Au bon temps du Ministère

    L’attribution aujourd’hui du Grand Prix du livre pour la Jeunesse montre la volonté du Ministère délégué à la Jeunesse et aux Sports de mener une politique active en matière de livres pour les jeunes.

    C’est pourquoi trois axes ont été privilégiés :

– encourager la réflexion autour du livre pour les jeunes

– promouvoir la lecture des jeunes

– stimuler la création

    Pour la réflexion et la promotion, le Ministère aide un certain nombre d’associations à mener un travail de recherche autour du livre pour les enfants et les jeunes.

    Ainsi à titre d’exemple, il soutient des associations qui font un travail d’analyse de la production de livres pour enfants, telle l’association « Loisirs Jeunes ». Il aide financièrement l’organisation de colloques traitant de ce problème.

    Le dernier en date, organisé au mois d’octobre à Saint-Etienne par le Centre de Recherche et d’Information sur la Littérature pour la Jeunesse a montré tout le foisonnement d’idées qui existe dans ce secteur. Il a permis également de situer le climat de notre édition nationale. Ainsi, sur 360 éditeurs en exercice, 85 travaillent pour la jeunesse et publient plus de 5000 titres à raison de 80 millions d’exemplaires.

    Les principaux problèmes abordés, lors du Colloque : critères de sélection des manuscrits ou réédition de certains sujets tabous, ou au contraire provocations, auto-censure des auteurs désireux d’abord de se vendre, motivations d’achat et envie de lire, démocratie du choix et éducation du choix, écriture spécifique ou non – sont autant de questions posées par les animateurs et par les professionnels. Elles m’apparaissent bien être celles qu’il faut aborder et notamment les deux dernières.

    La question est en effet de savoir si la littérature générale n’est pas la seule littérature ? Bref, si elle n’est pas la seule littérature fabriquée par de vrais et grands écrivains, alors que la littérature pour jeunesse ne serait qu’une sous-littérature, un genre mineur à l’usage d’un public mineur. Ce qui est dit ici pour les auteurs, vaudrait aussi pour les éditeurs.

    Bien entendu, à ces questions je réponds non. L’écriture pour les adolescents n’est pas une écriture spécifique en ce sens où on la considère comme l’écriture du pauvre, comme l’écriture à l’usage des sous-lecteurs non encore formés, car bien souvent, on perçoit la littérature pour la jeunesse comme une littérature tout court, avec quelque chose en moins. En fait, il s’agit de tout autre chose. Elle est un autre genre, un autre parti, un autre mode d’expression avec ses chefs-d’œuvre et ses « navets », comme n’importe quel genre.

    Pour la démocratie du choix et l’éducation du choix, il me semble que l’essentiel pour que le livre prospère est qu’il soit partout, la bibliothèque ne doit pas être un lieu sacré d’enfermement. A la crèche, dans les locaux de PMI., dans la classe, dans les transports, à l’hôpital, l’enfant, le jeune doit côtoyer le livre.

    Ceci me permet d’aborder le deuxième axe de notre politique :

    La promotion de la lecture auprès des jeunes : lancé comme une sorte de bouteille à la mer, le livre est certes bon ou mauvais. Mais, il est toujours bon, s’il offre des qualités d’écriture, d’invention, de préparation et s’il s’adresse à l’adulte à travers l’enfant et à l’enfant à travers l’adulte, car il est le lien privilégié de tous les âges. Or les livres lus quand on est enfant ne s’oublient jamais. Qui sait même s’ils ne laissent pas en nous plus que les livres que nous avons lus plus tard ?

    C’est cette idée qui a initié la mise en place de l’opération La Forêt aux Histoires dont nous avons pu apprécier tout l’intérêt.

    Je voudrais tout spécialement remercier le président du Centre Georges Pompidou ainsi que le Directeur de la Bibliothèque Public d’Information de l’accueil qu’ils ont réservé à cette exposition. En accueillant l’exposition sur La Forêt aux Histoires, le Centre Georges Pompidou joue pleinement son rôle, c’est-à-dire être ouvert à toutes les formes d’expression, être un lieu de rencontre, un lieu de créations multiformes. Il démontre que les créations culturelles vont être de plus en plus au cœur de la vie de nos contemporains que tous, quel que soit l’âge, peuvent être actifs et créatifs lorsqu’ils disposent d’instruments d’expression adéquats.

    Cette exposition montre bien la créativité des enfants et tout le travail de formation qui a été mené durant cette opération. Il existe une forte demande de formation de la part des enseignants et des responsables qui ne trouvent que rarement dans leur formation professionnelle une réponse correspondant à leurs préoccupations dans ce domaine.

    Votre démarche d’apprivoisement du public par l’enfant est originale. Toute exposition qui a pour thème le livre ou la lecture rebute a priori les parents s’ils n’appartiennent pas un certain milieu intellectuel. Par ailleurs, souvent elle ne mobilise pas l’imagination enfantine.

    Or, La Forêt aux Histoires tient à la fois du cirque, de la parade, fait appel au fantastique des formes et des couleurs. Elle mobilise l’enfant qui entraîne ses parents. L’arbre sert d’annonce pour inciter à pénétrer dans le monde de la lecture. En outre, il s’agit là d’une mobilisation plus générale de la famille et du milieu environnant. Les adultes découvrent leurs enfants dans un autre contexte que le contexte familial ou scolaire. Il est important pour ceux-ci de voir avec quelle passion, quel intérêt, des enfants, même très jeunes, peuvent spontanément se précipiter sur les livres.

    Par ailleurs, La Forêt aux Histoires a fait participer à un même objectif, le Ministère délégué à la Jeunesse et aux Sports, celui de la Culture, de l’Education Nationale, du Fonds d’Intervention Culturelle, le Centre National des Lettres. Compte-tenu de son intérêt, un nombre important d’organismes très divers y a participé. Je n’en citerai que quelque uns : associations familiales et de parents d’élèves, maisons pour tous, bibliothèques, écoles, écoles de beaux-arts, instituts médico-pédagogiques.

    Ainsi plus de 1000 enfants d’origines très diverses, ont participé à cette animation en lisant beaucoup de livres. Plus de 45 000 visiteurs ont pu découvrir 300 livres pour les enfants et les jeunes, à Cugnaux, près de Toulouse, à la Seyne-sur-Mer, à Brest, à Grand-Quevilly, à Besançon, et dans tout le département des Yvelines.

    L’exposition que nous avons visitée montre bien l’extraordinaire force créatrice qui a stimulé l’effort des enfants, des éducateurs, des bibliothécaires, pour aboutir à ces forêts toutes bruissantes d’idées, de formes, de couleurs, de matières.

    Le livre dans la vie quotidienne de l’enfant est en fait un vaste sujet. Mais l’absence du livre dans cette vie, le livre délaissée rejeté, le livre objet d’indifférence ou de rancune, voilà qui soulève bien des problèmes. En fait, si le livre a une place si faible dans la vie quotidienne de l’adulte, c’est peut-être parce que trop d’enfants d’hier ne l’ont pas connu. A travers le livre, c’est toute la culture ou presque qui prend racine dans la vie. La Forêt aux Histoires constitue dans aucun doute, l’un des moyens pour mieux connaître le monde de la lecture.

    Mais, aujourd’hui, la communication et l’expression passent massivement par l’audiovisuel. Certes, quelques émissions sur les livres pour les jeunes existent déjà sur les différentes chaînes de télévision : Les pieds au mur sur TF1, Bouquin, Bouquine coproduit avec la Ligue Française de l’Enseignement et de l’Education Permanente et Antenne 2, Des livres pour nous sur FR3, et, à la radio, Le livre, ouverture sur la vie (émission hebdomadaire de Monique Bermond et Roger Boquie sur France Culture). Mais, elles me semblent peu importantes par rapport à l’enjeu, c’est-à-dire le goût de la lecture chez les jeunes. Pourquoi, alors, ne pas imaginer que la télévision puisse faire un effort supplémentaire dans ce domaine et fasse connaître de nouveaux talents ?

    Promouvoir la création, découvrir de nouveaux talents, telles sont en fait les raisons pour lesquelles le Ministère délégué à la Jeunesse et aux Sports de 8 à 12 ans et intitulé Grand Prix du Livre pour la Jeunesse.

    Un des problèmes de l’édition française est certainement la relative rareté des auteurs et beaucoup de textes publiés en France pour les jeunes sont des traductions. On dira que les éditeurs privilégient dans leur programme les œuvres déjà recommandées par un succès international, que les maisons étrangères offrent peu de chance aux livres français d’être mieux connus dans le monde. Quoi qu’il en soit, beaucoup de progrès restent à faire, et le gouvernement a entrepris une action dans ce sens.

    Le Grand Prix du Livre pour la Jeunesse prend part à cette politique en cherchant de nouveaux auteurs, notamment pour les 8-12 ans, créneau particulièrement difficile à cerner au niveau de la demande. La découverte de nouveaux auteurs devrait constituer un des facteurs pour augmenter la diffusion du livre pour les jeunes aussi bien en France qu’à l’étranger. En effet, la diffusion du livre français à l’étranger est une des priorités du gouvernement à la fois sous l’angle du commerce extérieur et sous l’angle du rayonnement culturel.

    Voilà en quelques mots les actions menées par le Ministère délégué à la Jeunesse et aux Sports qui complètent celles d’autres Ministères et notamment celui de la Culture. Elles devraient permettre l’accès à un public élargi et préparer dès aujourd’hui les lecteurs de demain.

( texte paru dans le n° 19 – 15 mars 1983 – du bulletin du CRILJ )

Née en 1945 à Nevers (Nièvre), Edwige Avice est diplômée en lettres, en sciences politiques et en commerce international. Elle est nommée, après la victoire de François Mitterrand, Ministre déléguée à la Jeunesse et aux Sports auprès du Ministre du Temps Libre, André Henry. Elle devient Ministre déléguée au Temps libre, à la Jeunesse et aux Sports dans le troisième gouvernement Mauroy. Femme politique qui a la plus grande longévité ministérielle. Edwige Avice est aujourd’hui encore une experte en défense au niveau européen. Nommée Chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur en 1998, par le gouvernement de Lionel Jospin, elle est promue au grade d’officier par Nicolas Sarkozy (promotion de Pâques 2009), au titre du Ministère de la Santé et des Sports.

 

Créé en 1981 par le Ministère de la jeunesse et des sports et le Centre de Recherche et d’Information sur la Littérature pour la Jeunesse (CRILJ), le Prix du Livre pour la Jeunesse de Ministère de la jeunesse et des sports, avait pour but de favoriser la création et la diffusion des livres de qualité pour les jeunes et de découvrir et promouvoir de nouveaux talents littéraires. Deux jurys, l’un composé d’adultes, l’autre de jeunes de 11 à 14 ans. Le prix récompensait deux romans ou contes inédits d’expression française, sur manuscrit anonyme. Il fut, en 1992, remplacé par le Prix du roman jeunesse du Ministère de la jeunesse et des sports,

La Biennale Internationale d’Illustration de Bratislava

     Pour la première fois depuis vingt ans, le Grand Prix de la Biennale Internationale d’Illustration de Bratislava, plus connue dans les milieux de l’édition et des arts graphiques sous le sigle BIB, a été attribué à un artiste français, le peintre Frédéric Clément qui présentait des originaux de Bestiaire fabuleux (Magnard 1983) et de Histoire de Lilas (Ipomée 1984).

     On sait que cette manifestation placée sous lee auspices de l’UNESCO, de l’IBBY et de l’UNICEF est à l’illustration ce que le Festival de Cannes est au cinéma. Elle a des répercussions à très longue portée : l’exposition des œuvres des lauréats est itinérante à travers le monde, les timbres émis pour cette occasion sont très recherchés par les philatélistes et les livres par les collectionneurs adultes autant que par les enfants.

     A cette dixième BIB, jubilatoire, participait 155 illustrateurs parmi les meilleurs de 50 pays des cinq continents, dont 18 français.

     Confrontation passionnante, choix difficiles. A prendre connaissance des noms des vingt finalistes, nos lecteurs s’intéressant à l’image en auront conscience.

     Le jury international de la Biennale d’Illustration de Bratislava a tenu ses séances du 2 au 5 septembre 1985, à Bratislava.

     Ses membres en étaient : Lucia Binder (Autriche), Janine Despinette (France), Ottilie Dinges (RFA) Hisako Aoki (Japon), Marilyn Hollinshead (USA), Horst Kunze (RDA), Regina Yolanda Werneck (Brésil), Olga Siemaszkawa (Pologne), Bigdan Krazok (Yougoslavie), Carla Poesio (Italie), Orest Verejakoj (URSS), Uarian Vesely (Tchécoslovaquie), Ulf Löfgren (Suède), Moroslav Kudrana (Tchécoslovaquie).

     Le Grand Prix de la BIB’85 a été attribué à Frédéric Clément.

     Les illustrateurs français présentés dans l’exposition de la BIB jusqu’à fin octobre 1985 sont les suivants : Frérécic Clément, Dorothée Duntze, Claire Forgeot, Henri Galeron, Kelek, Alain Letort, Agnès Mathieu, Olivier Poncer, Jean-Claude Marol et Eve Tharlet.

     On peut se procurer les catalogue des BIB à ARCURIAL et à la librairie de la Hune et des informations complémentaires sur les « Prix littéraires dans le monde » dans la revue Enfance numéro 3-4 de 1984.

 ( article paru dans le n°26 – novembre 85 – du bulletin du CRILJ )

  frédéric clément

 Critique spécialisée en littérature pour l’enfance et la jeunesse, d’abord à Loisirs Jeunes, puis à l’agence de presse Aigles et dans de très nombreux journaux francophones, Janine Despinette, qui fut également chercheuse, apporta contributions et expertises dans de multiples instances universitaires et associatives. Membre de nombreux jurys littéraires et graphiques internationaux, elle crée, en 1970, le Prix Graphique Loisirs Jeunes et, en 1989, les Prix Octogones. A l’origine du CIELJ (Centre Internationale d’étude en littérature de jeunesse) en 1988, elle fut très longtemps administratrice du CRILJ.  

Le Grand Prix de Poésie pour la Jeunesse

Grâce à la rencontre du Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports et de la Maison de Poésie, le premier Grand Prix de Poésie pour la Jeunesse a été décerné en octobre 1989.

    Quatre cent vingt deux poètes ont concouru, quatorze manuscrits ont été sélectionnés et le jury, sous la présidence de Claude Roy, a attribué ce prix de 30 000 francs à un poète belge, Pierre Coran, pour son recueil Jaffabules, tout en soulignant également la grande valeur du manuscrit de Marc Alyn, A la belle étoile. La remise du prix a eu lieu à l’Hôtel de Massa, à Paris, le samedi 21 octobre 1989, pendant la Nuit de la Poésie, retransmis par France-Culture.

    Jaffabules sera prochainement édité dans la nouvelle collection de poésie Hachette-Jeunesse.

    Ce Grand Prix attire l’attention sur la vitalité de cette création poétique par le grand nombre des candidats. Mais la sélection sévère, qui s’est opérée dans le plus stricte anonymat, montre que les deux organismes responsables sont soucieux de promouvoir une politique de qualité et d’exigence dans un genre particulièrement difficile.

    Par-delà cette excellente sélection, ce premier Grand Prix consacre l’importance de la poésie dans la littérature de jeunesse. Grâce au travail des enseignants, des bibliothécaires, des animateurs, des critiques, etc, la rencontre des enfants et des adolescents avec la poésie de leur époque est souvent une réalité quotidienne – et l’on sait qu’elle se prolonge tout naturellement par une création personnelle de chaque enfant.

    Par ailleurs, pour beaucoup de poètes contemparains, cette rencontre est une expérience importante, essentielle même, par la qualité d’accueil de ce jeune public qui, en dehors de tout snobisme, est un vrai public, inaccessible aux modes, mais sensible à la seule qualité du texte qui lui communique son émotion.

    Beaucoup de poètes vont aujourd’hui retrouver les enfants dans des classes ou des bibliothèque, pour se ressourcer.

    En cette fin du XXème siècle, enfance et poésie semblent avoir partie liée – mais on sait aussi que la poésie n’a pas d’âge.

    Ce mouvement qui poursuit son cours influencera forcément la poésie des prochaines années et rélèguera sans doute au second plan un hermétisme désuet, au profit d’une poésie plus vaste, plus généreuse, mieux partagée.

    Le grand succès de ce premier Prix le montre bien, puisque des poètes de tous âges, de pays divers, en des styles différents, des « amateurs » inconnus et des « professionnels » célèbres ont participé à ce concours.

    Voulant poursuivre leur aide à cette rencontre de la jeunesse et de la poésie vivante, le Secrétariat d’Etat et la Maison de Poésie ont donc décidé de lancer dès à présent une deuxième édition, celle de 1990, doté d’un prix de 40 000 francs. Le règlement peut en être demandé au Secrétariat à la Jeunesse et aux Sports, 78 rue Olivier de Serres, 75015 Paris.

    Il reste à résoudre le problème de la diffusion de cette poésie vivante. Beaucoup de manuscrits de valeur (en particulier parmi les quatorze sélectionnés) mériteraient d’être édités. Le poésie ne devrait pas être incompatible avec la grande édition moderne.

    La réussite de ce prix montre en tout cas que la poésie pour l’enfance et la jeunesse est un secteur vigoureux de la création contemporaine.

( texte paru dans le n° 37 – 3/1989 – du bulletin du CRILJ )

   jaffabules

D’abord instituteur et professeur, puis écrivain, anthologiste, directeur de collections chez plusieurs éditeurs, Jacques Charpentreau fit beaucoup pour la diffusion de la poésie. Parmi ses nombreux recueils pour jeunes lecteurs : Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant et Poèmes pour les jeunes du temps présent. Il écrivit aussi, pour les enfants, de nombreux romans (Comment devenir champion de football en mangeant du fromage, La Famille Crie-toujours). Auteur, pour des lecteurs adultes, de poésie, de théâtre, de pamphlets, il est président de La Maison de Poésie. Très attaché au CRILJ, il en fut longtemps l’un des vice-présidents.

   

En revenant de la foire

     Pour cette Foire 2008, quelques 6000 professionnels de l’édition, livres et multimédia pour l’enfance et la jeunesse dont 4701 professionnels non italiens en provenance de 43 pays se sont retouvés à Bologne « sous le signe du business et du commence pour faire un tour d’horizon sur les nouvelles tendances du produit et échanger des droits d’auteurs. »

     Le Centre des agents littéraires est devenu le lieu privilégié des rencontres. Le Centre des traducteurs, acteurs essentiels pour la circulation du produit, revèle la création d’une base de données réunissant les traducteurs du monde entier, la Word Directory of Children’s Books Translators.

     Et les créateurs de livres – les poètes, les écrivains, les illustrateurs, les éditeurs concepteurs – dans tout cet ensemble d’affairisme ?

    L’on pouvait en croiser encore quelques uns pour un dialogue au Café des Illustrateurs (créé, rappelons-le, par l’éditeur français Pierre Marchand), dans l’exposition des illustrateurs dont les vedettes étaient, en cette année 2008, les artistes de l’Argentine, pays d’hôte de la Fiera. Mais les français étaient rares.

    A l’extérieur de la Foire, nombreuses cependant était encore, dans la ville, les conférences, débats et expositions organisés par les institutions culturelles.

     Décernant ses prix, le jury des Bologna Ragazzi Award, toujours sous la présidence du Professeur Faeti, de l’université de Bologne, en attirant cette fois l’attention sur l’éclectisme de la recherche conceptuelle dans les ouvrages présentés cette année, prouve, quand même, l’importance des liens à maintenir entre les créateurs et les professionnels dans la mise en valeur de la littérature pour l’enfance et la jeunesse.

     Il vaudrait mieux que le professionnels en tiennent compte.

 ( article paru dans le n°92 – mars 2008 – du bulletin du CRILJ )

 

Critique spécialisée en littérature pour l’enfance et la jeunesse, d’abord à Loisirs Jeunes, puis à l’agence de presse Aigles et dans de très nombreux journaux francophones, Janine Despinette, qui fut également chercheuse, apporta contributions et expertises dans de multiples instances universitaires et associatives. Membre de nombreux jurys littéraires et graphiques internationaux, elle crée, en 1970, le Prix Graphique Loisirs Jeunes et, en 1989, les Prix Octogones. A l’origine du CIELJ (Centre Internationale d’étude en littérature de jeunesse) en 1988, elle fut jusqu’à récemment une fidèle  administratrice du CRILJ.  

La Foire de Bologne vue de Suisse

 

 

 

 

 

     Evénement mondial annuel numéro un dans le domaine de la littérature pour la jeunesse, la Foire du Livre pour Enfants vient d’ouvrir ses portes, pour sa vingt-deuxième édition, dans les modernes installations d’exposition de Bologne. Durant quatre jours, ce rendez-vous rassemble les éditeurs et spécialistes de littérature enfantine avant tout, mais également de livres scolaires, de bandes dessinées et, cette année, d’informatique éducative.

     S’il existe aujours’hui de par le monde plus d’une dizaine de très importantes foires internationales du livre, le Salon du Livre de Paris (en mars-avril) et, surtout, le Foire de Francfort (en octobre) étant les plus essentielles en Europe, la Foire de Bologne est la seule, à l’échelle planétaire, à se consacrer exclusivement à l’édition pour enfants et adolescents. Cette importance s’observe immédiatement dans les chiffres : 1007 éditeurs-exposants, issus de 53 pays ; 13000 mètres carrés de surface d’exposition ; 14826 visiteurs en 1984. En fait, Bologne est le seul endroit où le chaland peut découvrir simultanément les derniers livres anglais, japonais, hongrois, de Lausanne ou de Singapour, et cotôyer le « gratin et la plèbe » de la profession.

 Les fonctions d’une foire

     Caractéristique immédiatement sensible pour le visiteur, cette foire est une affaire de professionnels pour d’autres professionnels, ceci à deux niveaux. C’est d’abord le va-et-vient incessant des responsables littéraires et directeurs commerciaux d’un stand à l’autre. C’est à Bologne au printemps et à Francfort à l’automne que « se fait » commercialement parlant l’édition jeunesse. L’un des phénomènes actuels de celle-ci est en effet une internationalisation forcenée, qui permet d’abaisser sensiblement les coûts de production et qui voit classiques, auteurs reconnus et démarches originales se publier successivement dans de multiples langues ou se coéditer simultanément par-delà les océans. Chaque année voit ainsi des courants et des modes nouveaux se dessiner.

     Deuxième aspect : une telle manifestation constitue un mouvement de valse continu pour cartables. La foule quasi anonymes des illustrateurs qui ne veulent plus l’être court inlassablement stands et officines de spécialistes pour décrocher le contrat nourricier. Rude tâche, le plus souvent ingate et vaine, à laquelle ne sacrifient plus les « vedettes de l’artistic society » également présente en nombre. Poignées de mains, signatures, adresses et tuyaux s’échangent à la vitesse grand V et la caravane des non-initiés passe…

 Des expositions

     1985, promu Année de la Jeunesse a occasionné la modification de l’exposition d’illustrateurs. Un concours a été organisé par la Foire, l’ONU et l’UNICEF. 651 illustrateurs de 28 pays y ont participé en proposant un projet d’affiche de l’année. 55 ont été sélectionnés pour l’exposition et le vainqueur, l’allemand Fred Münzmaler, verra bientôt son affiche répandue sur les cinq continents comme symbole officielle de ce thème.

     Une autre exposition traditionnelle, beaucoup moins développée mais largement fréquentée, est consacré à un aspect structurel de la bande dessinée.

     Enfin, dans un secteur réservé chaque année à une région particulière du globe, c’est la collection Kerlan de l’Université du Minnesota, le plus riche agglomérat des USA en matériel figuratif, manuscrits, art populaire, constituant la part créative pour la jeunesse d’un groupe ethnique particulier, qui prendra la place admirablement occupée en 1984 par une expositon d’illustrateurs latino-américains.

 L’assaut de l’informatique

     S’ouvrant à une réflexion sur un thème parallèle à l’édition, la Foire de Bologne répond, pour la troisième année consécutive, au succès envahissant de l’informatique. Après le titre provocateur Les jeunes et l’ordinateur, un défi pour les éditeurs, un pas semble cette fois franchi vers de nouvelles possibilités d’échanges culturels et économiques avec un programme en trois volets.

     Multinationales et formes performantes du hardware et sofware seront largement représentée dans l’exposition Education et Informatique. Industriels, scientifiques et délégués du monde entier prendront part à un important séminaire centré sur La société de la connaissance et les nouvelles technologies de l’information alors qu’une conférence réunira les plus éminents chercheurs occidentaux afin d’argumenter sur les différents systèmes, projets, instruments et technologies pour l’éducation du futur. Cette ampleur prouve bien la ferme intention du monde éditorial de ne pas manquer le départ de la course technologique. Certaines grandes maisons françaises, italiennes et américaines sont d’ailleurs déjà concrètement présentes dans ce marché, conscientes qu’il s’y joue une partie vitale.

 ( texte paru dans le n° 25 – mai 1985 – du bulletin du CRILJ )

  bologne

Né en 1958, Olivier Maradan a travaillé dans le domaine de la promotion de la lecture et de la littérature de jeunesse durant les années quatre-vingt et jusqu’au milieu de la décennie suivante. Il a été en Suisse l’un des fondateurs d’AROLE, l’association romande de littérature pour l’enfance et la jeunesse, construite sur le modèle du CRILJ, et durant une décennie l’un des organisateurs des fameuses Journées d’AROLE, séminaire bisannuel de formation et d’échanges. Ses travaux ont surtout porté sur la transmission du goût de lire, dans le cadre de la formation des enseignants, des bibliothécaires et des parents. Il a tenu durant douze ans une chronique hebdomadaire de présentation de nouveautés éditoriales et de manifestations internationales en littérature de jeunesse pour un quotidien de Fribourg et a siégé dans plusieurs jurys en Suisse, en France et en Italie. Depuis 1996, ses responsabilités professionnelles dans l’éducation l’ont éloigné du domaine éditorial. Il est actuellement secrétaire général adjoint de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique et responsable de l’harmonisation de la scolarité obligatoire en Suisse.

 

 

 

Lire et puis voter

  

 Quand le plaisir de lire est associé à une véritable démarche citoyenne

     Depuis six ans, le CRILJ Bouches du Rhône, dont le siège est à Velaux, organise, dans des établissements scolaires, centres de loisirs, médiathèques et maisons de retraites, le « Prix Chronos » de littérature.

     Ce prix, créé par la Fondation Nationale de Gérontologie, propose aux participants de tous âges de lire des ouvrages ayant pour thème les relations entre générations, la transmission du savoir, le parcours de vie, la vieillesse, la mort et a pour objectif de  primer les meilleurs albums et romans traitant des relations entre générations et d’éduquer à la citoyenneté grâce au vote individuel.

     Dès l’engagement dans ce projet, en 2003, projet alors soutenu par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports, nous nous sommes efforcés de former, soutenir et même aider financièrement les responsables de structures éducatives de plusieurs villes du département, intéressées : Les Pennes-Mirabeau, la Fare les Oliviers, Vernègues, le Tholonnet, St-Chamas, Vitrolles, Mallemort, le 13 ième arrondissement de Marseille, Berre.

     Cette action a été reconnue par l’obtention du « Prix D’Age en Age », qui récompense les associations qui font participer le plus de lecteurs d’âges différents, prix honorifique dispensé par la Fondation Nationale de Gérontologie.

     A Velaux, voilà cinq ans que nous prenons en charge l’organisation du Prix Chronos pour faire lire et voter les enfants des deux groupes scolaires, certaines classes du collège Roquepertuse, des enfants du centre de loisirs Evea, les jeunes du comité de lecture de la médiathèque et, cette année, des résidents de la maison de retraite, sans compter les adultes qui participent volontiers à cette aventure.

     Tous ces lecteurs se retrouvent le jour du vote, carte d’électeur en main, dans différents bureaux : médiathèque, maison de retraite et même, une année, mairie, tenus par un élu de la commune. A Velaux, la participation amicale des élus sollicités donne à l’évènement un caractère solennel.

     Les enfants se souviennent longtemps après de ce jour où, à tour de rôle, dans le calme et le respect des règles, ils sont passés par l’isoloir, ont mis le bulletin choisi dans l’urne, ont signé la feuille d’émargement et, pour certains, participé au dépouillement. Plusieurs « grands » sont fiers de présenter leur carte d’électeur précieusement conservée d’une année sur l’autre et quelle responsabilité pour ces petits de maternelle qui, cette année, sont arrivés avec la procuration de leur parents pour voter à leur place car, oui, les parents ont le droit de lire aussi et ils ont le droit d’exprimer leur choix !

     Une innovation cette année : la création, à Velaux, d’un prix de poésie, « le Prix Ronsard », demandé par les enseignants du primaire, présenté et organisé selon le même processus que le « Prix Chronos ».

     Ce prix a eu un tel succès et a eu des prolongements si prometteurs (voir l’exposition itinérante réalisée par l’atelier d’art graphique du CASL) que nous nous préparons à renouveler cette action qui permet de sensibiliser à la magie des mots et à l’art de la poésie. 

 

  chronos

Née à Tunis en 1941, Mireille Joly doit à son institutrice de CM2 sa passion pour les lectures partagées. Psychologue scolaire, formatrice en Ecole Normale, directrice de CVL, responsable pendant dix ans d’un organisme de formation, elle est depuis fort longtemps impliquée dans la promotion de la littérature de jeunesse : création de coins-lecture en milieu scolaire et en centres de loisirs, animation de BCD, introduction de la littérature pour la jeunesse dans la formation initiale des animateurs présentant le Bafa et le Bafd, mise en place de stages spécifiques. Adhérente du CRILJ depuis plus de vingt ans, elle est l’actuelle présidente de la section locale des Bouches du Rhône qui, dans le cadre de ses nombreuses activités, apporte un soutien sans faille au Prix Chronos.