Pour l’été et pour après

 

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Se souvenir de l’avenir

    Et si la Culture n’était pas la recherche du temps perdu, mais la recherche du temps à venir ? Et si nous pouvions, par le poème et la réunion des bonnes volontés, changer ce qui a été, en lui donnant d’autres conséquences ? Ce dont l’homme a le plus besoin, c’est de destin, et la politique est poétique quand elle ouvre pour tous des possibilités nouvelles, particulièrement pour ceux dont le destin a été nié. Mais qui répond au besoin de destin intime, intérieur, secret ? C’est le poétique qui devient politique quand il agit sur le désir, le transforme, lui donne forme, le rend légitime, enviable, et possible.

    Quelque chose dans la société, dans la politique, dans le murmure du temps nous fait croire que demain est prémédité. Par contre, la folie artistique, l’enthousiasme paradoxal des foules, la catharsis joyeuse nous invitent à croire que demain n’est pas écrit. Et puisque la génération la plus jeune est confrontée au plus grand danger que la terre ait connu, nous devons l’assurer qu’en dépit de tous les découragements, tous les doutes et toutes les démissions, la page est encore blanche, la forme de l’avenir est celle d’un désir commun, mais qui commence dans la vie intérieure de chacun.

par Olivier Py

(extraits de l’éditorial du programme de la 75ième édition du  Festival d’Avignon  – 2021)

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Olivier Py, écrivain, metteur en scène et comédien, réalisateur, est l’actuel directeur du festival d’Avignon. Il a adapté et porté au plateau pour le jeune public quatre contes des frères Grimm : La jeune fille, le diable et le moulin (école des loisirs, « Théâtre », 1995), L’eau de la vie (école des loisirs, « Théâtre », 1999), La vraie fiancée (Actes Sud, « Heyoka jeunesse », 2009) et L’amour vainqueur (Actes Sud Papier, « Heyoka jeunesse », 2019).

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