Zaü à Moulins

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Zaü, les autres, l’ailleurs…

Une lumineuse exposition pour un généreux « faiseur d’images »

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    Le jeudi 6 juillet 2023, une chaleur presque tropicale s’était installée à Moulins sur Allier dans le Musée de l’illustration jeunesse (mij) pour le vernissage de l’exposition consacrée aux illustrations du dessinateur Zaü, nom artistique d’André Langevin. Cette température s’accordait parfaitement avec les horizons tropicaux d’une grande partie des albums présentés mais également avec la décoration africaine des salles. L’artiste, Alain Serres qui est son éditeur et co-auteur, et Emmanuelle Martinat-Dupré, responsable scientifique du musée et commissaire de l’exposition, ont guidé une assemblée d’heureux visiteurs dans la découverte des salles que le musée consacre cette année à l’univers graphique de ce « faiseur d’images ».

    L’exposition qui pourra être vue jusqu’au dimanche 19 novembre 2023 prend place à l’étage de l’Hôtel de Mora et rassemble de nombreux originaux ainsi que des travaux préparatoires et des vidéos qui permettent à tous d’apprécier les choix graphiques et thématiques d’un artiste particulièrement ouvert aux cultures du monde, inspiré par ses voyages et la diversité humaine.

    Réunissant les originaux de son fonds à des prêts externes, comme ceux du fonds patrimonial de l’Heure Joyeuse qui possède une belle collection d’archives de Zaü, le mij célèbre cette année la carrière d’un dessinateur de 80 ans qui a publié ces premiers albums à la fin des années soixante. Après avoir consacré des années de création à la publicité et à la presse, il a déployé une imposante bibliographie chez divers éditeurs jeunesse. L’exposition célèbre cette prolifique bibliographie à partir d’une sélection choisie parmi ses 120 albums. Cette consécration était logiquement attendue depuis le Grand Prix de l’illustration jeunesse qui lui a été décerné en 2011 pour Mandela, l’africain multicolore (Rue du Monde, 2010), album de l’auteur-éditeur Alain Serres avec lequel il a créé,  depuis 1997. presque 50 livres en collaboration

    Comme à son habitude, le mij a créé un écrin cohérent avec l’univers graphique de l’artiste : pour immerger le visiteur dans la création de Zaü, l’aménagement des salles prolonge les images des albums, notamment en agrandissant les traits de son pinceau qui soulignent et relient ainsi les originaux exposés.

    Cette scénographie met en évidence la prédilection de Zaü pour le dessin du mouvement, montrant la vitalité élégante des tracés à l’encre que le dessinateur travaille sur les fonds blancs des pages et certaines salles témoignent également des couleurs avec lesquels le dessinateur joue, souvent avec audace, reprenant des motifs textiles chatoyants ou jouant avec des aplats monochromes.

« Zaü ne veut jamais être trop rangé, trop propre, il faut que son image palpite de quelques décalages ou débordements parce que c’est toujours dans le mouvement que ses couleurs s’immiscent. » (Alain Serres, dans le catalogue de l’exposition)

    Ses illustrations, encres, acryliques ou pastels, mobilisent un imaginaire diurne, lumineux, où les paysages et horizons ouverts sont souvent montrés comme surexposés ou vibrants de chaleur. Les silhouettes des arbres ou des personnages se détachent ainsi sur les pages avec l’élégance d’une calligraphie qui évoque plus qu’elle ne décrit. Les choix muséographiques amplifient ainsi l’atmosphère visuelle vibrante, gaie et solaire, que Zaü privilégie et le visiteur comprend sa préférence pour les horizons lointains, antillais ou malgache, et très souvent africains. Janine Kotwika, complice de l’artiste depuis des années et spécialiste de l’album, se souvient dans le catalogue de l’exposition de son émotion face à ses illustrations exaltantes de l’Afrique et, pour reprendre l’expression de Janine Kotwica, « la sensualité des coloris » de ses pages de carnets.

    Mais les albums manifestent aussi l’importance centrale de ceux qui peuplent ses pays, humains et animaux : les originaux exposés mettent en évidence le regard, respectueux et tendre, que Zaü pose sur les habitants de ces « ailleurs ». Du côté du bestiaire, plusieurs espaces témoignent de son art magistral pour donner vie aux animaux saisis en mouvement dans leur milieu naturel.

« Pour lui aucun dessin n’a le droit de pétrifier un oiseau. Rien ni personne n’est une statue définitive, pas plus que nous ne sommes une couleur immuable » (Alain Serres, dans le catalogue de l’exposition)

    Et du côté de la galerie de personnages, les portraits d’une humanité diverse et souriante peuplent les salles du musée : une grande douceur est communiquée par ces visages qui occupent les pages des albums et disent l’importance de la rencontre de l’artiste avec les « autres ». Chaque portrait impose une présence forte et installe une empathie avec celui, visiteur ou lecteur, qu’il prend à témoin. Parmi les nombreux sourires, de pure joie ou de malice pour les enfants, on est frappé par la dignité et l’intensité de nombreux regards souvent frontaux qui invitent à la rencontre.

Extrait du catalogue  : planches préparatoires pour Mille dessins dans un encrier (Alain Serres, Rue du Monde, 2017)

    Cette représentation des personnages se place au service d’un propos engagé, ce qui s’avère une caractéristique dominante chez l’artiste : les livres s’adressent à un jeune lecteur citoyen du monde et ses dessins offrent une iconographie élégante pour un regard positif et bienveillant sur l’humanité. Plusieurs salles de l’exposition insistent ainsi sur les valeurs que sait défendre l’illustration de Zaü au côté des auteurs des textes des albums : défense des droits, antiracisme, mémoire historique, liberté et solidarité…

    L’exposition témoigne ainsi de la singularité d’un regard sur le monde, contemplatif et empathique, qui frappe par son humanité et la puissance de son interprétation graphique. Il faut souligner l’important dispositif de médiation que le mij déploie dans les salles pour faire découvrir l’iconographie de Zaü avec des activités différentes, de nombreux coins lectures, du matériel à manipuler et plusieurs vidéos.

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Quelques moments du vernissage

  • Alain Serres, au côté de Zaü, analyse pour l’auditoire l’album Mandela, l’africain multicolore commentant les choix graphiques de l’artiste en rapport avec le récit de la longue détention de Mandela : il fait remarquer la mise en page créant une atmosphère sombre et enclose de la cellule d’emprisonnement qui est reprise dans les 27 pages consacrées aux 27 années de prison du célèbre militant anti-apartheid.

  • Zaü présente l’album Te souviens-tu de Wei ? paru avec un texte de Gwenaelle Abolivier (HongFei, 2016) : ce récit rend hommage aux ouvriers chinois venus en France comme main-d’œuvre au moment de la Première guerre mondiale et très vite oubliés par l’Histoire, mais aujourd’hui leurs tombes sont au cimetière chinois de Nolette à Noyelle-sur-mer en Picardie. Les originaux sont exposés dans une salle dont les mots-clés sont mémoire, respect et liberté..

  • Au côté de Alain Serres, Emmanuelle Martinat-Dupré revient sur le best-seller de la maison d’édition, Une cuisine grande comme le monde (Rue du monde, 2000) qui a donné lieu par la suite à une version pour les plus petits. Ce carnet de voyage qui se double d’un carnet de recettes est une magistrale démonstration de l’art de la couleur de l’illustrateur.

  • Plusieurs originaux montrent le superbe bestiaire africain de Zaü pour lequel Alain Serres a écrit le texte de l’album L’enfant qui savait lire les animaux (Rue du monde, 2013).

  • Ces originaux font découvrir un album publié à L’Elan Vert en 2015 dans lequel Bernard Villiot adapte un conte scandinave sur l’entraide. Un nid pour l’hiver rompt un peu avec le style graphique habituel de Zaü qui opte ici pour des papiers découpés.

  • Un coin aménagé pour une invitation au dessin et pour la projection du film  Animaux à l’encre de Chine avec Zaü réalisée dans le cadre de la web série « 2 yeux, 10 doigts » (Bibliothèques de la ville de Paris, Bibliocité). D’autres films mis à disposition dans le musée permettent de voir le pinceau donner forme aux images, accompagné par le commentaire de Zaü. L’artiste explique que la vivacité de son trait, la rapidité de son exécution au pinceau viennent de la pratique du rough pour la publicité, mais si cette maitrise graphique pourrait laisser croire à une réalisation rapide des illustrations, les planches des livres font l’objet d’un travail préparatoire conséquent à partir d’une importante documentation et de nombreux essais.

  • Photogramme du film Zaü, réalisé par Joel Bonnard et Simon Barral-Baron, pour la société Titania, dont la vidéo est projetée au rez-de-chaussée du musée. Le film insiste sur l’importance des voyages et des croquis collectés à la source des dessins des albums.

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En guise de conclusion

    Au vu de la très imposante bibliographie de Zaü (plus de cent-vingt albums), on comprend les choix thématiques de cette exposition qui permet de comprendre plusieurs dimensions essentielles de la création de l’artiste. Espérons que les visiteurs de l’exposition, curieux de prolonger la découverte, liront ensuite d’autres titres.

    Je me permets, pour finir,  de suggérer deux petits albums absents de l’exposition dans lesquels la vibrante efficacité des images de Zaü se marie merveilleusement bien avec les haïkus : Le petit cul tout blanc du lièvre de Thierry Casals (Motus 2003) et Sous la lune poussent les haikus de Ryôkan (Rue du monde, 2010).

par Christine Plu – août  2023

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Christine Plu, docteur en littérature générale et comparée de l’université de Rennes 2, a enseigné à l’université de Cergy-Pontoise, Masters Education et formation et masters spécialisés en littérature de jeunesse. Son blog, La littérature de jeunesse avec ses images, est ici.

Merci à Christine Plu pour son texte et pour ses photographies.

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RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES

. Zaü, les autres, l’ailleurs… Catalogue de l’exposition (Musée de l’illustration jeunesse, Les éditions Sekoya, 2023).

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La Cachotterie à Cachan

  

    Le samedi 18 juin 2022, après les travaux de l’assemblée générale du matin et la salade de fruits du midi, un petit groupe d’adhérents du CRILJ s’est rendu à Cachan (Val de Marne), à la galerie La Cachotterie créée, en septembre 2015, par l’auteur et  illustrateur Frédéric Clément qui expose, dans cette ancienne blanchisserie, ses propres illustrations et celles d’autres artistes qu’il invite. Le maître mot ici est minuscule puisque La Cachotterie ne présente que de petits formats et de petites formes, tant plastiques que photographiques. Parfois, Frédéric Clément organise une lecture musicale ou une projection super 8.

    Accueil sympathique. L’endroit est lumineux et frais. Le thé glacé, servi généreusement, est apprécié. Surprise : parmi les visiteurs, Catherine Thouvenin avec laquelle nous évoquons quelques événements récents concernant la Bibliothèque nationale de France.

     Actuellement, la galerie donne à voir le travail de Kotimi, illustratrice qui, sous l’intitulé La pointe-sèche et le pinceau, présente une belle série de gravures en noir et blanc, travail différent de celui qui est le sien pour les albums dans lesquels elle raconte le Japon de son enfance. « Dans mes créations, je recherche des lignes et des matières spontanées, vivantes. Ce qui m’intéresse beaucoup, ce sont les jeux du hasard qui provoquent des happenings embêtants au départ, mais réservant de bonnes surprises. »

    Frédéric Clément expose, lui, les originaux de Bashô (Albin Michel jeunesse, 2009) qui, sur un texte de Françoise Kerisel, raconte l’histoire véridique, dans le Japon du XVIIe siècle, d’un illustre auteur de haïkus qui préféra les chemins vagabonds à la carrière de samouraï. L’illustrateur raconte la patiente préparation de ses couleurs et le choix de ses papiers, japonais, forcément japonais. L’image d’un éventail grand ouvert attire immédiatement le regard. Sur une chaise, placée sous l’encadrement, un corbeau empaillé.

    Album pour enfants, album pour adultes ? Frédéric Clément explique : « Mes livres ont besoin de médiation et, heureusement, il y a des passeurs, soit des bibliothécaires, soit des enseignants qui tiennent à faire découvrir et comprendre mon travail aux enfants. Une fois cette phase de transmission faite, c’est l’enthousiasme. »

    Les expositions actuellement en place à La Cachotterie sont visibles depuis le 14 mai et jusqu’au 2 juillet 2022, chaque samedi après-midi et, peut-être, sur rendez-vous.

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    D’autres adhérents avaient choisi d’aller visiter l’exposition A la rencontre du Petit Prince proposée au Musée des Arts décoratifs. Exposition accessible jusqu’au dimanche 26 juin.

     Plusieurs se sont ensuite rendus, en fin d’après-midi, à la Médiathèque Françoise Sagan, pour une rencontre Magie des images : l’amour des livres tchèques pour enfants organisée par le Fonds patrimonial Heure Joyeuse.

 

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Retour sur les ‘images libres’

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À Lyon, c’est Sans fin la fête

    En 2015, alors que le CRILJ fêtait son 50e anniversaire avec un colloque dont les intervenants avaient pour consigne de se retourner sur diverses évolutions de la littérature pour la jeunesse depuis 1965, ma contribution fut de raconter l’histoire de l’irruption des livres d’Harlin Quist dans le paysage éditorial d’alors et la durable influence des illustrateurs que ce projet portait. (1)

    Car ses instigateurs, les éditeurs Harlin Quist et François Ruy-Vidal, refusant de s’adresser à des professionnels de l’enfance, permirent à une toute nouvelle génération d’artistes de proposer leurs images. À travers la SARL Les livres d’Harlin Quist tout d’abord puis ensuite (1973) le label Encore un livre d’Harlin Quist ou la création d’un département jeunesse aux éditions Grasset, on découvre ces signatures alors inédites dans l’édition mais que nous connaissons tous très bien aujourd’hui: Nicole Claveloux, Henri Galeron, Guy Billout, Etienne Delessert, Tina Mercié, France de Ranchin, Patrick Couratin ou Danièle Bour pour n’en citer qu’une infime partie. Bien entendu ce n’était là que la première étape de carrières d’illustrateurs qui allaient toucher aborder bien des rivages, éditoriaux ou non, hexagonaux ou transatlantiques.

    Et cette histoire fait probablement suffisamment écho avec notre époque – ou du moins ses aspirations – pour que l’on me demande de la raconter à nouveau, de Bron à Bruxelles, en passant par Montreuil et Albarracín. Il y a un peu plus de trois ans, suite à d’instructifs échanges épistolaires avec François Ruy-Vidal, je décidai de développer le sujet et de proposer simultanément un livre aux éditions MeMo et une exposition à la bibliothèque municipale de Lyon, deux structures suffisamment aventureuses pour que l’idée soit accueillie avec enthousiasme. Avec l’appui de leurs équipes, celles d’acteurs de cette épopée picturale et néanmoins littéraire, du fonds patrimonial de l’Heure joyeuse et du musée de l’Illustration jeunesse de Moulins, j’ai pu mener ces deux chantiers qui arrivent ces jours-ci à leur terme.

    C’est en effet le jeudi 3 février que paraît en librairie Les images libres : dessiner pour l’enfant entre 1966 et 1986 dans la collection « Monographies » des éditions MeMo et, samedi 22 janvier, nous inaugurerons l’exposition Sans fin la fête : les années pop de l’illustration à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon (merci à Étienne Delessert pour son titre). On y observe le parcours de ces illustrateurs et illustratrices dans ces projets richement illustrés d’albums, bien sûr, mais aussi de dessins originaux, certains inédits, de documents d’archives, de maquettes, etc. Des premières images sous influence pop à l’illustration des grands classiques en passant par le renouvellement esthétique de la presse pour enfants, c’est un panorama large mais j’ai souhaité cohérent. J’y croise par ailleurs les approches historiques et thématiques: on découvre les précurseurs du mouvement, on observe les allers et retours entre New York et Paris, on apprécie l’influence de ces artistes en dehors du champ de l’enfance ou l’importance nouvelle accordée à ce champ au sein de la société d’alors.

    L’exposition reste ouverte jusqu’au 25 juin et, pour celles et ceux que cela intéresserait, j’y mènerai des visites les samedis 12 février, 2 avril et 11 juin.

( Loïc Boyer – janvier 2022 )

(1) « La Galaxie Harlin Quist brille encore ou l’histoire d’une génération de graphistes et d’illustrateurs » dans le numéro 7 des Cahiers du CRILJ (novembre 2017)

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Loïc Boyer est diplômé de l’UFR d’arts plastiques de l’université Paris 1/Sorbonne ; designer graphique à Orléans, chercheur associé au laboratoire InTRu (Interactions, transferts, ruptures artistiques et culturelles) de l’université de Tours, il fut illustrateur à Paris, éditeur de fanzines à Rouen et coincé dans la neige à Vesoul ; il dirige une collection d’albums pour enfants aux éditions Didier Jeunesse dédiée à la publication de titres anciens méconnus en France ; il a fondé Cligne Cligne magazine, publication en ligne consacrée au dessin pour la jeunesse dans toutes ses formes ; article récent : « Rétrographismes : les albums retraduits sont-ils formellement réactionnaires ? » paru dans La retraduction en littérature de jeunesse (Peter Lang, 2013) ; à paraitre le 3 février 2022 : Les Images libres, dessiner pour l’enfant entre 1966 et 1986 (MeMo 2022).

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. Sans fin la fête, les années pop de l’illustration, exposition à la bibliothèque de la Part-Dieu, 30 boulevard Vivier-Merle à Lyon (Rhône), du mardi 18 janvier au samedi 25 juin 2022 ; ouverte du mardi au vendredi de 10 heures à 19 heures  et le samedi de 10 heures à 18 heures . L’entrée y est libre.

. Les Images libres, dessiner pour l’enfant entre 1966 et 1986, Loïc Boyer, éditions MeMo 2022, collection « Les monographies », 228 pages, 35,00 pages.

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photos : Loïc Boyer – hormis la couverture du livre.

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Voir aussi ici.

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Walter Crane à Pau

 

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En présentant, du 28 octobre au 17 décembre 2021, l’exposition Walter Crane : de l’album considéré comme un des Beaux-Arts, la bibliothèque de l’Université de Pau et des Pays invitait à découvrir l’univers d’un artiste qui a marqué l’histoire des publications pour la jeunesse.

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    Le propos de l’exposition est de montrer que les livres pour enfants de Walter Crane (1845-1915) s’inscrivent pleinement dans la démarche globale de cet artiste qui est aussi un peintre symboliste ainsi qu’un membre et un théoricien du mouvement Arts & Crafts né en 1860 sous l’impulsion de William Morris avec l’ambition de réformer les arts décoratifs. Dans le sillage de Morris, qui a prôné l’abolition de la hiérarchie entre artistes et artisans, Walter Crane a conçu ses livres pour la jeunesse comme l’espace d’un dialogue entre les pratiques artistiques. Il a ainsi montré que le cloisonnement établi par la tradition académique entre les Beaux-Arts et les arts décoratifs dits « mineurs » n’est pas pertinent.

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    L’exposition est organisée dans deux espaces de la bibliothèque universitaire. La première salle est consacrée aux toy books, c’est-à-dire aux fascicules illustrés, que Walter Crane a publiés entre 1865 et 1876 chez Ward, Lock & Tyler, puis chez George Routledge & Sons. Quatre vitrines, au centre de la pièce, présentent successivement par le biais de fac-similés, de gravures et de documents divers : la « Sixpenny Series », une collection de fascicules dans laquelle les textes sont ajoutés dans les gravures ; « la Shilling Series », une collection en huit volumes, au format in quarto un peu plus grand que celui de la « Sixpenny Series », dont les gravures sur bois réalisées par Edmund Evans sont présentées en pleine page ou en double pleine page ; la réception française des toy books qui, pour certains, sont entrés dans le « Magasin des petits enfants » de la Librairie Hachette tout en suscitant l’admiration d’artistes, de critiques d’art et d’écrivains comme Joris-Karl Huysmans et Colette ; les correspondances entre les motifs des toy books et ceux des papiers peints créés par l’artiste pour les chambre d’enfants. Sur les murs de la première salle, des agrandissements des six gravures d’Aladdin ou la lampe merveilleuse, un volume de la « Shilling Series » édité en 1875, montrent combien les gravures de l’artiste sont, dans les années 1870, marquées par l’influence des estampes japonaises. Ces toiles accrochées à des cimaises font aussi écho au commentaire de Huysmans présenté dans la troisième vitrine dans lequel l’auteur d’À Rebours juge que « maintes et maintes pages » des livres de Walter Crane « mériteraient plus un cadre » que les tableaux exposés au Salon officiel dans lesquels, selon lui, « le peintre néglige toute composition et semble seulement dessiner une anecdote pour un journal à images ».

    La seconde salle est consacrée aux trois livres carrés conçus et édités entre 1877 et 1887. Quand il réalise les toy books, Walter Crane s’inscrit dans un cadre où le format, le nombre de pages et d’images ont été déterminés à l’avance par l’éditeur. En 1876, il cesse de produire ce type de livre faute d’avoir trouvé un accord financier avec Routledge. Il veut être payé en droits d’auteur. L’éditeur refuse de le rémunérer autrement qu’au forfait. A Apple Pie, qui aurait dû constituer le trentième titre de la « Sixpenny Series », n’a finalement jamais été publié. The Baby’s Opera, paru en 1877, inaugure un nouveau type de collaboration entre Routledge, Walter Crane et Edmund Evans. Ceux-ci livrent désormais à l’éditeur un ouvrage qu’ils ont entièrement conçu dans un format carré alors inédit qu’ils reprendront en 1878 avec The Baby’s Bouquet puis, en 1887, avec The Baby’s Own Aesop. Deux vitrines exposent ces trois ouvrages ou leurs gravures tandis que la présentation filmée « The Baby’s Opera : la naissance de l’album moderne » écrite et réalisée par François Fièvre et mise en voix par Charlotte Michaux analyse en détail le premier des trois livres carrés conçus par Walter Crane. 

par Isabelle Guillaume – novembre 2021

 

  

BIBLIOGRAPHIE

. Florence Alibert, Cathédrales de poche. William Morris et l’art du livre, La Fresnaie-Faye, Otrante, 2018

. Isabelle Dubois-Brinkmann, Au royaume des petits princes. Le papier peint pour chambre d’enfant, Rixheim, Musée du Papier peint, 2012

. François Fièvre,  » L’œuvre de Walter Crane, Kate Greenaway et Randolph Caldecott, une piste pour une définition de l’album « , dans Strenæ, n° 3, 2012 (publication en ligne)

. François Fièvre, Le conte et l’image. L’Illustration des contes de Grimm en Angleterre au XIXe siècle, Tours, Presses universitaires François Rabelais, 2013

. Rodney K. Engen, Walter Crane as a Book Illustrator, Londres, Academy Editions, 1975

. Joris-Karl Huysmans, L’Art moderne, Paris, Charpentier, 1883.

. Morna O’Neill, Walter Crane. The Arts and Crafts, Painting, and Politics, New Haven, Yale University Press, 2011

. Isobel Spencer, Walter Crane, Londres, Studio Vista, 1975

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Isabelle Guillaume est Maître de conférences à l’université de Pau et des Pays de l’Adour où elle enseigne la littérature pour la jeunesse. Elle est titulaire d’un doctorat de littérature comparée obtenu, en 1999, à l’Université Paris III. Son dossier d’habilitation à diriger des recherches présenté à l’Université d’Artois portait le titre « Recherches sur le social et l’imaginaire dans la littérature générale et les livres pour la jeunesse (XIXe-XXIe siècles) ». Elle a rédigé vingt-quatre notices pour le Dictionnaire du livre de jeunesse : la littérature d’enfance et de jeunesse en France (Cercle de la librairie, 2013) dont celles concernant les romans du quotidien et les romans scouts, Charles Dickens, Robert Louis Stevenson, Boris Moissard, Florence Seyvos, Paule du Bouchet et Bernadette Després. Parmi ces nombreux articles, citons « Les visages d’Aladdin dans la littérature de jeunesse du tournant du dix-neuvième siècle » (Cahiers Robinson, Presses de l’université d’Artois, 2006) et « Un tueur de lions pour livres d’enfants : les chasses algériennes de Jules Gérard dans l’édition pour la jeunesse de 1870 à 1914 » (Revue des livres pour enfants, BnF-CNLJ, 2016). Isabelle Guillaume a coordonné, en collaboration avec Guy Belzane, le numéro 1089 de la revue Textes et documents pour la classe (TDC) titré « La littérature jeunesse aujourd’hui » (Canopé-CNDP, 2015).

 

Photo 1 : Delphine Sinic. Photos 2 et 3 : Mathilde Esperce

 

Les Maîtres de l’imaginaire

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Une exposition en Chine

Depuis le mercredi 11 novembre 2020 et jusqu’au dimanche 28 février 2021, le Musée d’art de l’université Tsinghua de Pékin accueille une exposition Image of the West : illustrators of Europe and América qui donne à voir un imposant ensemble d’illustrations issues de la collection de la Fondation Les Maîtres de l’imaginaire créée en 2017, à Lausanne, à l’initiative de l’auteur-illustrateur Étienne Delessert. Commissaire de l’exposition : Janine Kotwica.

« Image of The West présente une collection d’artistes de renom qui ont créé d’illustres livres d’images en Europe et aux États-Unis. Des contes de fées, des textes littéraires, des poèmes et des souvenirs personnels réinterprétés ont tous été illustrés avec une imagination débordante et une variété de styles et de techniques uniques. Ce panorama d’images témoigne de la vitalité de l’édition occidentale. »

Quarante illustrateurs « maîtres de l’imaginaire » à l’honneur dans un sobre et efficace accrochage ainsi qu’une importante contribution personnelle d’Étienne Delessert.

L’auteur-illustrateur raconte cette aventure aux artistes de la Fondation.

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    Chers ami(e)s,

    Notre exposition des Maîtres de l’imaginaire a ouvert ses portes à Beijing mercredi soir. Elle est superbe !

    J’aimerais décrire rapidement cette aventure.

   Tout cela a commencé à Paris, voici cinq ans, par la présentation à l’Ambassade de Suisse de mon livre de mémoires L’Ours Bleu, par Jean-Philippe Jutzi, l’attaché culturel. Son analyse était fine et amicale.

   En 2019, j’ai appris qu’il était en Chine, et lui ai de suite parlé des Maîtres. Nous sortions du palais de Bologne. « Cela tombe bien, m’a-t-il répondu, en 2020, seront célébrés les 70 ans de bonnes relations bilatérales entre le Suisse et la Chine. »

    Il nous a donc associés à un programme culturel vaste – c’était avant le Covid19 – qui comprenait une exposition de Giacometti, une autre de Tinguely et la venue d’œuvres de la collection Dubuffet du Musée de l’Art Brut de Lausanne.

    Jutzy a d’abord choisi le Today Art Museum de Beijing, puis, à la suite de négociations avec le gouvernement chinois, a désigné le prestigieux Tsinghua University Art Museum pour nous accueillir. Ils avaient déjà collaboré harmonieusement avec l’Ambassade. Et j’eus alors la vraie surprise d’être invité par le musée à avoir une section de l’exposition consacrée à mes œuvres.

    Janine Kotwica a été d’une aide précieuse, tout au long d’une année fertile en menus problèmes, en tant que commissaire, par ses contacts,  ses conseils, sa précision dans les crédits, l’élan de ses textes. L’exposition, prévue pour le mois de juillet, a été repoussée deux fois par le virus – qui semble bel et bien dompté à Beijing, mais personne n’entre encore en Chine.

    En Suisse, Laurent Seigneur, membre du Conseil, a suivi notre parcours avec vigilance, je l’en remercie aussi.

    Un catalogue ne pouvait être préparé : il faut un an au Ministère de la Culture chinois pour délivrer un code ISBN.

    Le musée a fait un choix de vingt images, sur une centaine, pour imprimer des cartes postales. Impossible ! Nous avons dû, de ce fait, imprimer une édition limitée de 250 jeux de cartes en Suisse, pour que chaque artiste soit représenté; ils sont d’un usage limité à la communication et aux médias.. Imprimés en août, ils ne sont partis enfin que cette semaine, l’accès du local où ils étaient entreposés dans le bâtiment officiel de notre partenaire HEP étant interdit, encore et encore, par le Covid 19. Par chance une centaine de boîtes avaient été livrées à Berne par l’imprimeur: elles furent envoyées par la valise diplomatique.

    Tout au long de notre collaboration, nous avons pu réaliser que la Chine est un autre monde. Les meilleures intentions sont parfois bridées par un système d’une fermeté feutrée mais inflexible.

    Dans le choix des œuvres, par exemple. Le Ministère de la Culture, à qui elles devaient être toutes présentées, en a censuré quatre, de Marshall Arisman et de Jean-Louis Besson. Sans réelle logique. Elles furent donc remplacées.

     L’affiche est une autre histoire (elle sera agrandie au format de 9m sur 12m, près du musée, à l’entrée de la Tsinghua, université de grande renommée. Deux de nos propositions furent écartées, et quelle ne fut pas notre surprise de constater que le graphiste du musée avait emprunté des éléments de trois de mes dessins et les avait interprétés à sa manière. Je n’ai pas souvent ce genre de conflit, mais j’ai perdu cette bataille. C’était il y a un mois à peine, les œuvres étaient alors mises en caisse, il fallait céder pour qu’elles partent. Le choix des œuvres pour les deux flyers est entièrement celui du Tsinghua. Une erreur de légende concernant  Jean Claverie a été corrigée.

    Je ne vais pas entrer dans les détails, mais le transport fut retardé considérablement. Nous refusions de laisser les dessins partir sans avoir vu leur contrat d’assurance signé. Rien d’anormal, m’a -t-on dit, c’est la bureaucratie.

    L’exposition a bien failli ne pas avoir lieu: il était impensable d’accepter d’utiliser un Carnet ATA, qui garantit un passage de douane en douceur, mais qui nous aurait obligés à débourser près de 200 000 euros, remboursés, en principe, par le gouvernement chinois au retour des oeuvres.  Tout cela se passait il y a moins d’un mois, et fut assez tendu. J’ai annoncé bloquer le transport. Plus d’exposition ? Nous avons alors appris, comme par miracle, que le Ministère de la Culture allait obtenir un passage de douane sans frais.

    Rien n’est simple, les collaborateurs du musée désespéraient, tout en observant avec calme les normes du pays. Un autre monde…Je veux remercier Wang Ying, Sysy Hu au Tsinghua, et Congcong Che à l’Ambassade, – Jean Philippe Jutzi ayant pris sa retraite – pour toute leur attention et pour leur enthousiasme.

    Mercredi 11 novembre cette équipe du musée, travaillant jour et nuit la dernière semaine, a eu la joie de vernir notre exposition, en présence d’un public d’invités choisis et de 30 représentants de différents médias.

    L’Ambassade suisse était fort bien représentée, que je remercie pour son support.  Il se trouve que nous sommes la seule manifestation artistique visuelle a avoir bravé le virus, en cette année de 70 ans de reconnaissance pacifique.  Giacometti et les autres ont été repoussés à une date indéterminée.

    Et il faut bien dire que ce sont vos œuvres qui ont soutenu, par leur qualité et leur diversité, le moral des troupes chinoises, françaises et suisses : l’art de l’illustration, art à part entière dans un magnifique musée.

    Voici quelques reflets de la manifestation, Ils éclairent d’une belle lumière nos efforts pendant une longue année. Les photos sont toutes de Xiao Fei, du TAM. Elles sont ici réduites, mais existent en haute résolution.

     Avec ma gratitude, celle de Janine et de la Fondation.

     Bien amicalement.

     Étienne

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Merci à Étienne Delessert pour nous avoir confié ce courrier.

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Voir aussi le reportage de la télévision chinoise à partir de  cette page

Artistes exposés

Albertine, Marshall Arisman, Jean-Louis Besson, Guy Billout, Quentin Blake, Robert Oscar Blechman, Eric Carle, Ivan Chermayeff, Seymour Chwast, Nicole Claveloux, Jean Claverie, Frédéric Clément, Étienne Delessert, Heinz Edelmann, Stasys Eidrigevičius, Randall Énos, Monique Félix, André François, Henri Galeron, Letizia Galli, Laurent Gapaillard, Alain Gauthier, Roberto Innocenti, Gary Kelley, Claude Lapointe, Alain Le Foll, Georges Lemoine, David Macaulay, Daniel Maja, Sarah Moon, Jörg Müller, Yan Nascimbene, Chris F. Payne, Jerry Pinkney, Zack Rock, Éleonore Schmid, Chris Sheban, Elwood H. smith, David Wiesner, Zaü, Lisbeth Zwerger.

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André François, pour une couverture de magazine (Haute société, juin 1960)

Alain Le Foll, C’est le bouquet, Claude Roy (Delpire, 1964)

 Claude Lapointe, L’appel de la forêt, Jack London (Gallimard, 1979)

Monique Félix, Hansel et Gretel, Jacob et Wilhelm Grimm (Grasset, 1983)

Etienne Delessert, Contes 1, 2, 3, 4, Eugène Ionesco (Gallimard, 2009)

Albertine, Des mots pour la nuit, Annie Agopian, (La Joie de lire, 2017)

 

  

    

 

 

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Eau de boudin

par André Delobel

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    Contre toute attente, l’exposition Dans les coulisses de l’album : 50 ans d’illustration pour la jeunesse (1965-2015) a terminé son périple à la Médiathèque André Malraux de Strasbourg le 19 novembre 2016. Elle aura, en vingt mois, été mise en place à Beaugency, Paris, Arras, Bron, Mourenx, Cherbourg, Reims et Strasbourg, accueillie par six médiathèques, un salon du livre, une université. Elle ne fut montrée en son entier qu’à Beaugency, Arras et, à dix-huit œuvres près, à Strasbourg. Les autres lieux ont « adapté » l’ensemble qu’il recevait à leurs locaux, créant parfois leur propre scénographie. Les huit établissements qui nous ont fait confiance ont eu à cœur d’organiser, en fonction de leurs habitudes et de leurs moyens, des activités d’accompagnement en direction des enfants et du grand public. Les professionnels du livre et de la lecture ne furent pas oubliés et Janine Kotvica, Michel Defourny, Hélène Valotteau, Françoise Lagarde et André Delobel ont apporté leur concours à plusieurs moments de formation.

    Le CRILJ se faisait une joie de voir l’exposition de son jubilé présentée à la Médiathèque d’Orléans en décembre 2016 et janvier 2017. La possibilité d’une journée de formation, en partenariat avec l’ABF, avait été évoquée entre notre association et la responsable du secteur jeunesse de l’établissement (qui avait également pris contact avec plusieurs illustrateurs pour des rencontres dans les cinq annexes orléanaises). La venue, le jeudi 26 ou le vendredi 27 janvier 2017, à la centrale, pour une rencontre et pour un concert avec Jean Claverie, créateur du visuel de l’exposition, devait constituer un pertinent et festif point final.

    Malgré les garanties que Françoise Lagarde, présidente, et moi-même, secrétaire général, avions apportées mi-septembre, dès  notre retour de Strasbourg, la direction de la Médiathèque d’Orléans a estimé qu’une « présentation sécurisée et adéquate de l’exposition » n’était pas assurée. Faisant fi d’une année d’échanges constructifs, elle prenait la décision de renoncer à un projet qui nous était apparu comme le souhait des bibliothécaires de l’établissement.

    Au-delà de notre amertume, nous affirmons que la raison avancée ici est incompréhensible et irrecevable. Il ne sera pas acté que le CRILJ se soit, en cette affaire, montré inconséquent. Notre association, dans les actions qu’elle met en œuvre, a toujours pris un soin particulier, en pleine responsabilité, à nouer des partenariats respecteux de chacun, dans la clarté et dans la transparence.

    Peut-être y a-t-il, dans les raisons qui ont motivé ce renoncement, des éléments que nous n’avons pas à connaitre. En tout cas, le CRILJ, s’il ne peut pas tout, avait, en la circonstance, choisi de « bouter hors des cadres », les bêtes d’orage qui s’y étaient subitement installées. Le travail de nettoyage fut confié à une professionnelle strasbourgeoise et la Médiathèque d’Orléans aurait pu, fin novembre, venir à Strasbourg retirer une exposition saine et complète.

   Faudra-t-il conclure que les associations proposent et que les institutions disposent ? Une seule mésaventure ne nous autorise pas à l’affirmer. Nous profitons, au contraire, de cette mise au point pour remercier sur ce site les personnes qui, à Beaugency, à Paris, à Arras, à Bron, à Mourenx, à Cherbourg, à Reims et à Strasbourg, ont fait honneur, avec professionnalisme et inventivité, aux illustrateurs dont nous avions rassemblé les travaux.

mediatheque-orleans

Né en 1947. maître-formateur retraité, André Delobel est, depuis presque trente-cinq ans, secrétaire de la section de l’orléanais du CRILJ et responsable de son centre de ressources. Auteur avec Emmanuel Virton de Travailler avec des écrivains publié en 1995 chez Hachette Education, il a assuré pendant quatorze ans le suivi de la rubrique hebdomadaire « Lire à belles dents » de la République du Centre. Il est, depuis 2009, secrétaire général du CRILJ au plan national. Articles récents : « Promouvoir la littérature de jeunesse : les petits cailloux blancs du bénévolat » dans le numéro 36 des Cahiers Robinson et « Les cheminements d’Ernesto » dans le numéro 6 des Cahiers du CRILJ consacré au théâtre jeune public.