes à jouer et une pluie de larmes comme autant de reflets sur un autre monde en microcosme.

     Tout commence en sépia à la surface de l’eau sur la rivière Isis dans un cadre sphérique où de la bouche de Lewis Carroll s’échappe une bulle évoquant la fuite  d’Alice sur les traces du Lapin Blanc, une histoire en boucle qui commence et finit au même endroit.

     Dès lors une grammaire visuelle s’ébauche dans un découpage qui n’a rien de décoratif : la chute d’Alice et du lapin en trois plans verticaux lus simultanément pour donner l’impression du mouvement et de l’espace temps, le jeu des antipodes avec leurs bestiaires fantastiques (à la manière de la planète du Petit Prince dessinée par Saint-Exupéry).

     Nicole Claveloux  n’en finit plus de broder sur d’infimes détails qui vont retenir l’attention des enfants : une faune et une flore exubérantes en guise d’écrin pour le motif du flacon et du gâteau et ce qui s’en suit : les métamorphoses d’Alice décomposée en autant de poupées russes de la plus grande à la plus petite. Pour autant, il n’y a jamais de redondance entre le texte et l’image (les injonctions « Bois-moi » et « Mange-moi » ne figurent pas dans l’illustration).

     Nicole Claveloux va utiliser les procédés graphiques de la bande dessinée, mais aussi un jeu d’inversions subtiles sur la trame du miroir, pour rendre visibles et écrire véritablement à sa manière, les émotions.

     Ainsi la souris, en très gros plan va laisser apparaître dans ses yeux le reflet d’une Alice apeurée, tandis qu’un petit nuage révèle sa propre peur du chat…dont le nom  s’écrit en trois langues au moyen d’un cordage en forme de queue qui se tord en « éclairs de tonnerre » un contrepoint amusé au calligramme du conte – tale –  de la souris en forme de queue – tail

     L’œil, mis en valeur en gros plan, fonctionne comme le miroir et le maître de cet imaginaire. Et les jeux de mots ont pour corollaire les jeux de miroirs. Nicole Claveloux peut se permettre d’inverser alors les représentations habituelles. Le miroir des larmes est aussi l’univers marin des origines où Alice se reflète toute petite. Les animaux protagonistes de l’histoire, naissent et surnagent en chœur de cette mare joyeuse pour parlementer, chacun dans sa case…

     Les contrastes visuels induits par les changements de taille d’Alice devenue géante, génèrent des collages saisissants à partir du cadre architectural de la maison du Lapin Blanc et de son jardin à la Douanier Rousseau où les plantes apparaissent sous cloches de verre…bulles et reflets toujours !

     Bien évidemment, il était tentant pour l’artiste d’aller plus loin dans la provocation graphique avec la mise en scène du vers à soie opiomane alangui sur ses champignons dans un style psychédélique, et les jeux d’identification d’Alice en serpente au long cou, dévoratrice d’œuf de pigeon qui ne laissent pas d’inquiéter ou d’intriguer, avec la ronde des bébés changés en cochons.

     Ainsi de manière subliminale, Nicole Claveloux effleure le thème de Mélusine, la fée serpente et se délecte avec les motifs récurrent de toute son œuvre ceux de l’œuf, des bébés et des cochons.

     Chaque pleine page couleur, telle une apparition, condense les scènes clefs et les affects oniriques du texte de Lewis Carroll au point de rester à jamais gravée dans l’inconscient collectif des lecteurs. Il faut rappeler le « méli mélo » des théières, cuillers, brioches, montres molles et hauts de forme transformistes, tandis les heures égrenées sur le cadran de la montre du Lapin Blanc sont autant de tasses bues dans l’interminable partie de thé ou encore les pots de peinture rouge en action pour peindre la cour de cartes burlesque du  Roi et de la Reine de cœur tandis qu’une petite vignette évoque la hache du bourreau coupeur de têtes virtuelles. La splendeur des grands flamands roses sur fond solaire qui passent au dessus de la tête d’Alice et de son petit hérisson reste un poème visuel à l’état pur,  qui contraste avec l’extraordinaire puissance musculaire  d’un griffon pédagogue aux prises avec la tortue fantaisie dont les bulles de larmes hypocrites annoncent l’insolite classe dans la mer…autant d’images inédites dans l’iconographie carrollienne, avec en prime, un clin d’œil aux bibliothécaires, lorsque la tortue dévoile ses rayonnages de livre en patins à roulettes.

     Quant au quadrille des homards, chanté et  dessiné sous la plume du griffon enlacé à la tortue, il est une trouvaille visuelle très accordée aux rêves aquatiques de Nicole. La fin de chapitre se clôt sur la vignette d’ une soupe à la tortue où mijote un pauvre marmiton ! Et pour finir « Qui a dérobé les tartes ? » un procès baroque gourmand où le animaux jurés barbouillent péniblement leur page ou leur ardoise d’écritures truffées de fautes de sens ou d’orthographe !

     Nicole Claveloux déjà au faîte de son art, il y a trente six ans !  nous a livré une Alice intemporelle et pudique certes mais espiègle et remplie d’humour, tout entière immergée dans son imaginaire graphique au service du langage dans le respect d’un texte qui garde à jamais son mystère. Les clefs en sont peut-être données par la dernière pièce à conviction- en vers- du  Procès royal  lue par le Lapin Blanc (alter ego de Lewis Carroll) :

  » Ne lui avouez pas à lui qu’elle les aime,

  Car tout ceci sans doute devrait demeurer

  Du reste des humains à jamais ignoré,

  Un secret, un secret entre vous et moi-même « 

     Pour conclure, en assumant ce coup de cœur graphique, fondateur d’une littérature visuelle ouverte à toutes les classes d’âge, il m’est impossible de ne pas associer à cet hommage le photographe bibliophile Pierre Pitrou, partenaire concepteur des expositions de la Bibliothèque publique d’Information du Centre G. Pompidou ouvert au public en 1978.  Les éditions Gallimard nous avaient accompagnés dans l’aventure des Visages d’Alice en 1983 et d’Images à la Page en 1984, avec un clip de François Vié L’album en plein boum. Les éditions Syros avaient réalisé le catalogue de l’exposition présentée en 1983 à la Biblliothèque des enfants : Les Petites sœurs d’Alice dessinées par Nicole Claveloux pour Manuelle Damamme.

     De nombreux reportages photographiques avaient été réalisés autour des grands noms de l’illustration contemporaine – une expérience unique qui nous avait notamment conduits à explorer l’origine des « visages d’Alice » à Christ Church collège et au Musée de Lewis Carroll dans la ville natale de Charles L. Dodgson à Guildford.

     Entre tous les illustrateurs contemporains d’Alice, Nicole Claveloux nous a révélé dans sa grande modestie, une incroyable affinité intime et littéraire avec son héroïne aux prises avec le langage et aux lapsus – freudiens – dans son rapport au monde.

     Les Métamorphoses d’Ovide et de Kafka, les monologues intérieurs de  Proust, et Virginia Woolf, mais aussi les jeux de mots de Bobby Lapointe ! les peintures de Jérôme Bosch, Cranach, Bruegel l’Ancien entre beaucoup d’autres grands modèles de référence, font partie de son paysage intérieur et renforcent une approche incisive, sans complaisance du territoire éditorial d’une littérature de jeunesse par trop aseptisée.

     Nicole Claveloux prend l’enfant au sérieux. Pour elle, le grand jeu d’Alice  est une traversée de tous les dangers,  elle exorcise ses peurs par  le langage et l’empathie avec des créatures animales, fragiles, différentes, qui l’aident à grandir dans une jubilation imaginaire, où les adultes n’ont pas le beau rôle (à l’exception du « Vieux père Guillaume » récité par Alice au Vers à soie (Lewis Carroll ?).  Il n’est que de décrypter l’épilogue  de la déposition d’Alice (chapitre 12) dont la modernité ne nous échappera pas !

 – La condamnation d’abord, le jugement ensuite, s’écria la Reine.

– Mais c’est de la bêtise dit alors Alice, condamner avant de juger, a-t-on idée de cela ?

– Qu’on lui tranche la tête, s’écria la Reine. 

– Mais qui se soucie de vos ordres ? dit Alice qui, maintenant avait retrouvé toute sa taille,  vous n’êtes qu’un jeu de cartes ! 

     Henri Wallon et Marc Soriano avaient insisté sur la valeur de tels mythes pédagogiques fonctionnant comme un formidable légo, pour la structuration de la personnalité de l’enfant.

     Pour conclure on dira que l’extraordinaire réservoir d’images de Nicole Claveloux pour Alice, ne pouvait que sublimer et enrichir ce processus dans une liberté regards et l’intelligence de la parole libre d’une petite fille rendue visible pour la première fois dans l’histoire de la litérature.

(version longue de la carte blanche parue dans le numéro 2 des Cahiers du CRILJ – novembre 2010)

 

Visages d’Alice. Exposition 1983. Bibliothèque publique d’Information du Centre Georges Pompidou. Livre-catalogue préfacé par Jean Gattegno sous la Christiane Abbadie-Clerc et Pierre Pitrou avec des textes de Christiane Abbadie-Clerc, Pierre Pitrou, Janine Despinette, Peter Roegiers. Gallimard, 1983.

Les petites sœurs d’Alice. Exposition 1983 Bibliothèque des Enfants de la Bpi au Centre Georges Pompidou. Livre Catalogue de Nicole Claveloux et Manuelle Dammame. Syros (Petits Carnets), 1983.

Images à la Page. Exposition 1984. Bibliothèque publique d’information du Centre Georges Pompidou. Livre catalogue. Pref et textes  Christiane Abbadie-Clerc, François Vié, Patrick Roegiers avec les créateurs d’images. Crédits photos Pierre Pitrou. Gallimard, 1984.

Une Odyssée dans les images. Exposition 1991. Salon du Livre de Bordeaux et Bibbliothèque Publique d’information. Préface et textes de Christiane Abbadie-Clerc avec Janine Despinette, Jean-Luc Peyroutet. Imprimeur Balauze et Marcombe.

Nicole Claveloux et Compagnie.  Exposition 1995. Maison du livre de l’image et du Son. Villeurbanne. Concepteur et auteur du catalogue : Christian Bruel. Le Sourire qui mord, 1995.

Nicole Claveloux. Sevilla 89. directeur artistique: Pedro Tabernero. Fundation Luis Cernuda, 1992.

         claveloux

Christiane Abbadie-Clerc travailla à la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Georges Pompidou dès les années de préfiguration. Elle y créa et y anima la Bibliothèque des Enfants puis la salle d’Actualité Jeunesse et l’Observatoire Hypermedias. A noter l’ouvrage Mythes, traduction et création. La littérature de jeunesse en Europe (Bibliothèque publique d’information/Centre Georges Pompidou 1997), actes d’un colloque qu’elle organisa en hommage à Marc Soriano. Ayant dirigé, de 1999 à 2004, la Bibliothèque Intercommunale Pau-Pyrénées, elle est actuellement chargée de mission pour le Patrimoine Pyrénéen à la DRAC Aquitaine et s’investit à divers titres, notamment en matière de formation (accueil, accessibilité, animation), sur la question des handicaps. Elle est, depuis fort longtemps, administratrice du CRILJ.

 

 

Mes commentaires

 

 

 

 

 

 Les victimes du système de financement des associations culturelles en France

     Le système de financement des associations culturelles en France est cassé. Et,  avec le Salon du Livre de jeunesse de Montreuil, avec Livres au Trésor, Ricochet risque d’en être l’une des premières victimes marquantes. Et pourtant, la bonne solution, solide, a été trouvée, qui obtient l’appui du gouvernement suisse.

     Le sort de Ricochet est entre les mains de Mme Anne de Pingon, Juge commissaire, du Procureur de la République et de Me François Brucelle, Mandataire judiciaire à Charleville-Mézières. Et le critère du choix du repreneur serait, paraît-il, strictement d’ordre financier, à l’exclusion de tous aspects culturels ou de projet viable !

 Le temps passe, une candidature fantaisiste se déclare

     Les semaines passent malgré les appels lancés au juge par notre défenseur, Me Dominique Tricaud, et une minuscule maison d’édition du nom de Ricochet (déjà usurpé à sa création en 1995) vient de se déclarer intéressée à reprendre le site, du fait simple de porter son nom. Les finances de cette maison d’édition (qui publie péniblement 5-6 titres par an) ne lui permettent clairement pas d’assumer la charge du site. Il est en plus impensable qu’une maison d’édition quelconque reprenne un site ouvert à la production de tous les éditeurs, petits et grands. Ce conflit d’intérêt, fondamental, a été relevé par des éditeurs qui cesseraient alors tout service de presse au site ainsi dévoyé, en particulier Gallimard Jeunesse dont la Présidente, Hedwige Pasquet, menace de saisir le Syndicat National des Editeurs (SNE) de ce litige : sans service de presse de tous les éditeurs de langue française, le site se meurt, puisque notre vaste public vient principalement pour découvrir les critiques des nouveaux ouvrages.

     Il nous a été aussi signifié que seule la somme mise à reprendre le site allait compter, quelle que soit par la suite la viabilité de Ricochet. Il s’agit donc uniquement d’une histoire d’argent : l’Institut suisse, à la demande du liquidateur, a proposé d’acheter le site pour un euro, sachant bien le niveau des sommes à investir dans les années à venir. Mais il faut absolument « réduire la dette ». Or on ne nous dit pas, à ce jour, ce qu’elle peut représenter !

     Il faut bien le dire tout haut : le système de financement des associations culturelles par les deniers publics est bel et bien cassé. Il va falloir complètement changer ce système et recourir exclusivement à des sponsors, à l’américaine : la France n’y pas préparée ! Cela explique clairement un transfert vers la Suisse, où l’Office Fédéral de la Culture et l’Institut Jeunesse et Médias ont reconnu l’intérêt incontesté du site pour la Francophonie, et ont mis à sa disposition de quoi poursuivre et développer ses activités culturelles pour la jeunesse.

     Le financement public français est exsangue. Un point c’est tout. « Le site vaut des millions ! » affirme-t-on. Oui, des millions de visiteurs, mais ne rapporte pas un sou ! Et il faut le faire tourner chaque jour. Ce qui demande un budget annuel conséquent.

 Le sujet : le sens critique des enfants

     Dans une situation de crise financière globale, il paraît indispensable de proposer à nos enfants, et de façon indépendante des circuits commerciaux, des livres qui éveillent leur imagination, leur sens critique aussi, pour qu’ils puissent à leur tour prendre leurs responsabilités.

     Il ne s’agit pas seulement de livres et de lecture, mais de la survie intelligente de la nation.

     Ricochet doit rester un instrument respecté internationalement au service de la Francophonie. Hedwige Pasquet insiste : « Alors que les médias accordent, hélas, de moins en moins de place aux critiques des livres pour la jeunesse, Ricochet prend une importance évidente pour tous ceux qui créent et publient des livres et assurent ainsi le rayonnement de la culture francophone. »

 ( texte envoyé au CRILJ par son signataire le lundi 10 janvier 2010 )

 

  ricochet

 

 Né à à Lausanne en 1941, Étienne Delessert y entame une carrière de graphiste, travaille à Paris de 1962 à 1965 puis part pour New-York. Son premier album, Sans fin la fête, est publiée en 1967 par Harlin-Quist. Suivront Le conte n°1 en 1969 et Le conte n° 2 en 1970 sur des textes d’Eugène Ionesco. Revenu en Suisse en 1971, il ouvre l’atelier de films d’animation Carabosse et imagine le personnage de Yok-Yok. En 1985, il s’installe dans le Connecticut d’où – aujourd’hui auteur et illustrateur de plus de 80 livres – il continue à s’exprimer par l’album, l’affiche, le graphisme, le dessin de presse et la peinture. Il est l’actuel président du CIELJ (Centre International d’Etudes en Littérature pour la Jeunesse).

 

 

 

 

Autour du CRILJ, une naissance, une disparition

Naissance du centre Robinson

     La part grandissante occupée par la littérature de jeunesse dans le secteur de l’édition exerce sans doute son effet sur la manière dont les « prescripteurs » pensent leur action. Certes, il demeure chez beaucoup une âme militante, mais l’heure n’est plus au combat, en tout cas plus le même, et il s’agirait plutôt de gérer convenablement une victoire, même si cette dernière reste fragile et surtout inégalitaire. Les rôles évoluent, et les certitudes laissent place, ou devraient laisser place, à davantage de prudence et de souplesse. C’est peut-être ce qui justifie le mieux la « recherche », non pas une démarche arrogante s’avançant au nom de son expertise, mais un effort toujours renouvelé pour mieux comprendre ce qui est et ce qui a été. Ce dernier point est essentiel, car nous sommes dans un secteur qui vit sur deux modes absolument contradictoires, d’une part l’exploitation jusqu’à la corde de textes ou de thèmes toujours ressassés, d’autre part l’illusion de savoir enfin ce que serait l’enfance véritable et la célébration d’une non moins « vraie » littérature de jeunesse.

     D’autres considérations, moins réjouissantes, permettent d’expliquer le déclin du militantisme. Elles ont pesé sur le fonctionnement du site parisien du CRILJ et sur la décision de le fermer (1). Aujourd’hui, les livres et les archives qu’il abritait sont en cours d’installation dans de vastes locaux du site IUFM d’Arras, devenu école interne de l’université d’Artois. Le centre Robinson, ainsi nommé par symétrie avec les Cahiers Robinson créés en 1997, est conçu à la fois comme un lieu de recherche et un espace de documentation destiné à s’enrichir par d’autres collections et ouvert à toute personne intéressée par ces questions. Le CRILJ, pour sa part, a maintenu ses activités dans plusieurs régions, a ouvert un site, Le site du CRILJ, et a lancé une parution annuelle, Les Cahiers du CRILJ, dont le premier numéro pose la question Peut-on tout dire (et tout montrer) dans les livres pour la jeunesse ? André Delobel, son nouveau secrétaire général, diffuse également un intéressant Courrier du CRILJ/orléanais, qui rassemble régulièrement des annonces et coupures de presse. Le CRILJ est associé au centre Robinson, qui se donne pour objet non seulement la littérature de jeunesse dans son acception la plus « légitime », mais toutes les sortes de publications, qu’il s’agisse de la presse, du cinéma ou encore de la radio, sur laquelle un projet est en cours d’élaboration.

     L’histoire et la critique des livres pour l’enfance connaissent un essor sans précédent, marqué entre autres par le nouveau statut de La Joie par les livres, par la création de la revue en ligne Strenae de l’AFRELOCE, par le lancement prochain de la série « Écritures jeunesse » chez Minard, sous la direction de Christian Chelebourg, etc. En ce qui concerne le centre Robinson, issu d’un centre de recherche à dominante littéraire, sa coopération avec le CRILJ lui permet d’ajouter un volet concernant les politiques et les actions en faveur de la lecture. Cette dimension peut ainsi être travaillée en synchronie, d’autant que la plupart des  membres de ce centre ont pour charge la formation professionnelle des enseignants, mais aussi en diachronie : un séminaire est actuellement en cours d’organisation autour des « Grands témoins de la recherche et de la promotion des publications pour la jeunesse ». Cet intitulé suffisamment large ne restreint pas le domaine aux seules recherches universitaires mais fait place aux activités militantes, éditoriales, journalistiques, etc.

     Ce séminaire, qui se tiendra plusieurs vendredis de l’année universitaire, aura pour première invitée, le 3 décembre 2010, Janine Despinette. Son témoignage devrait être d’un grand intérêt car son parcours déborde largement la seule question de la littérature de jeunesse pour toucher aux questions de l’action culturelle depuis la période de la guerre : son époux, Jean-Marie Despinette, ayant lui-même eu une action importante chez les Compagnons de France, dans l’Office franco-allemand pour la jeunesse, etc. Janine Despinette est sans doute plus reconnue à l’étranger qu’en France, et son intervention portera le titre suivant : « Janine Despinette : un itinéraire de passeur dans le cadre européen ».

     Ce séminaire devrait également s’intéresser à la période comprise entre la fin de la première guerre mondiale, qui a vu l’essor du pacifisme et de l’ouvriérisme ainsi qu’une nouvelle approche de l’enfance, et la fin des années 60, marquée par l’effondrement brutal de ce modèle, auquel le CRILJ, par l’intermédiaire de ses responsables les plus anciens, est resté plus ou moins rattaché.

Décès de Jacqueline Dubois

     C’est dans ces circonstances que le décès de Jacqueline Dubois, un(e) de ces grands témoins, prend une signification particulière. Si l’on connaît assez bien son nom, c’est toujours associé à celui de son époux, Raoul Dubois, rencontré en 1945 dans une manifestation de défense de l’école laïque sur les marches de la Mutualité et avec lequel elle aura signé de nombreux ouvrages et articles. Il est assez difficile d’en savoir plus à son sujet, d’autant que les sites marchands mais aussi le catalogue de la Bnf mélangent allégrement ses ouvrages avec ceux d’une autre Jacqueline Dubois, une ancienne journaliste qui a écrit Le Petit Octobre et Le Gué du Ciel : mes années chinoises, et lui attribuent l’année de naissance de cette dernière.

     Notre Jacqueline Dubois est née le 16 janvier 1924 à Jalèches dans la Creuse, apparemment un peu par hasard puisque sa mère, Maximilienne Murgier, a toujours été Parisienne. Jacqueline n’a jamais connu l’identité de son père, et son nom de jeune fille, Szinetar, est celui de son beau-père, d’origine hongroise, qui l’a reconnue. Maximilienne Murgier était une institutrice très engagée dans le parti communiste, comme le sera sa fille, elle-même institutrice puis directrice d’école maternelle dans le quartier de la rue des Pyrénées, où elle vécut longtemps avec son mari (elle s’est retirée à L’Absie, dans la Vendée natale de ce dernier, après sa mort en 2004, d’abord dans la maison de famille puis en maison de retraite). Dans ce couple fusionnel, les activités étaient totalement partagées, et avec Raoul elle milita également à Ciné-Jeunes (2), aux Francas (3) – comité de rédaction de Jeunes Années, rédaction de Une Année de Lecture, supplément à Camaraderie -, au mouvement d’enfants Copain du Monde du Secours Populaire Français, ainsi qu’au CRILJ (Centre de recherche et d’information sur la littérature de jeunesse), dont elle aura été la première trésorière en 1963, alors que celui-ci était hébergé par l’IPN (Institut pédagogique national), ancêtre de l’actuel INRP (Institut national de recherche pédagogique). Mathilde Leriche en était la présidente, Natha Caputo et Marc Soriano les vice-présidents. 1963, année importante puisqu’elle voit aussi la naissance de La Joie par les livres. Année qui nous paraît désormais lointaine, et la mort de Jacqueline Dubois, pour certains de ses contemporains, marque la fin d’une époque où l’éducation et la culture populaires étaient des valeurs portées par une poignée d’humanistes, humanistes dont les convictions purent cependant prendre une allure quelquefois redoutable (4).

     Cette culture passait par les livres, mais aussi par la presse ou le cinéma, auquel les Dubois apportèrent beaucoup d’attention. Les anciens se souviennent avec émotion de leur petit appartement, au 6ième étage sans ascenseur, rue des Pyrénées, où se préparait notamment l’édition annuelle de Une année de lecture. À leur actif, la rédaction de plus de 25 000 fiches critiques de livres pour enfants de 1950 à 2000. On leur doit aussi des enquêtes, La Presse enfantine française, vue d’ensemble, bibliographie critique (Éditions des Francs et franches camarades, Cofremca/Savoir-livre, 1957), Journaux et Illustrés (Gamma, 1971), et Votre enfant deviendra-t-il lecteur ?, une étude Cofremca/Savoir livre commentée par Jacqueline et Raoul Dubois et Michèle Kahn (1992). Il existe également un ouvrage inédit, Littérature buissonnière, un recueil d’études de 350 pages sous forme de tapuscrit, consultable au Centre Robinson, et dont un des textes, « Le roman scolaire est-il dépassé ? » (conférence donnée à Tarbes en 1987) sera publié dans le n°29 (premier semestre 2011) des Cahiers Robinson consacré au roman scolaire.

     Sous son seul nom, Jacqueline Dubois a publié en 1965 L‘Hiver arrive, adapté du Polonais d’Helena Bechler et, en 1969, Au balcon de Sylvain, également adapté du Polonais de Anna Pogonowska, tous deux parus aux Éditions la Farandole dans la collection « Mille couleurs », où l’on retrouve d’autres membres du CRILJ, Isabelle Jan, Nata Caputo, Colette Vivier, qui reçoit à cette occasion en 1972 une mention du Prix international H.C. Andersen. À cette époque, La Farandole a des accords avec les éditeurs d’État de l’URSS mais aussi de la RDA, de la Tchécoslovaquie ou de la Pologne, où sont produits les livres de cette collection créée en 1963 et adressée aux enfants de 3 à 6 ans.

     Ce grand témoin ne pourra donc plus venir nous exposer son itinéraire, mais nul doute que son nom se retrouvera dans les travaux à venir, tant sur le militantisme culturel que sur l’histoire de l’édition pour la jeunesse, où La Farandole méritera une attention particulière.

 ( article initialement publié dans le numéro 254 de septembre 2010 de La Revue des Livres pour Enfants. Merci à Francis Marcoin et à Annick Lorrant-Jolly pour leur autorisation )

 (1) Lire Réflexions sur la vie, le « devenir hypothétique » ou la disparition des associations culturelles, sans nostalgie mais pour mémoire, dans la page magazine du site Ricochet-jeunes.org

 (2) Un cousin de Jacqueline Dubois a reçu en dépôt un nombre important de fiches critiques portant sur des films.

 (3) Sur les Francs et Franches Camarades, voir Noëlle Monin, Le mouvement des Francs et Franches Camarades (FFC) : de l’animation des loisirs des jeunes à la participation au écoles ouvertes, Revue française de pédagogie n° 118, INRP, Paris, 1997, p. 81-94.

 (4) Voir Bernard Joubert, Dictionnaire des livres et journaux interdits, éditions du Cercle de la Librairie, 2007.

     cahiers robinson

Professeur de littérature française à l’UFR Lettres et Arts de l’université d’Artois (Arras), Francis Marcoin est spécialiste en histoire et critique de la littérature de jeunesse. Ses recherches portent sur l’école, la lecture, les manières de critiquer aussi que sur le roman des XIXe et XXesiècles. Membre de l’équipe de direction de l’Institut national de recherche pédagogique (INRP) en 2006-2007, il participa, de 2001 à 2007, aux travaux de l’Observatoire National de la Lecture (ONL). Créant en 1994, à Arras, le centre de recherche « Imaginaire et didactique » (CRELID), il le dirigera jusqu’en 2006. Il est  directeur de publication des Cahiers Robinson qui « explorent, sans s’y limiter ni s’y enfermer, le domaine de la littérature de jeunesse, des lectures, des récits et des activités de l’enfant. » Parmi ses ouvrages : A l’école de la littérature (Editions Ouvrières, 1992), Librairie de jeunesse et littérature industrielle au XIX° siècle (Champion, 2006), La Littérature de jeunesse (avec Christian Chelebourg, Armand Colin, 2007). Francis Marcoin est président de la Société des amis d’Hector Malot.

Rideau !

 

 

 

 

 

Rideau !

 par Véronique Soulé

     Après 22 ans au service de la lecture publique en Seine-Saint-Denis et du développement de la littérature jeunesse, Livres au trésor cesse ses activités à la fin de ce mois.

      En effet, le Conseil général du 93, principal financeur (à 70%) du fonctionnement n’est pas revenu sur sa décision de supprimer sa subvention versée à la ville de Bobigny. Celle-ci s’est donc vue contrainte de fermer Livres au trésor.

     Livres au trésor, c’était :

 – un centre de ressources, riche de 80000 ouvrages et revues pour enfants et/ou spécialisés, ouvert à tous, avec un accompagnement personnalisé.

 – un lieu de rencontres, de formation, d’échanges, pour tous les professionnels du livre ou de l’enfance sur le département, avec en particulier de nombreux comités de lecture et journées d’étude.

 – la publication d’outils professionnels (sélection annuelle de nouveautés, sélection de CD, etc), diffusés gratuitement dans les collèges, écoles, lieux petite enfance du département et au-delà.

 – un site internet riche de nombreuses références et informations

    Un certain nombre de nos publication sont encore disponibles. Si vous souhaitez les recevoir, merci de nous envoyer un courrier avant le 31 janvier 2011 :

 – Sélections annuelles (2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2004, 2003)

Chansons au trésor (2009)

– Plaquette Des prinçusses et des grands frères. Ingéniosité et inventivité de la littérature norvégienne pour la jeunesse (2008)

– Sélections de sites internet pour la jeunesse Des Clics 1(2008) et Des clics 2 (2009)

    Vous trouverez la description de ces publications sur le site qui va également fermer.   

    L’équipe de Livres au trésor remercie celles et ceux qui lui ont accordé leur confiance au fil de ces années. 

    livres au trésor

Bibliothécaire, responsable de Livres au Trésor, Véronique Soulé est également réalisatrice et animatrice, sur la radio associative non-commerciale Radio Aligre FM, de Ecoute ! Il y a un éléphant dans le jardin, magazine hebdomadaire consacré à l’actualité culturelle des enfants. Chaque mercredi, de 10 à 12 heures. Pour contacter Véronique Soulé, c’est ici.

 

 

 

 

Accompagner les jeunes lecteurs

 

 

 

 

 

Accompagner les jeunes lecteurs

par Mouloud Akkouche

      Le conseil général de Seine-Saint-Denis avait, début 2010, envisagé de réduire fortement la subvention qu’il alloue au Salon du livre et de la presse jeunesse. Ce rendez-vous annuel s’en était trouvé fortement menacé. Pas sa tenue même – les éditeurs le maintiendraient – mais toutes les actions menées en amont, en faveur de la lecture, tout le travail avec les centres de loisirs, les groupes scolaires, les associations caritatives du 93 et d’ailleurs. Face au tollé provoqué par cette inadmissible perspective, les aides du département ont pu être rétablies pour le salon 2010.

     Dans leurs discours, tous les politiques encouragent le combat contre l’illettrisme. Dans les faits, les élus de droite comme de gauche semblent vouloir lui couper les ailes : politiquement, le sujet est moins rentable que l’insécurité.

     Depuis la naissance de la manifestation, des centaines de milliers de jeunes (lecteurs, moins lecteurs, pas du tout lecteurs) ont pu bénéficier des actions du Centre de promotion du livre de jeunesse (CPLJ).

 Sensibiliser les jeunes lecteurs avant de les amener au salon

     Il s’agit d’aller à la rencontre d’élèves sur leurs lieux scolaire, afin de les sensibiliser et leur offrir le goût de la lecture ; puis de les amener sur le salon pour qu’ils aient un échange avec les auteurs et qu’ils profitent des animations et expositions. Pas une mince affaire. Souvent ce sont des gosses sans livres à la maison.

     Les enfants du président du conseil général de Seine-Saint-Denis et des autres personnes décisionnaires en matière de subventions ont, comme les miens, à domicile, tout ce qu’il faut en matière culturelle. Tant mieux pour eux. Mais beaucoup d’autres gosses sont nés sans bibliothèque.

     Certes, il y a les bibliothèques municipales, médiathèques, CDI de collèges et lycées. Il ne faut pas négliger leur réussite au quotidien : petites gouttes d’encre anonymes qui ne font jamais les unes des journaux. Mais, dans une société où le fric et l’image sont rois, ces structures, même les plus inventives et dynamiques, ont des difficultés à faire aimer le livre aux plus jeunes – surtout les plus démunis.

     Elle ne peuvent pas tout faire pour le livre. Enfants, auteurs, bibliothécaires, enseignants parents, sont donc très heureux que le centre leur apporte son professionnalisme et les accompagne. Le Salon du livre jeunesse dure quelques jours, les actions en faveur de la lecture du CPLJ tout le long de l’année scolaire.

 Des ateliers initiés par Rolande Causse, discrète militante du livre

     Ce rendez-vous international est né des ateliers d’écriture des centres de loisirs jeunesse de la ville de Montreuil. Des ateliers initiés par Rolande Causse. Une militante du livre – très discrète – dont le travail remarquable pour faire découvrir la littérature jeunesse est souvent oublié.

     Assise au début des années 80 sur la moquette d’un centre de loisirs, cette femme élégante lisait aux gosses des albums de qualité achetés par le service jeunesse de la ville de Montreuil. Elle fut l’une des créatrices d’une manifestation qui a aujourd’hui plus d’un quart de siècle.

     Offrir un large accès à la lecture reste une priorité. Surtout en ces périodes où les communautaristes et nostalgiques d’un ordre nouveau ne veulent imposer que leurs livres. Les autodafés virtuels sont très dangereux : il ne laissent pas de traces, pas de cendres. Mais un livre de plus ou de moins peut changer un citoyen.

     Plus les citoyens – surtout les plus jeunes – ont accès à un grand nombre de livres, moins les intégristes et les xénophobes les manipuleront. Ni les dealers de rêves carrossés par BMW ou griffés par Lacoste. Pas par hasard que les dictatures commencent toujours par brûler des livres.

      foule

Né à Montreuil (Seine-Saint-Denis) en août 1962, Mouloud Akkouche y passe une partie de sa vie et, adolescent, hante la bibliothèque. BEPC en poche, il sera, de 1981 à 1989, serveur, plongeur, animateur d’ateliers lecture-écriture, directeur adjoint de colonie de vacances, archiviste, pion, vendeur de voitures par téléphone. Il publie une première nouvelle en 1992 dans une revue québécoise et, peu après, Causse toujours ! dans la collection « Le Poulpe » de Jean-Bernard Pouy aux éditions Baleine. Deux romans en « Série Noire » avec, pour personnage central, l’inspecteur Nassima Benarous, jeune femme kabyle. Scénariste, dramaturge, auteur de pièces radiophoniques, écrivain du récit court, ne dédaignant pas le récit familial, Mouloud Akkouche écrit également pour la jeunesse (Une marque d’enfer, en 1999, dans la collection « Le Furet enquête » chez Albin Michel). Il vit désormais en région toulousaine. Merci à lui pour nous avoir confié ce texte.

 

 

Au revoir Vitaly …

 

     Petit-Âne ne redescendra pas du ciel. Ce n’est pas faute pour Vitaly Statzynsky et son ami l’ourson de l’avoir attendu… Combien de fois ne l’ont-ils pas vu naviguer dans son bateau-lune au beau milieu de la nuit ? Alors de guerre lasse, c’est Vitaly qui s’en est allé, danser avec lui et Kolobok au milieu des étoiles.

     Il n’a pas attendu la nuit. Il vient de partir par ce beau matin d’automne. L’occasion était trop belle, c’est celui de tous les saints.

     Espérons qu’il n’a pas emporté avec lui cette petite écharde qui s’était plantée dans son cœur, il y a quelques années de cela, lorsque Petit-Âne s’envola entre ciel et terre pour ne pas revenir alors qu’il l’attendait fermement avec ses crayons et ses couleurs.

     Allons ! Aurais-je oublié que Vitaly, pressentant sans doute qu’on ne lui  donnerait pas le temps d‘en conter la suite, avait, pour finir, coupé d’un coup de son pinceau magique, la corde qui fit tant couler d’encre ?

     Mais qui s’en aperçut ?

     Sans aucun doute ces tout-petits qu’il captivait par ses dessins et son rire un peu cassé tout en s’obstinant à conter, dans sa langue natale, les mésaventures de Kolobok, du Renard, du Lièvre et du Coq, comptant sur Tatiana pour traduire, si d’aventure les images ne se suffisaient pas.

     Dessinateur et coloriste talentueux certes, mais cabotin en diable et  têtu ! Quand il avait dit : « C’est Russe ! » Il n’y avait plus rien à ajouter car, à ce moment-là tout au fond de son regard, à la fois malicieux et perçant, on voyait briller des étoiles.

     Son père, ministre de la santé, fut fusillé sous Staline, sa mère, professeur de médecine spécialiste en ophtalmologie, fut condamnée à exercer son art dans des conditions misérables où elle ne disposa plus des moyens qu’elle méritait. Adolescent, il connut la prison « pour avoir volé une pomme » avant de devenir le célèbre dessinateur reconnu à Moscou et par la presse étrangère. Il créa Kolobok, un journal destiné aux enfants tiré à plus d’un million d’exemplaires. Mais son art, considéré comme « anti-soviétique », ne plaît pas au régime. Privé de nationalité soviétique, exclu de l’Union des peintres de l’URSS, il quitte le pays en 1978. Après maintes tribulations, il parvient à Lyon  où il retrouva et sa sœur et quelques amis. Arrivé là, il n’hésita à se faire engager dans une entreprise sans connaître un seul mot de Français. Inutile de préciser que l’expérience ne dura pas longtemps.

      À Paris, il fut accueilli à la cité des Arts où il séjourna pendant deux ans avant de s’installer au 17 rue des Orteaux. Là se retrouvaient pour boire chanter, rêver et pleurer, peintres, dessinateurs, écrivains, musiciens, chanteurs, cinéastes, champion d’échecs – je pense à Spastky – amis de passage venus le saluer depuis son pays natal.

     Apatride, il acquit la nationalité française en 1999 ainsi que son épouse Tatiana rencontrée à Moscou après la chute du mur. Il retrouva en 2000 sa nationalité russe.

 

Revenant sur L’affaire Petit-Âne dans le numéro 1 de ses Cahiers (novembre 2009), le CRILJ a publié, grâce à Nicole Maymat qui lui en avait confié le texte, Le retour de Petit-Âne, suite « optimiste » du controversé Petit-Âne.

petit ane

 

 

Parce que les collections et les contraintes d’un éditeur parisien s’intéressant à ses textes ne lui conviennent pas, Nicole Maymat crée en 1973, à Moulins, avec Dominique Beaufils, imprimeur, les éditions Ipomée. Premiers titres : Le conte du pays des pas perdus illustré par Yolaine Deneux et Le Gang des chenilles rouges qui est publié avec des pages blanches à illustrer. Diffuseur défaillant, mais soutien des libraires et des critiques. Les rencontres s’enchainent avec des créateurs encore inconnus (comme Frédéric Clément, Claire Forgeot, Laurent Berman, Michel Boucher, Jacques Cassabois, Vitaly Statzynski, Martine Delerm, Anne Quesemand ou Laura Rosano) ou déjà confirmés (comme Alain Gauthier, Claude Lapointe, Nicole Claveloux ou Daniel Maja). Les collections ont pour nom Archipel, Herbes folles, Funambules, Jardins secrets. « Il y avait toujours un prix, des critiques positives qui nous encourageaient à continuer. C’était sans compter avec les impayés des uns, les dépôts de bilan des autres et, à un moment donné, le coût de la distribution, devenu extravagant. » Aujourd’hui directrice de collection au Seuil, Nicole Maymat est aussi auteur de plusieurs romans dont Vanille, flibustière des Antilles (2009) ou Le voyage de la Reine (2010).

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Patrimonialisation de la littérature de jeunesse

 

 

 

 

 

      Les travaux de Marc Soriano, Denise Escarpit, Isabelle Jan ou Francis Marcoin – pour ne citer qu’eux – ont d’ors et déjà permis de tracer les grandes lignes, essentiellement littéraires, de l’histoire de l’édition pour la jeunesse en France. La parution récente de plusieurs ouvrages de synthèse, notamment Des livres d’enfants à la littérature de jeunesse de Christian Poslaniec (2008), Le livre des livres pour enfants de François Rivière (2008) et Introduction à la littérature de jeunesse d’Isabelle Nières-Chevrel (2009), témoigne de l’intérêt croissant pour ce champ de recherche, visiblement en pleine expansion. Plusieurs expositions sont également venues confirmer la légitimation du livre pour enfants comme objet de conservation et d’études. L’exposition Babar, Harry Potter et compagnie. Livres d’enfants d’hier et d’aujourd’hui (4 octobre 2008-11 avril 2009), organisée à la Bibliothèque nationale de France (BnF), a ainsi constitué un événement d’envergure. Une autre exposition a encouragé ce phénomène, celle tenue à Paris chez les Libraires associés sous le titre De la jeunesse chez Gallimard. 90 ans de livres pour enfants (21 novembre-20 décembre 2008), dont le catalogue (1) apporte à son tour une contribution importante à l’histoire de l’édition pour la jeunesse.

    Deux auteurs se sont associés dans ce projet : Alban Cerisier et Jacques Desse, historiens du livre et de l’édition. Cerisier est éditeur et archiviste, actuellement responsable des archives et du développement numérique chez Gallimard. Il a publié trois monographies : Mercure de France. Une anthologie (1890-1940) (1997), Une histoire de la NRF (2009) et En toutes lettres… Cent ans de littérature à la NRF (2009). Deux de ces ouvrages ont contribué à la célébration, en même temps qu’une série de colloques et de conférences, du centenaire de la Nouvelle Revue française (NRF), dont le premier numéro est paru en 1909. Desse, libraire de livres anciens et modernes, est connu pour avoir organisé plusieurs expositions de livres. Il offre à l’ouvrage un regard critique grâce auquel le livre pour la jeunesse est examiné comme un objet d’art.

     L’introduction expose les ambitions, mais aussi les limites du projet, qui vise avant tout à la réalisation d’un guide bibliographique. L’ouvrage repose en effet sur le recensement et la description des titres pour la jeunesse publiés de 1919 à nos jours sous les auspices de la NRF et de Gallimard, afin d’évaluer leur place dans l’histoire et leurs spécificités, mais sans analyser leur contenu. L’enquête repose en partie sur le dépouillement du fonds d’archives de la société, qui a conservé l’essentiel de sa mémoire matérielle. Éclairés par l’examen de la correspondance entre les éditeurs, les auteurs et les illustrateurs, Cerisier et Desse décrivent la genèse, les aspirations, l’évolution et les spécificités d’une maison qui a marqué le paysage éditorial français par son ouverture précoce à une littérature longtemps considérée comme un sous-genre. Ils retracent une production caractérisée par les contributions des meilleurs auteurs et des plus fameux illustrateurs du XXe siècle, évaluant tout à la fois l’impact du contexte politico-économique (Crise de 1929, Seconde Guerre mondiale) et des techniques d’illustration ou de reproduction (pochoir, lithographie, héliogravure, offset, photographie) sur la présentation des livres. Ils commentent les choix, les audaces et les timidités, offrant quelques anecdotes inédites sur la conception des ouvrages et des collections, le tout sans jamais verser dans l’analyse littéraire ou plastique. L’ouvrage se divise en deux parties, qui couvrent les deux grandes périodes de l’histoire de la société : les années dites de la NRF, de 1919 à 1971, puis celles dites de Gallimard Jeunesse, de 1972 à nos jours.

    La première partie liste la totalité des 160 titres publiés jusqu’en 1971. Ce répertoire se divise en onze chapitres suivant une progression chronologique. Chaque chapitre débute par un texte introductif qui met l’accent sur un titre fameux (Le Petit Prince), une collection (Les Albums du gai savoir, La Bibliothèque blanche) ou encore une suite à succès (Les Contes du chat perché). À l’exception de deux parutions isolées au tournant des années 1910 et 1920 (dont le fameux Macao et Cosmage, ou l’expérience du bonheur d’Édy-Legrand), le véritable lancement de l’édition pour la jeunesse a lieu en 1930 avec Mon Chat d’André Beucler, illustré par Nathalie Parain. Cette publication ouvre une phase de renouveau – en termes de contenu et de présentation – du livre pour la jeunesse dans l’entre-deux-guerres. Avec la Libération débute ensuite une phase de ralentissement, qui se poursuit dans les années 1950, caractérisées à la fois par une institutionnalisation de la production et un manque de créativité se manifestant notamment par un recours aux auteurs reconnus et bien-pensants, doublé d’un certain désintérêt pour l’album. Ce n’est que dans les années 1960 que les livres d’images, réellement destinés à l’enfance, réapparaissent dans le catalogue. Les notices bibliographiques de chaque titre, particulièrement détaillées, sont complétées par un commentaire général, une mise en contexte avec les archives de l’éditeur, ainsi que des biographies des auteurs et illustrateurs. Cette première partie se clôt par une liste chronologique récapitulative des ouvrages parus avant 1972, doublée d’une liste complémentaire signalant les titres, non conçus pour la jeunesse, mais parfois présentés comme tel dans les catalogues de l’éditeur.

    À partir de 1972, la production explose : 11 854 titres, le plus souvent illustrés, répartis dans 263 collections ont paru depuis la création du département Gallimard Jeunesse (chiffres de juillet 2008). Même si de nombreux titres circulent d’une collection à l’autre, cette intense production reflète un climat général d’émulation autour du livre pour la jeunesse (création de bibliothèques, de prix, de biennales). Elle traduit également, au sein de la maison, l’arrivée de nouveaux dirigeants qui encouragent le développement d’une véritable politique éditoriale centrée autour de l’enfance et de l’adolescence. Dans cette deuxième partie de l’ouvrage, qui débute avec la section « Chronique », les auteurs abandonnent la formule du répertoire par ouvrage au profit d’un inventaire par collection, toujours selon une progression chronologique. Pour restrictif qu’il soit, ce parti pris dans la présentation se justifie en regard de l’immensité du travail que représenterait la description de tous les titres publiés par Gallimard Jeunesse. Certaines collections, comme Folio Junior, comptent en effet plus de 1500 titres. Les auteurs se limitent par ailleurs à une description globale des collections, mettant ponctuellement l’accent sur quelques titres dont la qualité littéraire, artistique ou encore le succès appelle un commentaire approfondi. Suivant des sélections plus ou moins subjectives (mais reconnues comme telles), ils passent rapidement sur certaines séries, parfois à peine mentionnées dans un court texte et sans présentation sous forme de notice. Pour compenser ces restrictions, huit chapitres se succèdent ensuite, dans lesquels les auteurs décrivent et commentent avec davantage de précision – toujours selon une progression chronologique – huit collections et sous-collections à succès de l’éditeur (1000 Soleils, Tournesol, Grands textes illustrés, Folio Junior, Enfantimages, Le Sourire qui mord, Découvertes et Giboulées). Un neuvième chapitre clôt cette saga, en présentant les quelques livres anthologiques publiés par Gallimard Jeunesse, contributions de l’éditeur à l’histoire du livre et de la littérature pour la jeunesse. Globalement, cette seconde partie paraît moins riche et moins satisfaisante que la première. Elle est d’ailleurs beaucoup plus courte (80 versus 150 pages), bien que la production soit quantitativement supérieure. Sans doute les auteurs manquaient-ils du recul qui prévalait dans l’examen de la première partie du corpus et surtout de moyens pour consulter cette immense production.

    L’ouvrage est complété par de courtes annexes, comprenant deux pages de bibliographie des ouvrages cités en référence et un index des auteurs de la maison. L’ensemble du corps de texte se présente sur deux colonnes, rythmées par de nombreuses et belles reproductions (d’illustrations, mais aussi de photographies des acteurs de l’époque) en couleurs sur papier légèrement glacé. L’ensemble forme un ouvrage à la mise en page variée et dynamique, dans lequel le lecteur aura peut-être la chance et le plaisir de retrouver, au détour d’une page, quelques-unes des images qui ont marqué son enfance. L’importance accordée à l’illustration dans cette production est d’ailleurs soulignée par la présence d’un texte de neuf pages de Raymond Stoffel, graphiste chez Gallimard Jeunesse pendant près de 38 ans.

    Ce catalogue, qui constitue un bel outil de travail pour les spécialistes, invite avant tout à l’exploration d’un patrimoine méconnu dont la richesse et la diversité ouvrent d’innombrables pistes de recherche en histoire de l’édition, de la littérature et des arts graphiques. Il ouvre la porte à une étude monographique approfondie de l’action de la NRF/Gallimard en faveur du livre pour la jeunesse. La contribution de cet ouvrage à un champ de recherche en pleine expansion a d’ores et déjà été reconnue, puisque que l’ouvrage a reçu en 2009 le Grand Prix de Bibliographie décerné par le Syndicat de la librairie ancienne et moderne (SLAM).

(1) Alban Cerisier et Jacques Desse. De la jeunesse chez Gallimard. 90 ans de livres pour enfants. Un catalogue, Paris, Gallimard/Chez les libraires associés, 2008, 256 pages, ISBN : 9782070622818

 

Cet article, reproduit ici avec l’autorisation de Stéphanie Danaux et de la revue en ligne Acta Fabula, est l’un des sept compte-rendus du dossier critique La littérature de jeunesse en questions publié dans Acta Fabula, volume 11, numéro 5, en mai 2010, et consultable à cette adresse.

    gallimard

Historienne de l’art spécialiste de l’illustration, Stéphanie Danaux est l’auteur d’une thèse intitulée L’essor du livre illustré au Québec en relation avec les milieux artistiques et éditoriaux français, 1880-1940 pour laquelle elle a obtenu une bourse de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Elle débute actuellement un deuxième stage postdoctoral au Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ) de l’Université de Montréal. Ses travaux en cours portent sur les dessinateurs de presse, notamment les bédéistes et les caricaturistes.

 

 

Bibliothèque

    Le rempart contre l’ennui à la ville, et ce qui m’y attache serrée, c’est la Bibliothèque juste derrière chez nous. D’abord un drôle de chantier sous nos fenêtres, côté cuisine, salle de bains, chambre des parents. Très vite, la forme des trous dans la pelouse, sans angles droits, fait comprendre que ce n’est pas un immeuble en briques roses qui pousse là. Tiges de ferraille fichées dans les trous, puis coffrages en bois clair d’où les ouvriers démoulent des gâteaux de béton gris-blancs, parfaits, qui s’entrelacent sous nos yeux aussi ronds qu’eux. Un jeudi de novembre 1965 la Bibliothèque pour enfant ouvre, c’est « La Joie par les Livres ». Il pleut et les abords sont tellement boueux qu’on se déchausse à l’entrée. Habitude qui restera, même par temps sec. Rite de passage bienvenu entre vie du dehors et vie du dedans, cassures des angles droits et plénitudes des rondeurs.

     J’ai beau m’être précipitée dès la première heure, il y a déjà la queue et je ne serai que la 52ème inscrite : F 52, dans le petit rectangle, en haut à droite sur ma carte, jaune. F pour fille. Passé l’entrée, certitude absolue : on sera bien ici. Formes rondes et justes mesures, sol de liège léger, chaleur du bois clair sur les murs, et jusqu’à des galets et des arbres préhistoriques dans le jardin. Au rayon des romans, je remarque tout de suite, un peu dépitée, l’absence de la chère Alice détective. La joie choisit ses livres et nos bibliothèques seront de moins en moins roses ou vertes, pour devenir blanche, internationale ou « de l’amitié ». Nos vies changent. Je ne m’ennuierai plus que les dimanche et lundi, jours de fermeture. J’ai jeté mon premier dévolu sur Vingt mille lieues sous les mers, « R VER », malgré la prévenante mise en garde d’une bibliothécaire sur ma probable difficulté à en venir à bout. En quinze jours d’emprunt, je ne touche pas le fond. Le gros Jules Verne, protégé par du filmolux transparent, pas par l’affreux papier opaque bleu foncé qui bouche la vue sur les livres enfermés dans les armoires des classes, impressionne à la maison.

     La cité et la bibliothèque s’apprivoisent vite. Les bibliothécaires comprennent immédiatement les questions qu’on ne sait pas leur poser. Elles sont d’ailleurs et d’ici, et viennent de Paris, où elles habitent, -autant dire sur la lune-, dans des petites voitures poussives, cherchées instinctivement des yeux, sur le parking, retour d’école, pour savoir lesquelles sont là, avant de les rejoindre. Les bibliothécaires boivent du thé à cinq heures et ont parfois des peines de cœur qu’elles soignent avec des gâteaux au chocolat. Elles sont lumineuses, lunaires et humaines. Alors on s’enhardit à proposer de les aider, pour faire les inscriptions escortées du Sésame « en écrivant mon nom dans ce livre, je deviens membre de la Joie par les Livres… », pour tenir la banque de prêt ou pour faire visiter la bibliothèque – on vient du monde entier pour la voir. Nous sommes quelques « enfants-cadres » ou « piliers », comme disent les bibliothécaires, à vivre la Bibliothèque un peu plus intensément, à être aspirés par elle. Il faudrait presque nous retenir parfois.

     Les autres rares livres empruntés arrivent à la maison estampillés « Loisirs et Culture », dans le sac du père qui en prend de temps en temps à la bibliothèque du Comité d’établissement de la Régie. Arrivent aussi, régulièrement apportés par le facteur à l’une de mes sœurs, des livres blancs, toile protégée par rhodoïd, collection « Bibliothèque du club de la femme », bien emballés dans un cartonnage plié à leur juste dimension. Quand ils forment un alignement conséquent, elle leur achète un meuble, une bibliothèque. Trois étages en haut, derrière des vitres qui coulissent grâce à leurs petites encoches biseautées ; deux étages plus bas, derrière des portes pleines qui cachent ce qu’on veut, ça ne se voit pas. Plus tard, quand ma sœur quitte la maison, emportant avec elle La Loire, Agnès et les garçons, Les bijoutiers du clair de lune, Nous autres les Sanchez et les autres livres blancs ; j’hérite du meuble, enlève toutes les portes et range les livres à tous les étages. De toute les couleurs.

     Il y avait, dans la « Bibliothèque du club de la femme », Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli que j’ai lu cet été 2006, trouvé en Folio dans la bibliothèque de la Maison de Gaudissard, à Molines, dans le Queyras, où nous séjournons tous les étés. Les années précédentes, le livre était déjà là, mais jamais l’idée de le lire ne me serait venue. En fait, c’est le film que Michel Drach en a tiré qu’il faudrait revoir, parce que le roman lui ne se passait pas à Billancourt, mais aux usines Panhard. Le cinéaste a transposé l’histoire chez Renault. Je me souviens de ce film, vu avec une autre de mes sœurs, quand il est sorti en 1970, au cinéma « le Gudin », rue Gudin, près de la Porte de Saint-Cloud, fermé depuis longtemps. Je ne peux pas lui demander si elle s’en souvient aussi : la mort l’a ravie au printemps 2005 –un cœur qui n’en pouvait plus.

     Je voudrais revoir le film pour ses images de Billancourt. C’est l’histoire des amours mal vues d’un OS algérien et d’une employée française, sourire triste et blouse bleu clair (Marie-José Nat), pendant la guerre d’Algérie. La vidéo a existé, mais n’est pas disponible d’occasion sur Price Minister, et déjà une file d’acheteurs potentiels –à laquelle je ne me joins pas- s’est constituée. Enfants de qui, ceux qui attendent déjà ? Envie de chercher d’abord les critiques suscitées par la projection du film à Cannes, puis sa sortie en salles. D’écouter l’émission du Masque et la Plume qui l’avait évoqué : duel Charensol/Bory sur le sujet ? Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien écrire ou dire, les critiques, à propos d’un film qui montrait la vie sur l’île ouvrière ?

 ( in Atelier 62 – Le temps qu’il fait – 2008 )

  clamart 1

Née à Céaucé, dans l’Orne, en 1955, Martine Sonnet quitte la maison natale six mois plus tard pour cause d’exode rural et grandit à la Cité de la Plaine à Clamart. Scolarité secondaire à Meudon, études d’histoire à Jussieu. Publication, en 1987, de L’éducation des filles au temps des Lumières, issu de sa thèse de 3ième cycle. « L’ouvrage est bien reçu, mais sur le plan carrière j’ai tout faux : mon refus obstiné de passer l’agrégation me ferme de fait les portes des universités et le Centre National de la Recherche Scientifique recrute ces années-là sur les doigts d’une seule main ; de plus, la spécialisation en histoire des femmes reste suspecte. » Songeant de plus en plus souvent à s’installer épicière à la campagne, Martine Sonnet est, en 1995, recrutée par le CNRS comme bibliographe pendant huit ans puis chargée d’une mission de recherche ministérielle en sciences humaines. Elle travaille actuellement à l’Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine. Dans Atelier 62 que les éditions Le temps qu’il fait publie en 2008, Martine Sonnet mêle souvenirs recueillis et données chiffrées pour retracer le passé professionnel de son père et des ouvriers forgerons de Renault à Billancourt. Merci à elle pour nous avoir permis la mise en ligne du chapitre 20 et rendez-vous, pour en savoir plus, sur L’employée aux écritures.

Une collection : Ceux qui ont dit non

      Publiée chez Actes sud junior, dirigée par Murielle Szac, la collection « Ceux qui ont dit non » regroupe des « romans historiques destinée à éveiller l’esprit de résistance en offrant des récits de vie de figures fortes qui ont eu un jour le courage de se révolter pour faire triompher la liberté ou la justice. » Chaque roman est complété par un dossier documentaire et un dossier photos.

     Le projet est clair. Il s’agit de redonner aux jeunes des raisons de croire en la politique,  de lutter contre la morosité ambiante. C’est une invitation à s’engager, à se battre pour des causes justes. Les auteurs évitent le documentaire et un genre littéraire qui mettrait en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie. Les hommes et femmes choisis sont des exemples mais ne sont pas présentés comme des héros.

     Les adolescents sont effectivement capables de s’indigner et de se révolter. Ils trouveront dans chaque ouvrage des ressources documentaires et des adresses pour rejoindre des associations militantes. Ils pourront se demander pourquoi l’on peut avoir des raisons de caractériser la liberté comme « le pouvoir de dire non ». Il est certain que cette collection peut participer à lutter contre la perte de culture philosophique et politique de nos contemporains, l’évanescence de leur mémoire qui les conduit à nier leur propre histoire, le passé glorieux de la conquête des libertés et de l’égalité. Nombre d’adolescents clairvoyants sur les enjeux de société veulent exercer leur citoyenneté, refuser les discriminations et l’humiliation.

     Dans ces ouvrages, les questions abordées comme les discriminations ne peuvent qu’avoir des échos tant l’actualité politique est riche en heurts et malheurs dont quelques uns ont leurs racines dans l’histoire. Nous vivons dans une société que l’on ne peut pas traiter d’une manière neutre. Le paysage politique s’éloigne de l’Etat de droit. Les principaux contre-pouvoirs sont canalisés et les principaux pouvoirs sont sous la décision d’un seul. La crise de la démocratie représentative est à la mesure de la crise de confiance à l’égard des institutions et des politiques. La contestation de l’efficacité de l’égalité formelle en est une des causes. Or l’inflation législative pour corriger les inégalités, les mesures de discrimination positive pour combler les injures historiques et les discriminations présentes ne suffisent pas à apaiser le sentiment de ne pas être entouré, écouté. Nous sommes dans un moment peu favorable à l’intégration. Il en résulte une menace sur les libertés fondamentales. Une logique carcérale rentre dans notre société ouverte, dans sa gestion avec la présence de caméras, l’usage des pointages, une gestion par la peur. Mais il existe des espaces d’action, de liberté, d’initiative même si on ressent une certaine impuissance et cette collection « Ceux qui ont dit non » donne des ouvertures.

     Une réflexion du Président de la République a récemment étonné mais il fallait y repérer une traçabilité libérale théorisée par le philosophe économiste Hayek ou par le  philosophe écossais, Adam Smith considéré comme un des fondateurs de l’économie politique moderne, mais aussi du libéralisme économique et même du néolibéralisme. Ces propos nous invitaient à constater qu’une société égalitaire ne favorise pas la croissance, la motivation, le développement économique et social. Fallait-il en conclure qu’il est bon de poursuivre vers une société inégalitaire ? Bien sûr que non. Où met-on le curseur ? A quel moment va-t-on considérer que les inégalités sont inacceptables ? Plusieurs ouvrages abordent ces questions d’égalité en différenciant équité et égalité et en montrant les leviers d’une évolution pour une société plus juste avec des citoyens impliqués dans la vie, mobilisés sur des valeurs et sur l’intérêt général.

     Prenons encore quelques exemples pour montrer comment ces ouvrages sont d’actualité quand ils abordent la question des minorités. Nous vivons une période où     se pose la question de la mesure de la diversité. Puisque ceux qui mesurent les discriminations et qui agissent au quotidien contre elles depuis de nombreuses années affirment disposer des moyens de mesure adéquats, puisqu’ils les mettent en œuvre d’ores et déjà de manière consensuelle, pourquoi cherche-t-on à toute force à imposer ces étranges instruments de mesure des minorités  visibles ?

     En dehors des résonnances sociales et politiques la collection conduit à s’interroger sur la manière de faire passer l’histoire dans les romans historiques. Pourquoi dire l’histoire ? Un homme, une œuvre, un genre littéraire ne surgissent jamais ex nihilo, ils sont au contraire toujours préparés, conditionnés par un certain contexte historico-culturel. (Cette idée est développée par Georges Lukacs dans Théorie du roman). On peut s’interroger sur le regain d’un intérêt pour le genre. L’actualité est un fabuleux prétexte pour les éditeurs de rééditer quelques titres (procès Papon), d’en proposer de nouveaux. Il semblerait que la raison pour laquelle il est édité peu d’ouvrages sur les conflits contemporains est justement qu’ils relatent un fait de l’actualité : le sujet est encore trop sensible. Il est sans doute ardu de créer de la fiction sur un passé proche. Mais on voit bien comment une collection comme « Ceux qui ont dit non » dépasse ces craintes. Mais l’histoire contemporaine dépayse. Sa fausse familiarité oblige à identifier et à expliciter les différences, l’enchaînement des causes et des conséquences qui se sont succédées jusqu’à présent. En cela l’histoire contemporaine est particulièrement formatrice d’un esprit rationnel et scientifique. Elle donne à saisir la complexité croissante de nos sociétés, leur diversité emportées par ce mouvement désordonné de la mondialisation des biens et la circulation des personnes. Elle aide à comprendre que le métissage des peuples est une réalité observable. Dans le même temps l’adolescent doit faire un travail inconscient considérable pour essayer de donner un sens à la transmission entre ce qui l’a précédé et ce qu’il aura à son tour à donner.

     Dans le roman historique en général et dans cette collection en particulier, au-delà de ce passé restitué, de ces lieux revisités, c’est à une autre rencontre que nous convient les auteurs, une rencontre avec la mémoire individuelle et collective, enfouie, oubliée, puis ressurgie, ressuscitée, c’est là que peut-être tous ces romans prennent sens : écrire pour se souvenir, interpeller le passé pour comprendre le présent, aider les lecteurs à réfléchir, à se questionner, donc à se construire dans un monde complexe dont ils ont le devoir d’assumer ce qu’il est, pour pouvoir agir et participer, en citoyens responsables, à son amélioration.

     Le droit à la différence, le respect de l’autre, la tolérance, les injustices, les souffrances, la quête des racines, la recherche ou l’affirmation de son identité culturelle sont autant de thèmes, de questions abordées par les auteurs de romans historiques, et autour desquels ils invitent les lecteurs à réfléchir.

     Murielle Szac directrice de collection répond à certaines questions comme : quelles sont les fonctions de l’histoire dans la culture des jeunes ? Quelle est la place accordée à la mémoire, au devoir de mémoire ? (voir l’entretien sur le site Ricochet)

     La relation perturbée à l’histoire est l’une des conclusions majeures d’une recherche menée sous l’égide de la commission européenne en 2002/2004 (dans le cadre d’un projet Connect) sur la citoyenneté européenne. On sait que cette relation perturbée à l’histoire, l’ignorance d’un patrimoine culturel est politique, engendre le mépris de soi et des autres, qui est inévitablement source de violence. On ne construit pas une identité collective ou individuelle, en effaçant le passé ; on ne consolide, ni ne développe la démocratie en ignorant le combat pour les libertés ou les périodes de régression qui l’ont jalonnée.

Liste des ouvrages :

 . Isabelle COLLOMBAT – Chico Mendes : Non à la déforestation

. Frédéric PLOQUIN – Hubert Beuve-Méry : Non à la désinformation

. Véronique TADJO – Nelson Mandela : Non à l’apartheid

. Bruno DOUCEY – Federico Garcia Lorca : Non au franquisme

. Rachel HAUSFATER – Mordechaï Anielewicz : Non au désespoir

. Caroline GLORION – Gabriel Mouesca : Non à la violence carcérale

. Gérard DHOTEL – Louise Michel : Non à l’exploitation

. Didier DAENINCKX – Jean Jaurès : Non à la guerre

. Elsa SOLAL – Olympe de Gouges : Non à la discrimination des femmes

. Chantal PORTILLO – Gandhi : Non à la violence

. Jessie MAGANA – Général de Bollardière : Non à la torture

. Maria POBLETE – Simone Veil : Non aux avortements clandestins

. Caroline GLORION – Joseph Wresinski : Non à la misère

. Gérard DHOTEL – Victor Schoelcher : Non à l’esclavage

. Bruno DOUCEY – Victor Jara : Non à la dictature

. NIMROD – Rosa Parks : Non à la discrimination raciale

. Murielle SZAC – Victor Hugo : Non à la peine de mort

. Maria POBLETE – Lucie Aubrac : Non au nazisme

racisme

Anne Rabany est membre du CRILJ depuis 1975. Elle a trouvé auprès de cette association les ressources et les accompagnements nécessaires à différents projets qui ont jalonné sa carrière : pour la mise en place des BCD, la formation des personnels lorsqu’elle était Inspectrice départementale puis directrice d’Ecole normale, pour l’animation et le suivi des Centre de Documentation et d’Information des collèges et des lycées en tant qu’Inspectrice d’Académie, Inspectrice Pédagogique Régionale Etablissement et Vie Scolaire et, actuellement, pour préparer des cours en tant qu’enseignante au Pôle du livre de l’Université de Paris X.