Rolande Causse à Olivet

 

 

Le mercredi 19 juin 2019, dans le cadre des animations impulsées par le CRILJ, Rolande Causse est intervenue à Olivet (Loiret) auprès de douze jeunes apprenants et apprenantes accueillis par l’association Olivet Solidarité. Veuillez trouver ici le compte-rendu de cette rencontre, avec un franc retard dont vous voudrez bien nous excuser.

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     Militante de l’association Olivet Solidarité, j’ai souvent évoqué, lors de nos réunions entre formateurs, de littérature pour la jeunesse. Et c’est ainsi qu’est née l’idée d’une rencontre entre Rolande Causse, écrivaine et poétesse, et les apprenants de niveau de français A2 de Carmel et Mathilde, deux de nos formatrices, qui s’est tenue le mercredi 19 juin 2019 de 10 heures à 14 heures. La séance avait été préparée la veille par Rolande et les deux formatrices.

    C’est à douze jeunes âgés entre 16 et 22 ans, venus des quatre continents, que Rolande s’est présentée et a lu les poèmes choisis lors de la séance de préparation, les invitant à observer le rythme et la composition de chacun d’eux. Ensuite Rolande les a encouragés à créer à leur tour et ils se sont lancés à écrire à la manière de. Leurs écrits ont été lus par les formatrices.

    La séance s’est terminée par un repas partagé où les échanges se sont prolongés, les jeunes répondant aux questions de Rolande sur leurs pays, leurs vies en France, leurs projets.

Martine Bonnet-Hélot

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    J’ai mené mon premier atelier de lecture-écriture avec des enfants à Montreuil (93100) en juillet 1979. Depuis je ne compte plus les rencontres avec les jeunes ou avec des adultes, enseignants, bibliothécaires, orthophonistes…

    En Colombie, à la grande bibliothèque de Bogota, j’ai mené une formation Littérature-écriture de quatre journées auprès de quinze bibliothécaires de langue espagnole. Avec l’interprète nous avions préparé livres et motivations d’écriture. Néanmoins n’ayant pas appris l’espagnol, j’appréhendais quelque peu. Ce furent quatre jours d’étonnement heureux.

    Pendant le confinement, mon petit-fils et moi avons inventé un atelier d’écriture audio (grâce à WhatsApp) Cela a été très riche. Nous continuons pendant le deuxième confinement.

    Je conte ces expériences afin de souligner que l’atelier d’écriture poétique que j’ai mené pour l’association Olivet Solidarité demeure pour moi parmi les moments particuliers et inoubliables. Je garde un souvenir ému de cette rencontre à Olivet (Loiret) en juin 2019 avec une douzaine de grands adolescents ou jeunes hommes et trois jeunes femmes venus des pays africains et sud américains.

    Avec une extrême attention, ils ont écouté ma lecture de poèmes d’Andrée Chedid, de Desnos, de Lorca, d’Apollinaire. Je souhaitais les mettre dans l’ambiance du bercement des mots et de la poésie. Ils apprécièrent les rythmes, les répétitions, les émotions. Puis je souhaitais qu’ils choisissent l’un des poèmes anaphoriques comme J’aime, je déteste ou Je me souviens ou encore Hier, aujourd’hui, ici, là-bas… Et je leur demandais d’écrire ce qu’ils ressentaient.

      Appliqués, concentrés, souriants ou traits contractés, ils créèrent de forts beaux textes. Ils les lurent à haute voix ou, pour certains qui hésitaient trop, je les lus à leur place. Mais leur attention, leur disposition, leur gentillesse leur talent m’enthousiasmèrent.

    Puis au cours d’un brunch, certains dirent qu’ils se sentaient bien accueillis et qu’ils aimaient notre pays. Pour quelques uns, « c’était dur » mais ils faisaient des efforts. Ils ne supposaient pas qu’en venant en France ils apprendraient tant de choses. Tout ce qu’ils désiraient c’était d’avoir un métier, de l’exercer et d’envoyer de l’argent à leur famille. L’apprentissage qu’ils recevaient leur permettait d’espérer…

    Nous nous quittâmes en sympathie. Ils me demandèrent de revenir. Je leur répondais que j’aurais plaisir à les revoir et à poursuivre avec eux cette sensibilisation à la poésie. Nous étions en juin 2019 et il ne fut pas possible de recommencer cette expérience.

    Je leur souhaitais le meilleur avenir possible. Grâce à ces jeunes migrants et grâce à l’association Olivet Solidarité, cette demi-journée demeure pour moi un moment important dans mon travail.

    Un atelier d’écriture émouvant et une production d’écrits dans laquelle il est difficile de choisir. Vous trouverez ci-après les trois textes.

Rolande Causse

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Ici les gens écrivent

Là-bas les enfants courent

Ici la vie est dure

Là-bas le fruit est mûr

Ici il y a des jardins

Là-bas tout est désert

Ici le temps est court

Là-bas le rêve est doux

(Diadié) 

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Ici il y a les droits de l’homme, la liberté d’expression et le respect de la femme

Là-bas il y a l’amour de son prochain, la joie d’une famille pauvre

Ici il y a des personnes qui consacrent leur temps à de jeunes étrangers pour leur intégration dans la société

Là-bas il y a la guerre

Là-bas il y a la famine

Là-bas les enfants sont tués

Ici les enfants sont protégés

Ici le président n’a droit qu’à deux mandats

Là-bas il y a la dictature

Là-bas là la jeunesse perd tout espoir

Ici c’est l’espoir d’une vie meilleure

Ici je suis chez moi

(Ibrahim D.)

Dans ma poche il y a des cartes

Dans ma poche il y a l’heure de départ

Dans ma poche il y a le ciel

Dans ma poche il y a du miel

Dans ma poche il y a la couleur dorée

Dans ma poche il y a un cœur amoureux

Dans ma poche il y a la vie

Dans ma poche il y a la ville

(Diadié)

 

 

L’association Olivet Solidarité a pour objectifs de contribuer, dans le cadre d’une coopération menée notamment avec la Mairie et en liaison avec les associations ou services à vocation sociale, à l’aide, à l’entraide et au soutien des personnes les plus démunies afin de leur procurer les moyens matériels et psychologiques qui leur permettront de lutter contre la faim, le dénuement, la solitude et les détresses de toute nature, d’être à l’écoute de ces personnes dans le total respect de leur dignité et en toute confidentialité, d’organiser des échanges du savoir et savoir faire, de favoriser les liens entre générations, de souscrire à toute action de solidarité active en faveur des plus démunis.

Romain Dutter à Clamart

 

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Le lundi 6 avril 2019, dans le cadre des animations impulsés par le CRILJ, Romain Dutter est intervenu à la Petite Bibliothèque Ronde de Clamart auprès d’enfants et de quelques adultes du quartier. Veuillez trouver ici le compte-rendu de cette rencontre, avec un franc retard dont vous voudrez bien nous excuser.

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    La rencontre s’est déroulée à l’initiative de Julien Maréchal, directeur de la Petite Bibliothèque Ronde. Romain Dutter, auteur du scénario de la bande dessinée Symphonie Carcérale (Steinkis, 2018) est intervenu pour aborder avec le jeune public la question de la pauvreté dans la littérature pour la jeunesse par le prisme de l’incarcération. Il a d’abord présenté son parcours puis le travail accompli pour parvenir à l’écriture de Symphonie carcérale.  Il a eu l’occasion de  répondre à de nombreuses questions liées à l’univers carcéral et aux causes de l’incarcération.

    Romain Dutter a ensuite posé ses propres questions : Quelle musique écoutez-vous ? Qu’est-ce que vous aimez comme BD ? Quelles sont les différentes parties d’un livre, d’une bande dessinée ? Puis il  a lu quelques pages de son propre ouvrage.

    La rencontre s’est conclue par un défi lancé par l’auteur : réaliser une planche de BD et commencer à créer sa propre histoire. Romain Dutter la encouragés les enfants  à montrer leurs réalisations et à se faire conseiller par les parents, par les professeurs, par les bibliothécaires. En fin de séance, tout le monde dessinait ses premières cases.

    L’échange aura été très riche. L’auteur a réussi à synthétiser de façon très pédagogique le contenu de son livre et les grandes thématiques qu’il aborde : l’incarcération, la précarité, l’enjeu de la culture dans ce contexte. Il a également parlé du processus de création d’une bande dessinée et des aspects formels  (bulles, cases, planche, couleurs) ont pu être évoqués.

    Les questions et les remarques formulées par les  enfants étaient justes et pertinentes,  tant sur le sujet de l’ouvrage (Qu’est-ce que c’est une prison ? Pourquoi va-t-on en prison ? Les femmes sont-elles également incarcérées ? Dans quelles proportions ? Que représente un atelier culturel dans le parcours de vie des personnes incarcérées ?) que sur la technique de la bande dessinée (Commence-t-on par le dessin ou par le texte ? Combien d’années faut-il pour réaliser une bande dessinée ? Quel sera le prochain projet de l’auteur ?)

    Le fait que tous aient souhaité se lancer dans la réalisation d’une planche de à l’issue de la rencontre est un autre indicateur intéressant à prendre en compte. La thématique carcérale explique sans doute en partie le nombre relativement faible de participants. Cela n’a toutefois pas empêché les échanges d’être soutenus.

    Les participants à la rencontre vivent dans les environs de la bibliothèque, dans un quartier populaire classé en réseau d’éducation prioritaire. L’enjeu de la maîtrise de la langue se pose chez les mineurs comme les majeurs, de même que celle de l’accès aux lieux culturels. Les enfants ont spontanément souhaité lire certains des ouvrages que l’équipe de la bibliothèque avait présélectionnés pour aborder d’autres aspects de la pauvreté : Monstres de père en fils de Gérald Stehr (Actes Sud, 2010), Bonhomme de Sarah V. (Pastel, 2017), Raspoutine de Guillaume Guéraud (Le Rouergue, 2008), Joseph avait un petit manteau de Simms Taback (Le Genévrier, 2011).

 

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La Petite Bibliothèque Ronde est située 14 rue de Champagne, Cité de la Plaine à Clamart (Hauts-de-Seine). Ses actions s’adressent aux enfants de 0 à 12 ans, dans la lignée du travail engagé, depuis 1965, par La Joie par les Livres. Forte de sa présence de cinquante ans sur le territoire, la bibliothèque est pensée comme un lieu de vie pour les enfants et comme un équipement de proximité dont le rôle social vise à réduire les fractures numérique ou d’accès aux biens culturels.

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Ancien coordinateur culturel au sein du Centre pénitentiaire de Fresnes, Romain Dutter a, dans Symphonie Carcérale : petites et grandes histoires des concerts en prison, raconté en bande dessinée, sous la forme d’un roman graphique, cette expérience de dix ans avec beaucoup d’humour et de générosité. Julien Bouquet dit Bouqé, dessinateur de l’ouvrage, est graphiste dans l’édition jeunesse. Romain Dutter a également écrit des scénarios de documentaire pour la télévision.

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Parler sans-abris à Paris

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Une rencontre avec Sophie-Bordet-Pétillon et Xavier Emmanuelli

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Le mardi 4 juin 2019, dans le cadre des animations initiées par le CRILJ, Sophie Bordet-Pétillon et Xavier Emmanuelli ont rencontré, à la Médiathèque Marguerite Duras (Paris), les élèves de trois classes de CM1.

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     Sophie Bordet-Pétillon a d’abord présenté l’ouvrage Le petit livre pour parler des sans-abris, (Bayard jeunesse, 2018). Elle a expliqué comment et pourquoi il était né. Elle a aussi parlé de la façon dont elle avait travaillé avec Xavier Emmanuelli. Puis très vite, les enfants ont été invités à poser des questions. Ayant été sensibilisés au préalable par leurs enseignants, leurs questions furent motivées et pertinentes.

    Xavier Emmanuelli a renvoyé souvent les enfants à la réflexion pour qu’ils trouvent d’abord par eux-mêmes des éléments de réponse. Il y a eu, au cours de cette rencontre, une belle interactivité. Xavier Emmanuelli a également beaucoup insisté pour renverser ou expliquer certains aprioris négatifs qui peuvent exister sur les sans-papiers.

    La rencontre qui a concerné cinquante-cinq enfants a duré une heure trente. Elle fut très riche et il s’est dégagé de ces deux personnalités invités une belle complémentarité et une grande envie de transmettre et de faire réfléchir sur ce sujet sensible. De l’avis des organisateurs, ce fut « une grande leçon de raisonnement, de générosité et d’humanité, qui restera comme une des belles rencontres ayant eu lieu à la Médiathèque Marguerite Duras. »

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.Sophie Bordet-Pétillon est journaliste de formation, elle fut directrice du journal d’actualité pour les 10/14 ans, Mon quotidien, pendant plus de 10 ans. Elle conçoit des livres documentaires, des cahiers d’activité et des livres-jeux avec le souci de donner aux enfants et aux adolescents accès à l’information sur le monde et son fonctionnement.

Xavier Emmanuelli, médecin hospitalier, homme politique, est fondateur du SAMU social de la ville de Paris. Président du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées de 1997 à 2015, il est co-fondateur de Médecins Sans Frontières. Parmi ses nombreux ouvrages : Les Enfants des rues (Odile Jacob, 2016)

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Didier Lévy à Angers

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Le 24 octobre 2019, dans le cadre des animations initiées par le CRILJ, Didier Lévy a rencontré, à Angers, des enfants fréquentant les accueils de loisirs Le Hutreau et Paul Bert.

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    Depuis de nombreuses années, le service Enfance/Éducation de la ville d’Angers, accompagne des actions Livres et Jeux sur les différents temps de l’enfant : TAP, temps péri et extrascolaire.

    Le 24 octobre 2019, Didier Lévy est venu échanger et travailler avec 24 enfants âgés de 7 à 10 ans accueillis en centre de loisirs. Cette journée s’inscrivait dans un projet ambitieux et longuement mûri monté par le service Enfance/Éducation et avec les animateurs du centre de loisirs et Sylvie Douet, médiatrice culturelle en littérature pour la jeunesse. Le projet, centré sur la pauvreté, selon la proposition du CRILJ, et sur le vivre ensemble, a permis aux enfants de participer à différents ateliers citoyens et culturels pendant cinq jours et de rencontrer Didier Levy. Titre de cette action : Et si on jouait aux… journalistes, artistes, lecteurs, invisibles.

    L’auteur s’est d’abord prêté au jeu des questions avec les enfants pour leur permettre de découvrir son œuvre. Les travaux réalisés par les enfants les jours précédents lui ont ensuite été présentés. L’après-midi, il a animé avec eux un atelier d’écriture et de dessin à partir de son ouvrage Jouer aux fantômes (Sarbacane, 2017).

    Pour garder traces de cette semaine et en valoriser les temps forts, un album collectif a été mis en forme à partir des photographies et traces écrites témoignant des différents ateliers vécus pendant la semaine. Réalisé par les services d’imprimerie de la Ville, cet album a été remis à chacun des enfants lors d’un temps partagé Enfants, Parents  organisé à la bibliothèque de la Roseraie le samedi 16 novembre 2019. L’album, trop lourd pour être mis en ligne sur ce site, peut être demandé à Sylvie Douet. Utiliser cette adresse.

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Didier Lévy est né en 1964. C’est à Paris qu’il exerce son métier d’écrivain pour la jeunesse. Ancien journaliste (pour Biba, Notre Temps, Okapi), il s’est vite tourné vers l’écriture de livres pour enfants, avant de s’y consacrer entièrement. Attentif, avec humour et discrétion, à l’épanouissement de ses jeunes lecteurs, il a publié plus de cent ouvrages dont, chez Sarbacane, Angelman (2003), Le tatouage magique(2015), La véritable histoire du grand méchant Mordicus (2015), L’Arbre lecteur (2016). Chez Albin Michel Jeunesse, il est l’auteur, avec Benjamin Chaud, de Piccolo le pénible (2004) et de la série « La Fée Coquillette ». Didier Lévy aime les livres qui sont des voyages, extérieurs et intérieurs, et il cherche en écrivant à retrouver la spontanéité de sa propre enfance.

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Sylvie Douet, titulaire d’un Diplôme d’État d’infirmière et d’un Master Sciences de l’Éducation et de la Formation, a occupé des fonctions à l’hôpital, en milieu scolaire et dans l’éducation populaire, notamment à la Ligue de l’enseignement. « Dans ces différents contextes, j’ai travaillé avec des professionnels et des bénévoles issus d’horizons variés. De ces rencontres, j’ai beaucoup appris, utilisant dans le cadre de mon activité le livre pour enfants. Aujourd’hui, forte d’une vingtaine d’années de fréquentation de la littérature jeunesse, je suis formatrice indépendante et je conduis de nombreux projets culturels et éducatifs dans les domaines de la formation et de la médiation, toujours en lien avec la littérature de jeunesse. »

Rolande Causse à Paris

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Les mercredi 3 avril, vendredi 12 avril et mercredi 17 avril 2019, Rolande Causse a animé trois ateliers d’écriture au collège Jean de La Fontaine, à Paris, dans le seizième arrondissement.

    L’atelier s’inscrivait dans dans le cadre d’un projet conçu avec la professeure de lettres, Madame Laurence Legrand, pour les élèves d’une classe de 6ème et d’une classe de 3ème.

    La première étape  est consacré à une courte présentation de l’auteure, à une remise en contexte et à la lecture questionnée et commentée d’ouvrages puisés dans les sélections proposées par le CRILJ dans la brochure, La pauvreté dans la littérature pour la jeunesse : fictions et réalités : La petite filles aux allumettes, conte d’Hans-Christian Andersen illustré par Georges Lemoine (Gallimard jeunesse, 1978), Le mendiant de Claude Martingay illustré par Philippe Dumas (La joie de lire, 2003), Les petits bonhommes sur le carreau d’Olivier Douzou et Isabelle Simon (Gallimard jeunesse, 1998), P’tite mère de Dominique Sampiero illustré par Monike Czarnecki (Rue du monde, 2003).

    Dans la seconde étape, les élèves sont invités à « prendre le stylo » pour écrire à partir de l’imaginaire ouvert.par les lectures et les échanges. Le lancement de cette phase d’écriture s’est fait à partir des sensations, des idées, des images suscitées par la proposition d’écrire une lettre à un mendiant ou à un SDF.

    Une cinquantaine d’élèves ont ainsi été accompagnés par les propositions de l’auteure dans une réflexion sur des situations graves ou touchantes Le travail d’écriture engagé en atelier, très encourageant, a été poursuivi par l’enseignante durant le temps de classe.

    Les réponses au questionnaire que des membres du CRILJ ont fait passer à de nombreux enfants ont mis en lumière que, dans les milieux socioculturels les plus favorisés, les élèves tirent rapidement bénéfices des propositions qui leur sont faites car ils sont plus familiers du questionnement et de la mise à distance face à des sujets délicats comme celui de la pauvreté.

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Rolande Causse, écrivaine et formatrice, auteure de poèmes, d’albums et de romans, de livrets d’opéra, a fondé en 1975 La Scribure, association qui se consacre à la pratique des ateliers de lecture-écriture et à la promotion de la littérature pour la jeunesse. Elle est à l’origine du premier Festival Livres–Enfants–Jeunes qui deviendra le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis.

Une maternelle à Paris

 

En janvier et février 2019, dans le cadre des animations impulsés par le CRILJ, des lectures et des débats à l’école maternelle Constantin Pecqueur à Paris.

    Des contacts ont eu lieu entre la directrice de l’école maternelle Constantin Pecqueur et une administratrice du CRILJ. La brochure La pauvreté dans la littérature pour la jeunesse : fictions et réalités a été distribuée aux enseignantes de l’école et sa lecture a convaincu les trois maîtresses de grande section de se lancer dans un projet sur ce thème.

    Les enseignantes et la directrice ont fait le choix de ne pas solliciter d’auteur ou d’illustrateur mais de mettre en place des ateliers de lecture/débat en puisant dans les sélections du CRILJ. Elles ont retenu La Cabane et Musiciens des rues, albums de Gabrielle Vincent de la série « Ernest et Célestine ». Ces ouvrages ont été fournis aux classes par le CRILJ.

    Proche de la représentation que les enfants peuvent spontanément se faire de la pauvreté, cette situation, après plusieurs lectures de l’ouvrage, a donné lieu à des échanges sur ce qu’est que la pauvreté dans le livre, mais aussi dans la vie, sur ce que des familles, des jeunes, des personnes âgées peuvent avoir à affronter au quotidien. A partir de l’exemple d’Ernest et Célestine quels choix font-ils pour tenter résoudre les problèmes qui se posent ?

    Les élèves ont retrouvé avec plaisir les deux héros dans La cabane. Cédant au désir de Célestine, Ernest accepte de lui construire une cabane au fond du jardin. A peine celle-ci terminée, Célestine découvre qu’un intrus y a pris ses quartiers. Il faudra toute la diplomatie et la gentillesse d’Ernest pour lui expliquer ce qu’est un sans-abri et l’empêcher de le chasser. Les élèves se sont immédiatement identifiés à Célestine et se sont retrouvés dans ses revendications pour récupérer « sa » cabane.

    Les arguments d’Ernest ont été repris et débattus, analysés pour que l’émotion change de camp en prenant en compte la situation d’une personne totalement démunie. Les mots et les images ont donné toute leurs dimensions a la générosité et à l’écoute de l’autre.

    Les élèves des trois classes, venant souvent de milieux défavorisés, ont été séduits par Ernest et Célestine qui, au travers de situations simples et souvent familières, parlent très bien des choses graves de la vie. Ils ont souhaité découvrir les autres histoires d’Ernest et Célestine. Les maîtresses leur ont aussi lu d’autres ouvrages, des contes et des albums, sur le thème de la pauvreté…

Réfléchir à Loos en Gohelle

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A partir de novembre 2018 et sur les mois suivants, dans le cadre des animations impulsés par le CRILJ, le Collège René Cassin de Loos en Gohelle (Pas-de-Calais) a proposé des « lectures-réflexion » dans son CDI..

    Isabelle Valdher, professeure-documentaliste au collège René Cassin de Loos en Gohelle, a organisé, au CDI, avec les élèves de niveaux 4ème et 3ème des « lectures-réflexion » sur le thème de la pauvreté. Le CRILJ a financé l’achat des ouvrages.

    Un débat est organisé avec les élèves du « Club des lecteurs » pour lancer le thème « C’est quoi la pauvreté ? » Les élèves abordent des sujet variés, on peut noter : les familles d’accueil – il y a plusieurs élèves concernés -, les réfugiés et les migrants, les SDF que l’on voit dans dans la rue.

   La professeure-documentaliste présente le CRILJ et le questionnaire qu’il a élaboré. Après un lancement collectif pour faire émerger les représentations et préciser les notions, un temps spécifique est laissé aux élèves pour remplir le questionnaire, individuellement  et anonymement.

    Il est prévu, dans la suite de l’année scolaire, d’étendre cette action pour qu’elle touche l’ensemble des 300 élèves du collège : présentation par les élèves du Club des lecteurs aux autres élèves du collège d’un réseau d’ouvrages de littérature pour la jeunesse sur le thème de la pauvreté : présentations orales  d’ouvrages lus, vitrine, mises en avant de coup de cœur, affiches, etc.

    Au sein du Club des lecteurs, un débat sera organisé sur le thème : « Peut-on parler de tout dans un livre pour la jeunesse ? Y a-t-il des sujets tabous ? »

    Isabelle Valdher a apprécié la thématique qu’elle estime inédite et elle a constaté qu’elle a été à l’origine de débats riches et passionnants qui ont permis une ouverture sur un sujet d’actualité qui pourra être abordée dans d’autres disciplines, enseignement moral et civique par exemple..

    Un regret : les ouvrages offerts par le CRILJ ne sont pas arrivés avant le premier débat et avant la passation des questionnaires. Ils ont toutefois  été utilisés dans la seconde partie de l’action et sont venus, en bonne place, enrichir le fonds du CDI du collège.

Mélusine Thiry à Descartes

 

Le jeudi 19 mars 2019, dans le cadre des animations impulsés par le CRILJ, Mélusine Thiry est intervenu auprès des élèves de grande section de l’école maternelle Côte-des-Granges à Descartes.

     Livre Passerelle a décidé de situer cette action dans un territoire rural et peu favorisé du département. C’est l’école maternelle de la commune de Descartes, dans laquelle une animatrice de l’association intervient chaque semaine, qui a été choisie.

    S’appuyant sur une sélection d’albums réunie pour constituer un fonds spécifique à la thématique de la pauvreté, des lectures individuelles se sont déroulées sur une matinée de classe avec un retour au collectif pour dégager l’idée générale. Les enfants n’ont pas fait émerger le mot « pauvre » mais ils ont été sensibles à différents signes : les maisons abimées, les besoins d’argent pour manger, les vêtements abimés. Certains enfants ont pu dire « qu’ils avaient déjà vu, en ville, près du tramway, des personnes assises par terre et qui demandaient de l’argent ou de la nourriture ».

    L’environnement social de la commune de Descartes comporte des familles en grande difficulté, toutes ont cependant un toit et des recours pour manger (restos du cœur, Croix rouge). Aucun enfant participant à cette ne « s’est senti pauvre » ou directement concerné même si leurs familles sont touchées.

    En accord avec l’institutrice, il est proposé aux enfants de travailler sur La petite fille aux allumettes, en se focalisant sur l’épisode où elle craque des allumettes en rêvant de manger et de se réchauffer.

    La rencontre avec Mélusine Thiry a débuté par une présentation de ses œuvres et l’explication de son univers artistique. Puis, à partir de l’album Allumette de Tomi Ungerer, les enfants, accompagnés par l’équipe éducative et par les animatrices de Livre Passerelle ils travaillent ensemble à la réalisation d’une grande fresque. La consigne est la suivante : « Lorsque la petite fille gratte son allumette, se projette sur les murs toutes les ombres de ce qu’elle aimerait pouvoir manger. »

   Les enfants réalisent d’abord de petites silhouettes en papier. Puis, à l’aide d’un vidéoprojecteur, ils agrandissent leurs silhouettes et les dessinent sur des grandes feuilles de papier kraft noir. Les enfants imaginent ensuite toutes les bonnes choses qu’ils aimeraient manger s’ils étaient à la place de la petite fille du conte, ces différents aliments étant, cette fois-ci, dessinés sur des feuilles de papier kraft de couleur, puis découpés et collés sur les murs de l’école autour des noires silhouettes.

    Quelques jours plus tard, l’enseignante et les enfants ont organisé un vernissage auquel les parents ont été invités. Leurs œuvres ont ainsi été dévoilées et les enfants ont parlé à tous de Mélusine Thiry et de La petite fille aux allumettes..

    Cette animation a rencontré un succès total tant auprès des enfants que des adultes et il a laissé une forte trace dans l’école, sur les murs de la cour de récréation, avec ces silhouettes visibles de tous et dans l’esprit des enfants enrichis par cette aventure,

    Le travail de Mélusine Thiry sur les ombres et les reflets a permis d’introduire une autre vision du réel, les jeux de lumière déformant les objets et donnont à voir une nouvelle représentation du monde. Qu’en est-il de l’image de la pauvreté ? Quelles représentations les enfants en ont-ils ? C’est à partir de telles questions que les albums jeunesse furent utilisés comme média culturel.. Comme Livre Passerelle l’expérimente depuis plus de vingt ans sur le territoire, l’album jeunesse par ses qualités littéraires et par la puissance des illustrations donne à voir le monde, permet de s’ouvrir à sa diversité, et aide à construire une pensée.

     Le projet s’est poursuivi par la projection du film Ernest et Célestine et par des lectures de  contes populaires tels que Le Petit Poucet et La petite fille aux allumettes. Le contact a été maintenu avec Mélusine Thiry.

    L’étape ulitime du protocole était une récolte d’informations à l’aide d’un questionnaire conçu par le CRILJ. Elle  n’a pas été mise en œuvre car pas adaptée à des enfants d’école maternelle

Mélusine Thiry, après avoir suivi des études d’histoire de l’art à Poitiers et d’histoire du cinéma à Paris VIII, Saint- Denis, débute son parcours professionnel comme éclairagiste dans le spectacle vivant où elle développe un travail de vidéaste. Attirée depuis longtemps par l’édition jeunesse, elle reçoit les prix du public et celui des adultes médiateurs au concours Figures Futures du Salon du Livre de Montreuil 2006. Les Éditiond HongFei publie son premier album, Marée d’amour dans la nuit, en 2008. Mélusine Thiry applique à l’illustration une technique de silhouettes découpées utilisée dans le théâtre d’ombres, en l’agrémentant de la couleur et de la texture de papiers disposés sur une table lumineuse puis photographiés. Dernier ouvrage : Un labyrinthe dans mon ventre (HongFei, 2015), selon, celle fois, la technique de la linogravure. Mélusine Thiry a effectué, en 2017, une résidence auprès de l’association Livre Passerelle qui a souhaité l’inviter à nouveau pour cette animation.

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Livre Passerelle est une association qui se fixe pour objectif principal de lutter préventivement contre l’illettrisme et l’échec scolaire en proposant d’introduire le plus tôt possible le livre et la lecture dans les pratiques familiales et d’encourager des pratiques personnelles chez les personnes rencontrées. Elle développe projet collectif et partagé qui implique un travail important de réseau sur chacun des territoires.

Des rencontres, des lectures

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Les actions de médiation « pauvreté »

En 2018 et 2019, le CRILJ s’est intéressé à la question des représentations de la pauvreté dans les livres écrits à destination des enfants et des jeunes et à celle des conséquences des situations de misère et de précarité sur ceux-ci et sur leur famille. En plus de l’édition d’une brochure incitative en 2018, de l’organisation d’un colloque pluri-disciplinaire, de la publication d’une bibliographie spécifique et d’un numéro des Cahiers du CRILJ en 2019, des animations (en classe, en CDI, en bibliothèque ou en centre de loisirs) ont permis à un nombre important d’enfants et aux adultes qui les accompagnaient d’amorcer de riches réflexions. À signaler également un atelier d’écriture en direction de jeunes adultes inscrits dans un parcours d’apprentissage de la langue française. Au-delà de simples lectures offertes, plusieurs des propositions ont pris la forme d’accueil d’auteurs et d’illustrateurs. C’était à Angers, Beaugency, Clamart, Descartes, Paris, Loos en Gohelle et Olivet. Grand merci à Sophie Bordet-Pétillon, Rolande Causse, Roman Dutter, Xavier Emmanuelli, Gwen Le Gac, Didier Lévy et Mélusine Thiry.

    Nous mettons en ligne, en page « Textes amis », selon un rythme et un ordre non contraignants, un ensemble de textes, dix vraisemblablement, rendant compte de ces moments. Rappel des textes publiés dans la colonne de gauche de la page d’accueil et ici en page récapitulative.

( 26 avril 2021 )

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La bibliographie est téléchargeable au format livret et au format liste déroulante. C’est .

La brochure et le numéro 10 des « Cahiers » sont en vente en page boutique. C’est ici.

De la pauvreté

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L’en faut, des pauvres, c’est nécessaire

Dans L’hiver, premier poème du recueil Les soliloques du pauvre, publié à compte d’auteur en 1895 et au Mercure de France en 1897, Jean-Rictus, anarchiste et poète, qui doit à quelques comédiens, diseurs et chanteurs de conserver aujourd’hui encore une forme de notoriété, commence, en quelques phrases bien senties, par stigmatiser les bourgeois parisiens organisateurs de bals de charité et les élus de la République habiles en discours de saison. Puis, le poète écrit d’autres strophes à propos des artistes avant de s’imaginer prenant la parole à son tour.  

    a

                  […]

     Contemplons les Artisses,

     Peint’s, poèt’s ou écrivains,

     Car ceuss qui font des sujets trisses

     Nag’nt dans la gloire et les bons vins !

     Pour euss, les Pauvr’s, c’est eun’ bath chose,

     Un filon, eun’ mine à boulots ;

     Ça s’ met en dram’s, en vers, en prose,

     Et ça fait fair’ de chouett’s tableaux !

     Oui, j’ai r’marqué, mais j’ai p’têt’ tort,

     Qu’ les ceuss qui s’ font « nos interprètes »

     En geignant su’ not’ triste sort

     S’arr’tir’nt tous après fortun’ faite !

                […]

     T’nez Jean Rich’pin

     En plaignant les « Gueux » fit fortune.

     F’ra rien chaud quand j’ bouffrai d’son pain

     Ou qu’y m’ laiss’ra l’taper d’eun’ thune.

     Ben pis Mirbeau et pis Zola

     Y z’ont « plaint les Pauvres » dans des livres,

     Aussi, c’ que ça les aide à vivre

     De l’une à l’aute Saint-Nicolas !

              […]

     Ben en peintur’, gn’y a z’un troupeau

     De peintr’s qui gagn’nt la forte somme

     À nous peind’ pus tocs que nous sommes :

     Les poux aussi viv’nt de not’ peau !

     Allez ! tout c’ mond’ là s’ fait pas d’ bile,

     C’est des bons typ’s, des rigolos,

     Qui pinc’nt eun’ lyre à crocodiles

     Faite ed’ nos trip’s et d’ nos boïaux !

     L’en faut, des Pauvr’s, c’est nécessaire,

     Afin qu’ tout un chacun s’exerce,

     Car si y gn’aurait pus d’ misère

     Ça pourrait ben ruiner l’Commerce.

     J’en ai ma claqu’, moi, à la fin,

     Des « P’tits carnets » et des chroniques

     Qu’on r’trouv’ dans les poch’s ironiques

     Des gas qui s’laiss’nt mourir de faim !

     J’en ai soupé de n’pas briffer

     Et d’êt’ de ceuss’ assez ‘pantoufles’

     Pour infuser dans la mistoufle

     Quand… gn’a des moyens d’s’arrbiffer.

               […]

     Eh donc ! tout seul, j’ lèv’mon drapeau ;

     Va falloir tâcher d’êt’sincère

     En disant l’vrai coup d’la Misère,

     Au moins, j’aurai payé d’ma peau !

                 […]

     Au lieu de plaind’ les Purotains

     J’ m’en vas m’foute à les engueuler,

     Ou mieux les fair’ débagouler,

     Histoir’ d’embêter les Rupins.

     Oh ! ça n’s’ra pas comm’ les vidés

     Qui, bien nourris, parl’nt de nos loques,

     Ah ! faut qu’ j’écriv’ mes « Soliloques » ;

     Moi aussi, j’en ai des Idées !

     Je veux pus êt’ des Écrasés,

     D’la Mufflerie contemporaine ;

     J’ vas dir’ les maux, les pleurs, les haines

     D’ ceuss’ qui s’appell’nt « Civilisés » !

     Et au milieu d’leur balthasar

     J’vas surgir, moi (comm’ par hasard).

              [..]

     Et qu’on m’tue ou qu’j’aille en prison,

     J’m’en fous, j’n’connais pus d’contraintes :

     J’ suis l’Homme Modern’, qui pouss’ sa plainte,

     Et vous savez ben qu’j’ai raison !

(édition de poche : Les soliloques du pauvre et autres poèmes, Le Diable Vauvert, 2009)

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Gabriel Randon de Saint-Amand, qui prit le pseudonyme de Jehan Rictus puis de Jehan-Rictus (avec un tiret), est né à Boulogne-sur-Mer en 1867 et mort à Paris en 1933. Les textes qu’il composa dans la langue du peuple de Paris sont principalement réunis dans Les Soliloques du pauvre  (1895 puis 1897), ouvrage qui donne la parole à un sans-logis contraint d’errer dans la capitale et dans Le Cœur populaire (1914) où s’expriment ouvriers, prostituées, cambrioleurs et enfants battus : « Nous, on est les pauv’s tits fan-fans, les p’tits flaupés, les p’tits foutus à qui qu’on flanqu’ sur le tutu, les ceuss’ qu’on cuit, les ceuss’ qu’on bat, les p’tits bibis, les p’tits bonshommes, qu’a pas d’bécots ni d’suc’s de pomme, mais qu’a l’jus d’triqu’ pour sirop d’gomme et qui pass’nt de beigne à tabac. »  La vérité oblige à dire que l’image de « poète des pauvres » accolée à Jehan-Rictus lorsqu’en quête de notoriété, il disait ses textes dans les cabarets montmartrois, découle d’une posture littéraire qui le servit puis l’encombra. L’écrivain, que le sort des plus démunis préoccupa et qui connut lui-même la précarité, cultivera sciemment sa faubourienne manière d’écrire. Dans Fil de fer, roman qu’il publie chez Louis Michaud en 1906, il évoque son enfance « à la Poil de carotte ».  En 1931, il enregistre, chez Polydor, sur trois disques 78 tours, cinq de ses poèmes dont Les petites baraques que Claude Antonini reprend, en 1993, dans le CD Claude Antonini chante et dit Jehan-Rictus. Le rappeur Virus déclame L’hiver  dans un CD publié par Le Diable Vauvert en 2017.

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    Le Centre de recherche et d’information sur la littérature pour la jeunesse qui, en 2018 et 2019, s’est intéressé à la question des représentations de la pauvreté dans les livres écrits et publiés à destination des enfants et des jeunes, et à celle des conséquences sur ces enfants, sur ces jeunes et sur leurs familles des situations de misère et de précarité, met à disposition de tous un ensemble conséquent de documents :

– il a réalisé une brochure La pauvreté dans la littérature pour la jeunesse : fictions et réalités susceptible de sensibiliser les médiateurs du livre et de les aider à concevoir des animations s’adressant prioritairement aux jeunes lecteurs.

– il a mis en place un colloque pluridisciplinaire rassemblant chercheurs, journalistes, auteurs et illustrateurs, enseignants, bibliothécaires, médiateurs et responsables d’associations et le numéro 10 des « Cahiers du CRILJ », La pauvreté à l’œuvre dans la littérature pour la jeunesse, restitue l’ensemble des interventions des deux journées.

– il a demandé à Muriel Tiberghien, critique et administratrice du CRILJ, d’établir une bibliographie détaillée traitant du thème de la précarité et de la pauvreté dans la littérature pour la jeunesse, à partir de l’ensemble des livres publiés en France depuis 1970.

    La brochure et le numéro 10 des « Cahiers » sont en vente en page boutique. C’est ici.

    La bibliographie est téléchargeable au format livret et au format liste déroulante. C’est .