Françoise Mateu (1947-2018)

 

Hommage à Françoise Mateu

par André Delobel

    Françoise Mateu est décédée le lundi 21 mai 2018. Elle avait 71 ans. D’abord enseignante puis assistante marketing, elle aura œuvré dans le secteur du livre pendant près de quarante ans. Libraire en librairie générale et en librairie jeunesse, elle rejoint Lise Bourquin Mercadé, en 1984, aux éditions Vif Argent, puis devient l’assistante de Suzanne Bukiet, en 1985, à la librairie internationale pour la jeunesse L’arbre à livres. Elle sera, en 1997, directrice éditoriale des éditions Syros Jeunesse et des éditions Seuil Jeunesse (où elle succéde à Jacques Binstok) de 2005 à 2011. Elle travailla également au Sorbier et chez Albin Michel.

    Lors du choix d’un texte, Françoise Mateu revendiquait à la fois exigence et subjectivité : « On doit, quand on lit un manuscrit, être touché en tant que lecteur adulte. Ensuite, beaucoup de choses entrent en compte. Est-ce la proposition d’un auteur-maison ? Et, dans ce cas, nous sommes plus indulgents. Le texte commence-t-il assez vite ? Y a-t-il une tension ? Une problématique ? Mais il n’y a pas que des questions de style et d’écriture. On doit en effet se demander, simplement, si le texte rentre dans notre catalogue. » Les auteurs qui ont travaillé avec elle (Cécile Roumiguière, Yaël Hassan, Nicole Maymat…) sont unanimes : Françoise Mateu savait prendre des risques, n’hésitant pas à publier un texte difficile parce qu’il lui plaisait et en dépit de l’incertitude commerciale. Sylvie Baussier raconte que c’est pour accueillir, chez Syros, le documentaire Petite histoire des langues que l’éditrice ajouta une nouvelle collection au catalogue.

    Peu à peu, les albums devinrent le domaine privilégié de l’éditrice. Parmi les témoignages que nous avons reçus, nous retenons (partiellement) celui de Thierry Dedieu qui eut le temps d’écrire à son amie quelques jours avant son décès : « Plus que la liste de nos publications, deux souvenirs extra-professionnels restent à jamais dans ma mémoire, le premier ce sont nos engueulades dans ton étroit bureau du Seuil, quand je « montais » à Paris. Après quelques minutes le ton « montait » lui aussi. Et les personnes dans les bureaux voisins ne se doutaient pas que ce n’était qu’un simulacre révélateur d’une grande complicité. […] Je te remercie pour ta bienveillance à mon égard et parce que personne ne m’a cerné autant que toi. » Gilles Bachelet qui croisa Françoise Mateu au Seuil parle de son enthousiasme, de sa générosité et de son étourderie légendaire. Benjamin Lacombe témoigne lui aussi : « Françoise Mateu était un de mes phares et ce phare s’est éteint. Elle était celle qui, au détour d’un salon du livre, était rentrée dans ma vie et m’avait donné ma chance pour mon premier livre jeunesse, Cerise Griotte. Nous nous étions rencontrés autour de livres et c’est de nombreux livres que nous ferions ensemble. […] Françoise était une vraie éditrice, de celles qui suivent un auteur, même pour des livres difficiles. De celles qui ne font pas de cadeau lorsque l’exigence baisse. De celles surtout qui savent réconforter, motiver et parfois aussi protéger son auteur. » Françoise venait de signer, avec Sébastien Perez, la préface de Curiosities, art-book de Benjamin Lacombe paru début mai chez Daniel Maghen.

   Impliquée, depuis la fin des années 1970, dans les activités du CRILJ, Françoise Mateu s’intéressa particulièrement aux questions de formation et il n’était pas rare de la rencontrer lors d’une journée professionnelle pour parler métier ou sur un salon du livre, assurant la médiation d’une rencontre ou d’un débat. Elle nous raconta plusieurs fois ses aventures de voyage dans le Transsibérien.

(paru dans le n° 301 (juin 2018) de La Revue des livres pour enfants consacré à Gilles Bachelet)

 

 

FLORILEGE

     « Avec la disparition de Françoise Mateu, la littérature de jeunesse perd une grande éditrice et une militante du livre. Très attentive à l’enfance, elle refusait le livre à la mode, celui qui se démode si vite. Résolument engagée, elle voulait des livres accessibles et sans sophistication, des livres authentiques, des livres compagnons, de ceux qu’on lit et relit. Ce fut son combat. Avec un vrai talent de communication, elle a découvert nombre d’auteurs et d’illustrateurs, très différents, avec lesquels elle a su établir des relations fortes. Je l’avais rencontré lors d’une de mes premières animations scolaires, il y a trente-quatre ans, dans « sa » librairie de Muret. Nous avons régulièrement travaillé ensemble et depuis sa retraite nous nous organisions des séances de travail joyeuses et libres sur mes projets d’albums. Sa fidélité, sa sincérité, ses qualités humaines rares, sa compétence, son immense courage et son histoire personnelle font d’elle une personne réellement irremplaçable. » (Claire Nadaud, auteure-illustratrice)

    « C’était une très grande dame de l’édition. J’ai adoré travailler avec Françoise Mateu chez Syros. C’est la seule et unique qui m’ait pris un manuscrit en me disant qu’il n’était absolument pas « commercial », mais qu’elle le publierait juste parce qu’elle aimait ce texte. » (Yaël Hassan, auteure)

    « Choc. Grande tristesse. Son sourire, sa bienveillante attention, son humour – parfois grinçant. Oui, j’ai aimé travailler avec elle au Seuil. Nous nous faisions mutuellement confiance. C’était un plaisir et puis on riait. Je n’arrive pas à y croire. » (Nicole Maymat, auteure, éditrice)

    « Oh mon dieu, quelle triste nouvelle ! Quel chagrin que le mien ! J’ai tant aimé travailler avec elle, tant aimé partager du temps avec elle. Quelle belle personne, quelle éditrice ! Comme je suis triste. » (Martine Delerm, auteure)

    « Chez différents éditeurs j’ai pu faire des livres très personnels, sur lesquels j’ai pu m’exprimer pleinement. Heureusement, j’ai cette chance-là. Ce qui est agréable, c’est le rapport humain. C’est quelque chose qui compte beaucoup. C’est quelque chose que j’ai eu au Seuil avec Françoise Mateu. Une fois qu’elle est partie, je n’arrivais plus à travailler au Seuil. Elle est venue avec moi et nous avons bossé ensemble chez Albin Michel. » (Benjamin Lacombe, auteur-illustrateur)

    « De vous, Françoise, je garde l’image d’un sourire amusé. La première fois que je vous ai vue, c’était à Montreuil, pendant une table ronde sur la littérature, la jeunesse et les livres. Littérature, jeunesse, livres : rois mots qui vous vont si bien. Vous représentiez l’édition dans ce qu’elle a de plus noble, vous me faisiez un peu peur, je ne me sentais pas à la hauteur. Des lunettes graphiques, colorées – rouges il me semble -, votre sourire amusé, votre assurance. Oui, une grande dame de l’édition. Sans me connaître, dans ce métier qui est aussi un commerce, vous avez accepté de publier une histoire complexe, difficile à vendre. Cela ne vous faisait pas peur. L’idée d’un beau livre à venir était essentielle à vos yeux, vous y mettiez tout votre savoir-faire. Vous voyez, Françoise, je vous vouvoie encore. Nous n’avons pas pris assez le temps de nous connaître. Tous les livres que vous avez mis au monde me parleront de vous. De chaleureuses pensées à vos proches, je sais à quel point ils comptaient pour vous. » (Cécile Roumiguière, auteure)

    « Mes rapports avec Françoise ont toujours été très chaleureux. Je sais qu’elle appréciait mon travail. Mais, mon éditeur étant Patrick Couratin, nos relations furent limités aux réunions de représentants ou de libraires. Je l’ai revue plusieurs fois après son départ du Seuil au Salon du livre pour la jeunesse de Rueil Malmaison où elle allait presque chaque année car elle habitait tout près. » (Gilles Bachelet, auteur-illustrateur)

    « Au Japon, nous nous retrouvons pour le petit déjeuner le premier matin de notre arrivée. Tu as le nez tout rouge d’un rhume attrapé à cause de la clim de l’avion, tu renifles. J’ai le front ouvert d’une plaie parce que je me suis emplafonné la porte vitrée de l’hôtel. Je coagule. Nous nous regardons. Constatons les dégâts. Éclatons de rire. La France était bien représentée. » (Thierry Dedieu, auteur-illustrateur)

    « C’était une grande éditrice, très créative et généreuse, qui faisait confiance. Elle savait faire naître un projet ou en faire évoluer un autre et elle a découvert nombre de talents. » (Caroline Drouault, éditrice)

    « Personnage haut en couleur comme en convictions, d’un milieu qui gomme parfois les aspérités, Françoise Mateu s’est retirée en 2011 sans jamais perdre de vue les créateurs qu’elle a accompagnés. Puisque l’aventure ne peut cesser quand le combat pour la lecture et la tolérance est d’actualité. » (Philippe-Jean Catinchi)

Philippe UG à Moulins

 

Les pop-up de Philippe Hug, c’est rock and roll

« Philippe UG, qui expose ses pop-up à la salle des fêtes de Moulins, a mené une visite-rencontre-punchy, hier, à laquelle une trentaine de personnes ont participé. L’homme a entrepris de déconstruire l’image de « Bohème rêveuse bouts de ficelle » qu’on pourrait avoir du métier d’illustrateur. Après cette visite, on imagine bien plus un travail devant un ordinateur, des coups de fil à des usines et des petites mains qui assemblent les pièces de papier à la main en Chine. Car là est bien la réalité de la production du livre, notamment du pop-up, qui est semi-industrialisée. « Pour arriver à une telle finesse de réalisation, il faut des machines ! » Comment Philippe UG crée-t-il donc ses livres ? « Je travaille essentiellement à l’ordinateur, après avoir créé une « maquette sale » faite avec tout ce que je trouve, pour faire un brouillon rapide. Il faut que la main arrive à suivre la cervelle ! Je travaille ensuite avec un logiciel vectoriel. Avec cet outil, je peux tout faire, par exemple, l’œil d’un oiseau, ses plumes, son bec ». La maquette créée par l’artiste est ensuite améliorée par un ingénieur papier (pour le cas de Philippe UG, c’est lui-même, sinon, c’est souvent un certain Bernard Duisit), avant d’être envoyée à l’éditeur et à l’imprimeur. « C’est là que les problèmes commencent. Car c’est trop gros, et du coup, c’est trop cher. Il faut que le livre soit ensuite vendu moins de 20,00 euros. On coupe, on réduit et on glisse des dessins à la place des découpages de papier en trop. On vous l’avait dit : ça casse le mythe. »

( par Marjorie Ansion – La Montagne – 1ier octobre 2017 )

 

(photographies : Françoise Lagarde et André Delobel)

 

Né en 1958, Philippe Huger dit UG, diplômé de l’École d’arts appliqués Duperré, est graphiste, illustrateur, sérigraphe, imprimeur, professeur de dessin, dessinateur de presse, ingénieur papier et éditeur. C’est en réalisant des décors pour Les Galeries Lafayette qu’il songea à passer de l’illustration proprement dite à la réalisation de pop-up. C’est ainsi que, reconnu désormais pour ses livres animés destinés à la jeunesse, principalement publiés aux éditions Les Grandes Personnes – Drôle d’oiseau (2011), Big Bang Pop (2012) Les robots n’aiment pas l’eau (2013), Le jardin des papillons et Vasarely (2014), Les Shadoks et Lutins des Bois (2015), La princesse Flore et son poney et Tout au fond (2016),  Corolles (à paraitre fin 2018) – Philip UG fut, dès les années 1990, précurseur dans le pop-up d’artiste artisanal en sérigraphie, très apprécié des collectionneurs. Selon Le Figaroscope, Philippe UG « puise ses sources d’inspiration dans la BD alternative, la culture rock, le jeu vidéo, les robots. Les influences d’UG sont à chercher du côté de la mouvance underground. Ses pop-up reflètent, par leur thématique et le traitement de l’image, les atmosphères urbaines et un univers résolument contemporain. » Philippe UG expose très souvent ses pop-ups géants, ses maquettes, ses jouets de papier et ses décors. « Je suis le seul créateur de livres animés à réaliser des expositions. Des auteurs de livres pop-up, il y en a d’autres mais qui restent dans le format livre. Moi, je fais des grands formats notamment parce que j’ai fait du pop-up pour des décors. Donc on a fait souvent appel à moi. »

 

 

 

Serge Bloch à Moulins

 

Illustrateur, c’est un très beau métier

« Je ne me sens pas qu’illustrateur et je ne m’intéresse pas qu’à la jeunesse. Ce qui m’intéresse, c’est le dessin sous tous ses aspects. Illustrateur, c’est un très beau métier, j’illustre souvent des textes. Mais je fais aussi des dessin de presse. Le mot illustrateur est un peu plus étroit. A Moulins, j’expose donc des dessins de presse, d’édition, de communication et de petites sculptures. J’ai commencé ma carrière par là, à la fin des années 1970. Un moment assez génial, tous les groupes de presse, les éditeurs se développaient énormément, Gallimard jeunesse, Nathan, Bayard. À l’époque, c’était sympa et facile de trouver du boulot. J’ai été directeur artistique à Bayard presse pendant longtemps. Ce qui me plaît, c’est de tisser une communication avec l’enfant. Je ne suis pas un professeur, plutôt un amuseur. Dans « Max et Lili », Dominique de Saint-Mars donne le côté sérieux dans les scénarios. J’apporte un peu d’humour pour un résultat ludo-éducatif, dans la lignée de Bayard. J’aurais pu me contenter de faire « Max et Lili », vu le succès de la série. Mais ça m’a donné envie de créer « SamSam », d’aller vers la fantaisie, moi qui avais assez donné dans le quotidien. Avec ce personnage, j’ai aussi un projet de long-métrage, qui sortira dans deux ans et de cinquante épisodes pour la télé. Je suis ce projet de très près. J’aime travailler en équipe, cela me rappelle mes débuts chez Bayard. Ce n’est pas toujours facile de partager son travail mais pour développer, faire vivre ses personnages, il faut l’accepter. Cela ne me dérange pas d’être légèrement trahi, si le résultat est mieux. Gamin, j’ai aimé le dessin avec Hergé, Goscinny, aussi, son génie de l’humour et le trait de Sempé. Je suis très influencé par lui et par des dessinateurs américains comme Steinberg. Il y a aussi Tomi Ungerer, autre invité de la manifestation. Nous sommes tous deux alsaciens. Chez les plus jeunes, j’aime bien Philippe Petit-Roulet, Pascal Lemaître et beaucoup d’autres qui ne sont pas connus. Aujourd’hui, tout le monde veut devenir dessinateur. Ce n’était pas le cas quand j’étais jeune. »

( Serge Bloch – La Montagne – 25 septembre 2017 )

(photographies : André Delobel)

 

Né à Colmar en 1956, Serge Bloch fréquente l’atelier d’illustration de Claude Lapointe à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, puis commence à travailler pour la presse enfantine. Il fut rédacteur en chef visuel du journal Astrapi. Vivant entre Paris et New York, Serge Bloch se partage entre illustration pour enfants (les 90 titres de la série « Max et Lili », SamSam créé pour Pomme d’Api, de nombreux ouvrages chez divers éditeurs), dessin de presse (pour The Washington Post, The Wall Street Journal, The New York Times, The Boston Globe, The Los Angeles Times, etc), travaux publicitaires (Coca Cola, Hermes, RATP, Samsung, Mondial Assistance, etc), cinéma d’animation et expositions. Il a reçu, en 2005, la médaille d’or de la Society of Illustrators, le prix Baobab du Salon du livre et de la presse jeunesse, en 2006, pour Moi j’attends de Davide Cali (Éditions Sarbacane), un Bologna Ragazzi Award de la Foire du livre de jeunesse de Bologne 2007 pour ses illustrations de L’encyclopédie des cancres, des rebelles et autres génies de Jean-Bernard Pouy (Gallimard Jeunesse). En septembre 2016, il a publié, chez Bayard, Bible, les récits fondateurs avec un texte de Frédéric Boyer, publication suivie de l’exposition Il était plusieurs fois… montré au Cent Quatre à Paris, à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon et à Cracovie. En 2017, il illustre Georges et son ombre de Davide Cali (Sarbacane). Serge Bloch est un adepte du trait « simplifié ». « Il m’arrive encore que des directeurs artistiques me demandent si ce que je viens de leur proposer est la version définitive. D’autant qu’en général, c’est moins bien si j’en viens à retoucher mes images. »

 

Albertine à Moulins

 

 

 

Une illustratrice croque les Moulinois

« Sacha et Emma regardent d’un air attentif la longue fresque de 7,50 mètres à l’Hôtel de ville. Ces deux pitchounes ont compris, quelques secondes plus tard, que leur propre portrait se dessinait au fur et à mesure sur la fresque, devant leurs yeux curieux et émerveillés. Munie de trois feutres, l’artiste suisse Albertine a réalisé une fresque de Moulinois. Peu de temps lui ont suffi pour représenter, fidèlement, les attitudes des passants. « Les traits rouge et bleu représentent ce que j’observe et ce que les personnes me confient. C’est souvent très court, comme : « J’ai 8 ans » ou « Je suis professeur de mathématiques ». Quant au stylo noir, il représente mon imaginaire. Par exemple, à côté d’un monsieur, j’ai dessiné une Vénus ». Impossible pour les passants de ne pas s’arrêter regarder les mystérieux personnages représentés, allant de « Monsieur Inconnu » à l’érudit moulinois André Recoules, qui ont eu, eux aussi, la curiosité de s’arrêter devant cette imposante fresque en papier, avant de s’y retrouver dessiné. »

( par Marjorie Ansion – La Montagne – 1ier octobre 2017 )

( photographies : André Delobel et Françoise Lagarde )

 

Albertine est née en 1967 à Dardagny en Suisse. Elle a suivi les cours de l’Ecole des Arts décoratifs de Genève et ceux de l’Ecole supérieure d’Art Visuel de Genève. En 1990, elle commence ses activités professionnelles et artistiques (sérigraphie, illustration) et, en 1991, travaille en tant qu’illustratrice de presse (L’Hebdo, Le nouveau Quotidien, Femina, Bilan, etc). Elle dessine, selon les jours, avec un Rotring, une plume à bec, des mélanges de couleurs sur une assiette blanche. Elle dessine sur des grandes feuilles ou dans des petits carnets. Elle dessine, c’est une nécessité. Elle aime la solitude, les comédies musicales des années 1950, Saul Steinberg, les fringues particulières, la beauté de Mary Pickford, les visites des musées et des cimetières. « Le dessin est un champ d’expérimentation inépuisable. Ainsi, un dessin ne doit jamais ressembler aux précédents, il s’efforce cependant de tous les contenir. » Depuis 1996, elle enseigne l’illustration et la sérigraphie à la Haute Ecole d’art et de design à Genève. Elle aime collaborer avec l’auteur Germano Zullo avec qui elle a reçu le Prix Sorcières 2011 pour Les oiseaux. « Ensemble, nous faisons un jeu sérieux. Le jeu de raconter des histoires. » Autres prix : la Pomme d’Or de Bratislava 1999 pour Marta et la bicyclette, le Prix jeunesse et médias 2009 pour La Rumeur de Venise, le New-York Times Best Award, en 2012, à nouveau pour Les oiseaux, et le prix Bologna ragazzi de la foire internationale du livre de Bologne pour Mon tout petit. « Je suis de plus en plus dans l’autocensure. Le durcissement moral de la société actuelle parvient à prendre possession de ma conscience, et je me pose des questions que je ne me posais pas il y a dix ans. Suis-je libre de montrer cela ? Quel est mon intérêt à le faire ? On en vient à anticiper les craintes et les fantasmes des autres, et il n’y a rien de pire. On pense que le dessin est quelque chose de simple, d’aléatoire, alors que c’est une réflexion, un regard, dix brouillons, trois propositions, deux retouches. C’est douze heures par jour à se bousiller le dos, un engagement total du corps et de la conscience. Il faut se bagarrer pour cette liberté de l’image, pour qu’un dessin puisse continuer d’être perçu par le plus de gens possible, qui peuvent l’interpréter comme ils veulent. Je crois à la multitude des lectures. »

 

 

 

 

Jean-Hugues Malineau (1945-2017)

Jean-Hugues Malineau avec qui  j’avais conversé au téléphone en février 2017 pour un échange à propos de son travail d’anthologiste est décédé le jeudi 9 mars. Nous l’avions, au CRILJ, régulièrement invité, sur un salon ou, dans une classe, pour un atelier. Il avait été, comme plusieurs d’entre nous, au comité de rédaction de la revue Griffon. Voici son texte mis en forme après notre conversation téléphonique tel qu’il paraitra dans le numéro 8 des Cahiers du CRILJ consacré à la poésie. Nous perdons un ami.   (André Delobel)

 

FAIRE CADEAU

    Depuis 1984, j’ai publié une vingtaine d’anthologies, chez plusieurs éditeurs, très différentes les unes des autres : thématiques, par genres, par époques, pour les adultes, pour les enfants.

    Pour moi, réaliser une anthologie poétique, c’est faire un cadeau et c’est partager. Je suis bibliophile et j’ai toujours grand plaisir à montrer aux amateurs les livres, parfois rares, que j’ai rassemblés parmi les plus représentatifs et les plus beaux de la littérature pour enfants en Europe. En proposant des expositions, je partage ma passion, mes émotions et mon enthousiasme avec le plus grand nombre. Il y a les bibliophiles qui cachent, je suis un bibliophile qui montre.

    Je suis dans le même état d’esprit quand je conçois une anthologie. Les textes que je sélectionne sont à 80 % issus de ma bibliothèque et je ne choisis que des poèmes que j’aime et que je souhaite partager avec d’autres lecteurs. J’ai aussi grand plaisir à privilégier des poètes et des poèmes peu connus ou oubliés. L’anthologie permet cela et il ne faut pas s’en priver. Proposer une anthologie, qui est un choix personnel, est une invitation aux lecteurs à aller plus loin en achetant le recueil. Ce qui arrive plus souvent qu’on pourrait le croire.

     Lorsque j’ai un projet d’anthologie, je me donne une année pour le mener à son terme. Le premier travail est, bien sûr, de rassembler des textes. Pendant une dizaine de mois, je plonge dans ma bibliothèque, je relis les recueils que je possède, pas tout à fait par hasard quand même. Je pioche, je récolte. Je photocopie beaucoup. J’ouvre des dossiers et, peu à peu, les chemises se remplissent. A deux mois de l’échéance que je me suis donnée, il y a environ 30 % de textes en trop. Il me faut trier, élaguer, supprimer les textes qui doublonnent et les textes les plus faibles. Si je manque de poèmes pour nourrir telle ou telle partie de l’anthologie – ce qui peut arriver – je vois du côté des copains et j’ai, par exemple, eu plusieurs fois recours à Marc Baron, Thierry Cazals ou Paul Bergèse. Je fais un usage modéré d’Internet.

    Réaliser Mille ans de poésie pour les enfants de l’an 2000, paru chez Milan en 1999, aurait pu être un travail au long cours. Mais je n’ai pas souhaité dépasser une année de recherches et jai scrupuleusment consacré un trimestre au Moyen-Age et au seizième siécle, un trimestre au dix-septième et au dix-huitième siècles, un trimestre au dix-neuvième siècle et un trimestre au vingtième siècle. L’ouvrage publié a près de 600 pages et il rassemble environ 500 textes.

    Dans l’édition, l’usage n’est pas que l’auteur choisisse son illustrateur et l’anthologiste non plus. Pourtant, pour mes trois dernieres anthologies, ce fut possible. En effet, Albin Michel, éditeur complice depuis 1997, m’a permis de le faire. C’est une belle gratification. J’ai donc proposé Janik Coat en 2012 pour Mon livre  de haïkus : à dire, à lire et à inventer, Pef pour Quand les poètes s’amusent, en 2014, et Julia Chausson, en 2016, pour Des poèmes de toutes les couleurs. Ce fut un grand bonheur de découvrir les aplats de Janik Coat, les vignettes drôlatiques de Pef et les bois gravés de Julia Chausson.

    Je n’oublie pas la dimension pédagogique de mon travail et, par exemple, mes trois dernières anthologies se terminent par une invitation aux jeunes lecteurs, et aux moins jeunes, à poursuivre leur lecture par des moments de jeux et d’écriture. Chacun des livres se termine donc par une poignée de suggestions d’activités, sorte de « boite à outils » dont peut notamment s’emparer l’enseignant dans sa classe.

(février 2017)

 

                              Jean-Hugues Malineau au Salon Frissons à Bordères,  le 16 octobre 2016  (Photo : Isabelle Valque)

 

Jean-Hughes Malineau est né à Paris en 1945. Professeur de français de 1968 à 1975, chargé de cours en poésie contemporaine à l’université de Nanterre de 1971 à 1974, un temps journaliste, il reçoit en 1976 le Prix de Rome de littérature. Il quitte l’enseignement pour se consacrer pleinement à la poésie, aux livres pour enfants et à la bibliophilie. Directeur chez Casterman, de 1980 à 1985, de la collection de romans pour adolescents « L’Ami de poche », il a publié, en tant qu’éditeur artisanal, 120 livres de poésie contemporaines sur presse à bras. Il obtient en 1986 le prix Guy Levis Mano de typographie. A compter de 2004, il enseigne à l’école Émile Cohl de Lyon l’histoire du livre pour enfants et il multiplie expositions et conférences. On doit à Jean-Hughes Malineau des recueils de poésie, des anthologies, des ouvrages théoriques sur la poésie. des contes, des romans que publient Grasset, Gallimard, Hachette, l’école des loisirs, Actes Sud, Milan, Casterman, Albin Michel, Rue du monde. Pionnier des ateliers d’écriture littéraire et poétique, il aimait à dire qu’il avait rencontré plus de 300 000 enfants.

 

 

 

 

 

Bertrand Solet (1933-2017)

 

 

Au revoir Bertrand Solet

par André Delobel

    Bertrand Solet vient de décéder. Il venait chaque année nous saluer à Montreuil et, cette année, il n’était pas venu. De son vrai nom Bertrand Soletchnik, il était né en 1933, à Paris, dans une famille d’émigrés russes. Durant  la Seconde Guerre mondiale, en zone libre avec ses parents, il attrapa – quel mot ! – une maladie que l’on connaissait mal et que l’on soignait difficilement à l’époque, la poliomyélite. C’est durant cette période de maladie qu’il attrapa aussi le virus de la lecture.

    Après la guerre, orphelin, élevé et soigné par une tante, il prépare l’IDHEC. L’arrivée massive du cinéma américain qui faillit couler le cinéma français l’incite à changer d’orientation. Il suit les cours du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). Un temps journalisme, il entre dans une entreprise de commerce international et devient responsable du service de documentation économique, travail qui le fait beaucoup voyager.

    Il écrit pour la jeunesse, à compter des années 1970, des romans le plus souvent historiques (Il était un capitaine, Robert Laffont, 1971, Prix Jean Macé, Les révoltés de la Saint-Domingue, 1980, En Égypte avec Bonaparte, 1988, Compagnons de Mandrin, 1990) ou traitant de sujets liés à l’actualité ou peu souvent traités comme le racisme, l’immigration, la vie des Tsiganes (La flûte tsigane, Flammarion, 1982). Il écrit également des recueils de contes (Contes traditionnels d’Auvergne, Milan, 1994, Contes traditionnels de Russie, Milan, 2002). Ouvrage récent : Le Chambon-sur-Lignon : le silence de la montagne (Oskar jeunesse, 2016).

   Ecrivain « pédagogue », auteur de plus de 120 ouvrages à l’écriture efficace, Bertrand Solet aura fait connaitre aux jeunes lecteurs des pans entiers de l’Histoire et, assez souvent, d’une Histoire pas enseignée à l’école. Il les aura aussi, offrant de solides fictions, fait réfléchir à quelques unes des questions qui empoisonnent le monde.

    Membre de la Société des Gens de Lettres, de la Maison des Écrivains et fidèle de la Charte des auteurs et illustrateurs pour la jeunesse qu’il a contribué à mettre sur pied, la première réunion de réflexion s’étant tenu, en 1976, à son initiative et à celle de la conseillère municipale à la culture, à la bibliothèque de Montreuil.

    Il avait en 2003, publié au Sorbier un bel essai : Le roman historique : invention ou vérité ?

    En 2005, un numéro de la revue Griffon lui est consacré.

    « Bertrand Solet désigne quelque injustice à combattre, une nouvelle cause à défendre, des chaînes d’esclaves qu’il faut aller briser. Sa fameuse canne balaie l’horizon : là bas, il y a une terre où les hommes vivent libres et égaux. » (Marcelino Truong).

 André Delobel est secrétaire de la section de l’Orléanais du CRILJ depuis plus de trente-cinq ans et secrétaire général au plan national depuis 2009 ; co-auteur avec Emmanuel Virton de Travailler avec des écrivains (Hachette, 1995), au comité de rédaction de la revue Griffon jusqu’à ce que la publication disparaisse fin 2013, il assura, pendant quatorze ans, la continuité de la rubrique hebdomadaire « Lire à belles dents » publiée dans le quotidien La République du Centre ; articles récents : « Promouvoir la littérature de jeunesse : les petits cailloux blancs du bénévolat » dans le numéro 36 des Cahiers Robinson (2014) et « Les cheminements d’Ernesto » dans le numéro 6 des Cahiers du CRILJ consacré au théâtre jeune public (2014) ; contribution au catalogue Dans les coulisses de l’album : 50 ans d’illustration pour la jeunesse, 1965-2015 (CRILJ, 2015).

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Il fait froid

par Rolande Causse

   Ce froid mois de février 2017, Bertrand Solet nous a quitté.

   Non. Pour ceux qui l’ont connu demeure sa voix chaleureuse et grave. Ses mots coulaient comme une rivière serpentant à travers un paysage lumineux.

   Bertrand Solet est associé aux commencements de la littérature de jeunesse et à la Charte où il vint assez rapidement.

   Suffocant d’enfances de tous pays, il représente une vie d’observations, de recherches, d’imagination, de compréhension et d’émotions.

   L’ont accompagnées des montagnes de mots et de métaphores dans ses livres éblouis de soleils lointains, d’oiseaux des mers, de songes, et de poésie.

   Historien et géographe, derrière ses mots, il y avait l’accent des voyages, un regard révolté mais bienveillant, une douceur profonde et une générosité qu’il semait à tous les vents.

.    Ami des jeunes, il leur parlait de rebellions, de résistances, des conflits du monde et du triomphe des plus humbles.

   En ethnologue, il savait prendre son temps, tout en ayant une créativité  extrême.

   N’a-t-il pas écrit cent-vingt livres ?

   Pour les siens, pour la mémoire de Bertrand, pour toutes les générations, il faudrait rassembler ses meilleurs romans et créer un Bouquin ou un Quarto (comme les collections du même nom chez Laffont et Gallimard) où figureraient ses titres les plus forts : Les révoltés de Saint Domingue, Il était un capitaine

   Ainsi il demeurerait parmi nous.

   Mais je ne peux oublier  Monique, son épouse, à qui j’adresse mes pensées les plus affectueuses.

Rolande Causse, écrivaine et formatrice, auteur de poèmes, d’albums, de romans, de livrets d’opéra ; fondatrice en 1975 de La Scribure, association qui se consacre à la pratique des ateliers de lecture-écriture et à la promotion de la littérature pour la jeunesse ; c’est Rolande Causse qui, en 1984, organisa le (premier) Festival Livres Enfants-Jeunes de Montreuil ; parmi ses ouvrages pour les enfants et les jeunes : Mère absente fille tourmente (Gallimard, 1983), Rouge Braise (Gallimard, 1985), Les enfants d’Izieu (Le Seuil, 1989), Le Petit Marcel Proust (Gallimard, 2005), 20 ans pour devenir… Martin Luther King et 20 ans pour devenir… Nelson Mandela (Oskar, 2016) ; pour les médiateurs : La Scribure (Buchet-Chastel, 1983), Le guide des meilleurs livres pour enfants (Calmann-Lévy, 1986), Qui a lu petit, lira grand (Plon, 2000), Qui lit petit lit toute sa vie (Albin Michel, 2005).

Eau de boudin

par André Delobel

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    Contre toute attente, l’exposition Dans les coulisses de l’album : 50 ans d’illustration pour la jeunesse (1965-2015) a terminé son périple à la Médiathèque André Malraux de Strasbourg le 19 novembre 2016. Elle aura, en vingt mois, été mise en place à Beaugency, Paris, Arras, Bron, Mourenx, Cherbourg, Reims et Strasbourg, accueillie par six médiathèques, un salon du livre, une université. Elle ne fut montrée en son entier qu’à Beaugency, Arras et, à dix-huit œuvres près, à Strasbourg. Les autres lieux ont « adapté » l’ensemble qu’il recevait à leurs locaux, créant parfois leur propre scénographie. Les huit établissements qui nous ont fait confiance ont eu à cœur d’organiser, en fonction de leurs habitudes et de leurs moyens, des activités d’accompagnement en direction des enfants et du grand public. Les professionnels du livre et de la lecture ne furent pas oubliés et Janine Kotvica, Michel Defourny, Hélène Valotteau, Françoise Lagarde et André Delobel ont apporté leur concours à plusieurs moments de formation.

    Le CRILJ se faisait une joie de voir l’exposition de son jubilé présentée à la Médiathèque d’Orléans en décembre 2016 et janvier 2017. La possibilité d’une journée de formation, en partenariat avec l’ABF, avait été évoquée entre notre association et la responsable du secteur jeunesse de l’établissement (qui avait également pris contact avec plusieurs illustrateurs pour des rencontres dans les cinq annexes orléanaises). La venue, le jeudi 26 ou le vendredi 27 janvier 2017, à la centrale, pour une rencontre et pour un concert avec Jean Claverie, créateur du visuel de l’exposition, devait constituer un pertinent et festif point final.

    Malgré les garanties que Françoise Lagarde, présidente, et moi-même, secrétaire général, avions apportées mi-septembre, dès  notre retour de Strasbourg, la direction de la Médiathèque d’Orléans a estimé qu’une « présentation sécurisée et adéquate de l’exposition » n’était pas assurée. Faisant fi d’une année d’échanges constructifs, elle prenait la décision de renoncer à un projet qui nous était apparu comme le souhait des bibliothécaires de l’établissement.

    Au-delà de notre amertume, nous affirmons que la raison avancée ici est incompréhensible et irrecevable. Il ne sera pas acté que le CRILJ se soit, en cette affaire, montré inconséquent. Notre association, dans les actions qu’elle met en œuvre, a toujours pris un soin particulier, en pleine responsabilité, à nouer des partenariats respecteux de chacun, dans la clarté et dans la transparence.

    Peut-être y a-t-il, dans les raisons qui ont motivé ce renoncement, des éléments que nous n’avons pas à connaitre. En tout cas, le CRILJ, s’il ne peut pas tout, avait, en la circonstance, choisi de « bouter hors des cadres », les bêtes d’orage qui s’y étaient subitement installées. Le travail de nettoyage fut confié à une professionnelle strasbourgeoise et la Médiathèque d’Orléans aurait pu, fin novembre, venir à Strasbourg retirer une exposition saine et complète.

   Faudra-t-il conclure que les associations proposent et que les institutions disposent ? Une seule mésaventure ne nous autorise pas à l’affirmer. Nous profitons, au contraire, de cette mise au point pour remercier sur ce site les personnes qui, à Beaugency, à Paris, à Arras, à Bron, à Mourenx, à Cherbourg, à Reims et à Strasbourg, ont fait honneur, avec professionnalisme et inventivité, aux illustrateurs dont nous avions rassemblé les travaux.

mediatheque-orleans

Né en 1947. maître-formateur retraité, André Delobel est, depuis presque trente-cinq ans, secrétaire de la section de l’orléanais du CRILJ et responsable de son centre de ressources. Auteur avec Emmanuel Virton de Travailler avec des écrivains publié en 1995 chez Hachette Education, il a assuré pendant quatorze ans le suivi de la rubrique hebdomadaire « Lire à belles dents » de la République du Centre. Il est, depuis 2009, secrétaire général du CRILJ au plan national. Articles récents : « Promouvoir la littérature de jeunesse : les petits cailloux blancs du bénévolat » dans le numéro 36 des Cahiers Robinson et « Les cheminements d’Ernesto » dans le numéro 6 des Cahiers du CRILJ consacré au théâtre jeune public.

Kline (1921-2013)

 par André Delobel

Le dessinateur de bandes dessinées Kline est décédé le jeudi 16 mai 2013 à l’âge de 91 ans. Il avait débuté pendant la guerre dans OK puis travaillé pour Coq Hardi et pour Fillette. En 1960, il avait repris, pour Vaillant, « Davy Crockett » que dessinait Eduardo Coelho sur des scénarios de Jean Ollivier. En 1969, c’est la création de Pif Gadget et, toujours avec Jean Ollivier, de la série « Loup Noir », consacrée aux aventures d’un indien sans attaches. « Mon héros préféré est peut-être Loup-Noir… Certains épisodes mythiques (je pense notamment au Bracelet de cuir) dépassent ainsi le cadre de la stricte aventure pour baigner dans un climat purement poétique et moral. Loup-Noir représente un dépassement ultime, un dépassement vers le haut, une assomption de la bande dessinée d’aventure. » (Michel Houellebecq dans L’Idiot International en mars 1992). Réédition de la série en cours aux éditions Taupinambour. Le Bracelet de cuir est dans le tome 5.

    Né dans les Côtes-du-Nord, Kline envisage de devenir architecte et suit la formation des Beaux-Arts de Rouen. Puis, très rapidement, il s’oriente vers l’atelier de peinture et réalise deux expositions de ses travaux.

    Sous l’occupation allemande, il rejoint Paris : « N’étant pas en règle, j’ai pensé que dans une grande ville, je passerai plus facilement inaperçu ». Il y commence sa carrière professionnelle de dessinateur.

    De 1945 à 1947, il publie divers courts récits de sept à huit planches et une série à suivre, à raison de deux planches par semaine pour un total de 139 planches, « Kaza le Martien » dans l’hebdomadaire OK. Grâce à ce journal, il rencontre d’autres dessinateurs et notamment Albert Uderzo.

    De 1948 à 1956, ils travaillent, à la fois, pour les publications Marijac (Coq Hardi, Mireille et Pierrot) et le magazine Fillette de la Société parisienne d’édition (SPE). Durant cette période, il côtoie de nombreux dessinateurs : Dut, Marin, Pierre Le Guen, Noël Gloesner, Calvo et Christian Mathelot. Sa collaboration avec les publications Marijac cesse en 1957 tandis qu’il continue à travailler à la SPE jusqu’en 1961.

    En 1960, sa carrière connaît un tournant lorsqu’il entre aux éditions Vaillant et reprend le personnage de Davy Crockett sur des scénarios de Jean Ollivier. Jusqu’en 1969, il dessine, généralement en douze planches, un peu moins de soixante histoires parues dans Vaillant puis dans Vaillant le journal de Pif. Deux albums cartonnés sont édités.

    En 1969, avec le passage à la formule « Pif Gadget », Kline et Jean Ollivier lancent un nouveau personnage : Loup Noir. De 1969 à 1980, plus de 160 récits de sept à douze planches sont publiées pour seulement deux albums cartonnés.

    Aux éditions Vaillant, il sympathise avec de nombreux auteurs : Marcello, Cézard, Lucien Nortier, Yannick, Cance, Forton, Tabary, Mas, Coelho, Moatti…

    De 1981 à 1995, il dessine plusieurs courts récits au thème historique puis abandonne définitivement la bande dessinée en 1995

(Wikipédia)

Chansons d’un autre temps

 par André Delobel

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 – Tiens, tu reprends la plume.

– Oui, une commande

– Tu vas parler de Béatrice Tanaka et de Bernadette Després ?

– Non, c’est déjà fait, c’était dans Griffon.

– Je sais, j’étais abonné. Un article sur quoi, alors ?

– La chanson pour enfants.

– Parce que tu es compétent en la matière ?

– Moyennement, mais j’ai retrouvé le carton.

– Pardon ?

– Quand j’ai quitté la Tunisie pour rentrer en France, j’ai rangé dans un petit carton tous les 45 tours que nous écoutions en classe. De petits bijoux.

– Nostalgie, c’est tout.

– Non, pas du tout. Si tu ne t’étais pas débarrassé de ta platine, je te prêterais le carton sur l’heure. Tiens, regarde les pochettes…

– Je ne connais pas tout le monde.

– J’ai découvert la plupart de ces chanteurs en même temps que les élèves. On avait, en classe, institué une règle : une ou deux chansons à la demande – et ce n’était pas toujours les mêmes qui étaient réclamées – et une chanson nouvelle ou peu souvent demandée que je choisissais.

– Une sorte d’heure du conte, mais avec des chansons. Et l’astuce du pédago en plus.

– Si tu veux. Je te présente les grands succès ou je pioche au hasard ?

– Pioche. Et puisque tu as conservé ta platine…

– Hélène Martin, auteur et compositeur, grande interprète, amie des plus grands poètes, tels Louis Aragon, René Char et Pablo Neruda, qu’elle met en musique et chante. « Le condamné à mort » de Jean Genet, c’est elle.

– Pour les enfants ?

– Tu le fais exprès ? Écoute plutôt, dans Chansons du petit cheval, « Plein-ciel » et « Le petit bois » de Jules Supervielle. On dirait qu’Hélène Martin nous chante à l’oreille. Quand je l’ai entendue en récital à Avignon, elle chantait Jean Giono en s’accompagnant à la guitare. Sur le même disque, Henri Gougaud, Mireille Rivat et Jean-François Gaël. Tiens, voilà Steve Waring et son accent américain. C’est folk et c’est comme à la colo. Les grands succès, c’étaient « Les grenouilles » et « Le matou revient », mais « Image », chanson du disque Mirobolis, était assez souvent choisie. Les musiciens, excusez du peu, étaient ceux du Workshop de Lyon, Maurice Merle, Louis Sclavis, Jean Belcato et Christian Rollet. Le 45 tours de « La baleine bleue » que je possède est édité par Expression Spontanée. Sur la pochette, un dessin d’enfant en deux couleurs.

– Steve Waring chante encore, je crois.

– Oui, ses tubes et des chansons un peu plus difficiles, toujours avec d’excellents musiciens. Voici trois disques de chansons interprétées par Anne et Gilles. Ce sont peut-être mes préférés. Des mises en musique inégalées des Chantefables et des Chantefleurs de Robert Desnos et de toniques poèmes de Jean Tardieu. Cristine Combe, quant à elle, chante Jacqueline Held et Lewis Carroll. Ambiance contemporaine là aussi, pas variétoche, non, free-jazz un tantinet tempéré. Avec Jacques Cassard, Jean-Louis Méchali, Jean-François Canapé. Et regarde un peu ces pochettes : des images de Patrick Courantin et d’Henri Galeron.

– C’est très beau.

douai

– Jacques Douai, pas très souvent réclamé, j’en conviens. Mais « En sortant de l’école » et « Ma culotte de ficelle » avaient des adeptes. Colette Magny…

– Tu plaisantes ? C’était déjà pas facile quand elle chantait pour les adultes.

– Elle a enregistré un disque de berceuses françaises et elle chante de telle façon que les berceuses sont parfaitement identifiables et que c’est du Magny quand même : « La petite poule grise », « Le p’tit quinquin ». Avec Anne-Marie Fijal au piano. Le Chant du monde a publié d’autres disques de berceuses du monde entier, dans une collection dirigée par Philippe Gavardin. Des pochettes ouvrantes somptueuses signées Patrick Courantin, Tina Mercia, Jacques Rozier et Monique Gaudriaut, Kelek, Gérard Hauducoeur et Henri Galeron toujours. Parmi les musiciens, Jean-Louis Méchali, arrangeur et accompagnateur.

– Tu me parles de chansons pour enfants et tu dérives, une fois sur deux, vers tes musiciens et chanteurs à textes favoris. Tu n’exagères pas un peu ? Pourquoi pas Jacques Bertin, pendant que tu y es ?

– Il a enregistré « Un soir, mon fils » sur le disque collectif Enfances du groupe Unison, publié par Unitélédis, maison de disques du Parti socialiste. Très bon goût au PS, à la fin des années 1970. Le contrebassiste Didier Levallet était dans le coup. Mais comme il s’agit d’un 33 tours 30 cm, le disque n’est pas dans le carton. Et c’est pour des enfants un peu plus grands.

– Dommage, hein ?

– Chez quelques éditeurs comme Le Chant du Monde ou Les Disques du cavalier, on ne faisait pas trop de différence entre les enfants et les adultes, Pas de différence dans l’exigence, en tout cas. Et, crois-moi, les enfants n’aiment pas que les musiques à claquer dans les doigts ou à remuer du derrière. Les musiques en bandes d’Alain Savouret, du Groupe de musique électroacoustique de Bourges, ne les rebutaient pas.

– Soit.

– Moreau et Imbert, c’est la chanson de connivence. Des chanteurs qu’on aimerait inviter à la maison. L’écoute n’est pas difficile et les sujets proches des enfants, des questions qu’ils se posent, de leurs joies et de leurs peines. « J’élève mes parents », c’est tout un programme.

moreau-imbert

– Anne Sylvestre ?

– Sans plus.

– Snobisme de l’amateur qui se veut pointu ?

– C’est de mes élèves dont il s’agit, pas de moi. On écoutait. Il y a d’ailleurs neuf 45 tours dans le carton. Mais « La petite Josette » ou « La maison pleine de fenêtres », passés quelques mois, on écoutait moins. Regarde : une pochette signée par le jeune Pef.

– Le carton n’est pas vide. Je t’accorde de piocher quatre ou cinq disques encore. Pas plus, cet article va devenir long.

– Allons-y. Max Rongier qui chante, de sa voix chaude, de « petites chansons d’un papa à son enfant », La mitraillette à fleurs, en mini 33 tours, donc dans le carton, chansons écrites et mises en musique par Christian Poslaniec, Pour enfants en liberté et Poésie en liberté, textes de Jean Tardieu, Nazim Hikmet, Raymond Queneau, Guillevic, Yánnis Rítsos et quelques autres, parlés ou mis en musique et chantés sous la houlette de René Bourdet. Lorsque je rentrerai en France, j’inviterai René Bourdet dans mon école et à la bibliothèque de Saint-Jean-de-la-Ruelle. Il viendra, sans Claude Réva, Stéphane Vélinski et Amélie Prévost, mais avec son orgue de barbarie. Dernière pioche : Una Ramos, sa kena et sa « Valse pour Liseron » (1976). Pendant 34 ans, le jour de la rentrée des classes, un peu avant midi, je ferai écouter cette musique à mes élèves de cours préparatoire. Silence absolu et demande de réécoute fréquente au fil de l’année.

– Dernière question. Le succès des succès auprès de tes élèves ? Une musique à claquer dans les doigts ou à remuer du derrière ? On ne triche pas…

– Question difficile, mais j’ai une réponse. Ce que les élèves, en Tunisie, me demandaient le plus souvent, le samedi midi avant de retourner à la maison, n’était pas une chanson pour enfants. C’était « Bourée », adaptation par le Jethro Tull d’un mouvement de la suite pour luth n°1 en mi mineur de Jean-Sébastien Bach (BWV 996). Introduction à la flute par Ian Anderson, très mélodique, puis développement pop en partie improvisé par les quatre musiciens du groupe, jusqu’au retour à la mélodie du début et final très annoncé se concluant par un effet de batterie qui réjouissait les auditeurs.

– Essuie ta larme. Je referme le carton pour toi.

(février 2015)

par ordre d’apparition dans l’article :

– Hélène Martin et autres, Chansons du petit cheval, Les disques du cavalier, 201, 1972

– Steve Waring, Chante pour les enfants, Le Chant du monde, 100 114, 1973

– Steve Waring & Workshop de Lyon, Mirobolis, Le Chant Du Monde, 100 112, 1978

– Steve Waring, La baleine bleue, Expression Spontanée, numéro 6, 1971

– Anne et Gilles, Chantefables, Le Chant du monde, 100 101, 1975

– Anne et Gilles, Chantefleurs, Le Chant du monde 100 102, 1975

– Anne et Gilles, Les erreurs, Le Chant du monde, 100 105, 1976

– Cristine Combe, Antifables, Le Chant du monde, 100 103, 1976

– Cristine Combe, Antifables 2, Le Chant du monde, 100 106, 1976

– Cristine Combe et François Lalande, Lettre à Alice, Le Chant du monde, 100 107, 1976

– Jacques Douai, Chante pour les enfants n°2, BAM, EX 229, 1958

– Jacques Douai, Comptines n°6, Unidisc, EX 45524, 1957

– Colette Magny, Berceuses françaises, Le Chant du Monde, 100 131, 1983

Groupe Unison, Enfances, Unitélédis, UNI 19 378, 1978

– Alain Savouret, Les musiques en bandes, Le Chant du monde, 100 139, 1985

– Moreau et Imbert, J’élève mes parents, Le Chant du monde, 100 124, 1979

– Anne Sylvestre, La petite Josette et les moustaches, A. Sylvestre, 778032, 1976

Anne Sylvestre, Fabulettes 2, Meys, GP 2, 1969

– Max Rongier, Je chante pour mon Plustout, Philips, 6 172 259, 1979

– Christian Poslaniec, La mitraillette à fleurs 1, L’oiseau musicien, 3508, 1975

– Christian Poslaniec, La mitraillette à fleurs 2, L’oiseau musicien, 3509, 1975

– René Bourdet et autres, Pour enfants en liberté 1, Jacques Canetti, 233.001, 1970

– René Bourdet et autres, Pour enfants en liberté 2, Jacques Canetti, 233 002, 1970

– René Bourdet et autres, Pour enfants en liberté 3, Jacques Canetti, 233 003, 1970

– René Bourdet et autres, Poésie en liberté 1, Jacques Canetti, 233 006, 1970

– Una Ramos, Valse pour Liseron, Le Chant du Monde, 45 9030, 1976

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liseron

Né en 1947. maître-formateur désormais retraité, André Delobel est, depuis presque trente-cinq ans, secrétaire de la section de l’orléanais du CRILJ et responsable de son centre de ressources. Auteur avec Emmanuel Virton de Travailler avec des écrivains publié en 1995 chez Hachette Education, il a assuré pendant quatorze ans le suivi de la rubrique hebdomadaire  « Lire à belles dents » de la République du Centre. Il est, depuis 2009, secrétaire général du CRILJ au plan national. Articles récents : « Promouvoir la littérature de jeunesse : les petits cailloux blancs du bénévolat » dans le numéro 36 des Cahiers Robinson et « Les cheminements d’Ernesto » dans le numéro 6 des Cahiers du CRILJ consacré au théâtre jeune public.

Entre éducation populaire et professionnalisation

par André Delobel

Texte prononcé en prologue de la journée d’études Les scènes de l’album, le vendredi 4 février 2016, à la Maison de la recherche de l’université d’Artois.

    Si le CRILJ a eu 50 ans en 2015, c’est parce qu’à la fin des années 1960, des personnes telles que Natha Caputo et Isabelle Jan, critiques, Mathilde Leriche, bibliothécaire et conteuse, Marc Soriano, chercheur, Jacqueline et Raoul Dubois, enseignants et critiques, Raymonde Dalimier, documentaliste, Colette Vivier, écrivain, se sont retrouvées pour imaginer une structure qui rassemblerait ceux et celles qui œuvraient à ce que « de plus en plus d’enfants rencontrent de plus en plus de livres ».

    Ce fut la création du CRILJ, Centre de recherche et d’information sur la littérature pour la jeunesse.

    Information donc (beaucoup), recherche (un peu) et, surtout, souci d’inventer des médiations permettant d’atteindre les enfants et leurs parents, les enseignants et les animateurs de centres de loisirs, voire les bibliothécaires à chaque fois que possible. A titre d’exemple, je citerai les fameuses « malles » que l’association mettra à disposition des demandeurs pour donner à voir et à lire la littérature pour la jeunesse dans sa diversité et les innombrables « rencontres de terrain » pour, livres en main, expliquer et montrer, montrer et expliquer, devant une poignée de personnes sous un préau d’école ou devant une salle pleine.

    Il y a, en arrière plan de cet activisme, une croyance commune que Max Butlen, dans le numéro 7 des « Cahiers du CRILJ », décrit ainsi :

    « Ce qui fonde les certitudes des militants, c’est la conviction (enracinée souvent dans une expérience personnelle) que les livres permettraient de se construire, de s’affirmer (parfois de se libérer). La croyance souvent partagée est que la lecture, outre les grands plaisirs qu’elle procure, est la voie royale d’accès à la culture, au savoir, au pouvoir, à la sagesse, et aussi à la distinction. La lecture donnerait des clés précieuses, celles de l’identité, de la formation, de la compréhension de soi-même, des autres et du monde. »

    Nous sommes bien là du côté de l’éducation populaire et il n’est pas étonnant que le CRILJ soit, en 1978, agréé à ce titre par le ministère de la Jeunesse et des Sports et, grâce à Jean Auba, efficace président, reconnu d’utilité publique en 1983.

    Les statuts originels du CRILJ (et ceux d’aujourd’hui) l’affirment : l’association regroupe écrivains, illustrateurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignants, parents et autres médiateurs du livre désireux de travailler ensemble.

    Mais regardons, en 2016, les choses d’un peu près :

– les auteurs et les illustrateurs ont, en 1974, créé une Charte que tout organisateur de rencontres, de salons ou de formation ne peut pas ne pas connaitre, ne serait-ce qu’à cause d’un fameux « tarif » ;

– des libraires actifs se sont régroupés, il y a une trentaine d’années, dans une association spécialisée qui, entre autres initiatives, publie une revue trimestrielle mélant articles de fonds, propositions de lectures et encarts publicitaires ;

– les éditeurs ont leur « groupe jeunesse », au Syndicat national de l’édition, et les récentes déclarations de Thierry Magnier, son nouveau président, donnent l’impression que c’est grâce aux éditeurs que le livre pour enfants améliorera prochainement sa visibilité ;

– les bibliothécaires jeunesse, qui lisent dans la joie, s’affirment, dès 1963, comme seules spécialistes du livre pour les enfants ; les choses ont évolué, heureusement, mais il reste encore des traces de cette posture ;

– les universitaires qui, dans leurs enseignements et dans leurs travaux, prennent en considération la littérature pour la jeunesse ne sont plus considérés comme marginaux et les chercheurs qui s’intéressent aux « objets culturels de l’enfance » ont créé leur association, très active ; la recherche fondamentale, essentielle notamment lorsqu’elle vient contrarier les discours dominants, n’est toutefois pas une « action de terrain ».

    Le CRILJ d’aujourd’hui, même lorsqu’il réaffirme, d’assemblée générale en assemblée générale, son attachement aux principes de l’éducation populaire, sait qu’il ne peut agir sans s’appuyer sur ces entités professionnalisés, sans réfléchir et sans construire avec elles.

    Il sait aussi qu’il va avoir à convaincre partenaires associatifs et institutionnels que ce n’est pas parce que les réseaux militants sont aujourd’hui mis à mal qu’il convient de passer à autre chose, laissant, en matière de littérature pour la jeunesse, mode et commerce prendre le dessus.

(Arras, 4 mars 2016)

maison de la recherche

Né en 1947. maître-formateur désormais retraité, André Delobel est, depuis presque trente-cinq ans, secrétaire de la section de l’orléanais du CRILJ et responsable de son centre de ressources. Auteur avec Emmanuel Virton de Travailler avec des écrivains publié en 1995 chez Hachette Education, il a assuré pendant quatorze ans le suivi de la rubrique hebdomadaire  « Lire à belles dents » de la République du Centre. Il est, depuis 2009, secrétaire général du CRILJ au plan national. Articles récents : « Promouvoir la littérature de jeunesse : les petits cailloux blancs du bénévolat » dans le numéro 36 des Cahiers Robinson et « Les cheminements d’Ernesto » dans le numéro 6 des Cahiers du CRILJ consacré au théâtre jeune public.