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 Les victimes du système de financement des associations culturelles en France

     Le système de financement des associations culturelles en France est cassé. Et,  avec le Salon du Livre de jeunesse de Montreuil, avec Livres au Trésor, Ricochet risque d’en être l’une des premières victimes marquantes. Et pourtant, la bonne solution, solide, a été trouvée, qui obtient l’appui du gouvernement suisse.

     Le sort de Ricochet est entre les mains de Mme Anne de Pingon, Juge commissaire, du Procureur de la République et de Me François Brucelle, Mandataire judiciaire à Charleville-Mézières. Et le critère du choix du repreneur serait, paraît-il, strictement d’ordre financier, à l’exclusion de tous aspects culturels ou de projet viable !

 Le temps passe, une candidature fantaisiste se déclare

     Les semaines passent malgré les appels lancés au juge par notre défenseur, Me Dominique Tricaud, et une minuscule maison d’édition du nom de Ricochet (déjà usurpé à sa création en 1995) vient de se déclarer intéressée à reprendre le site, du fait simple de porter son nom. Les finances de cette maison d’édition (qui publie péniblement 5-6 titres par an) ne lui permettent clairement pas d’assumer la charge du site. Il est en plus impensable qu’une maison d’édition quelconque reprenne un site ouvert à la production de tous les éditeurs, petits et grands. Ce conflit d’intérêt, fondamental, a été relevé par des éditeurs qui cesseraient alors tout service de presse au site ainsi dévoyé, en particulier Gallimard Jeunesse dont la Présidente, Hedwige Pasquet, menace de saisir le Syndicat National des Editeurs (SNE) de ce litige : sans service de presse de tous les éditeurs de langue française, le site se meurt, puisque notre vaste public vient principalement pour découvrir les critiques des nouveaux ouvrages.

     Il nous a été aussi signifié que seule la somme mise à reprendre le site allait compter, quelle que soit par la suite la viabilité de Ricochet. Il s’agit donc uniquement d’une histoire d’argent : l’Institut suisse, à la demande du liquidateur, a proposé d’acheter le site pour un euro, sachant bien le niveau des sommes à investir dans les années à venir. Mais il faut absolument « réduire la dette ». Or on ne nous dit pas, à ce jour, ce qu’elle peut représenter !

     Il faut bien le dire tout haut : le système de financement des associations culturelles par les deniers publics est bel et bien cassé. Il va falloir complètement changer ce système et recourir exclusivement à des sponsors, à l’américaine : la France n’y pas préparée ! Cela explique clairement un transfert vers la Suisse, où l’Office Fédéral de la Culture et l’Institut Jeunesse et Médias ont reconnu l’intérêt incontesté du site pour la Francophonie, et ont mis à sa disposition de quoi poursuivre et développer ses activités culturelles pour la jeunesse.

     Le financement public français est exsangue. Un point c’est tout. « Le site vaut des millions ! » affirme-t-on. Oui, des millions de visiteurs, mais ne rapporte pas un sou ! Et il faut le faire tourner chaque jour. Ce qui demande un budget annuel conséquent.

 Le sujet : le sens critique des enfants

     Dans une situation de crise financière globale, il paraît indispensable de proposer à nos enfants, et de façon indépendante des circuits commerciaux, des livres qui éveillent leur imagination, leur sens critique aussi, pour qu’ils puissent à leur tour prendre leurs responsabilités.

     Il ne s’agit pas seulement de livres et de lecture, mais de la survie intelligente de la nation.

     Ricochet doit rester un instrument respecté internationalement au service de la Francophonie. Hedwige Pasquet insiste : « Alors que les médias accordent, hélas, de moins en moins de place aux critiques des livres pour la jeunesse, Ricochet prend une importance évidente pour tous ceux qui créent et publient des livres et assurent ainsi le rayonnement de la culture francophone. »

 ( texte envoyé au CRILJ par son signataire le lundi 10 janvier 2010 )

 

  ricochet

 

 Né à à Lausanne en 1941, Étienne Delessert y entame une carrière de graphiste, travaille à Paris de 1962 à 1965 puis part pour New-York. Son premier album, Sans fin la fête, est publiée en 1967 par Harlin-Quist. Suivront Le conte n°1 en 1969 et Le conte n° 2 en 1970 sur des textes d’Eugène Ionesco. Revenu en Suisse en 1971, il ouvre l’atelier de films d’animation Carabosse et imagine le personnage de Yok-Yok. En 1985, il s’installe dans le Connecticut d’où – aujourd’hui auteur et illustrateur de plus de 80 livres – il continue à s’exprimer par l’album, l’affiche, le graphisme, le dessin de presse et la peinture. Il est l’actuel président du CIELJ (Centre International d’Etudes en Littérature pour la Jeunesse).