Italie che festa !

Forte présence de la littérature pour la jeunesse italienne au récent Salon du Livre et de la Presse Jeunese en Seine-Saint-Denis. Les acteurs du pays invité cette année ont assuré, pendant les six jours de la manifestation, une présence continue : librairie, expositions, ateliers, rencontres, débats, dédicaces, café littéraire, salade de pâtes et tiramisu. Au rendez-vous de 10 heures du lundi 30 novembre participaient Antonio Monace, coordinateur du groupe jeunesse de l’Association des Editeurs Italiens et Hélène Wadowski, présidente du groupe jeunesse du Syndicat National de l’Edition. Fabio Gambaro modérait et Anne Rabany prenait des notes à la volée.

      En Italie comme en France, on constate que les filles lisent plus que les garçons. De 6 à 10 ans on compte 51,8 % de lecteurs et entre 11 et 14 ans 68%. Ces constats peuvent s’expliquer par le fait que la lecture est une activité solitaire qui demande une « collaboration lecteur/auteur ». Par ailleurs l’imaginaire est sans doute une dimension plus féminine. Il n’y a pas de concurrence entre les livres et les jeux. Les lecteurs qui lisent beaucoup jouent et regardent internet. Par contre l’inverse n’est pas vrai.

     En France, les livres d’éveil petite enfance, c’est-à-dire pour les moins de huit ans, permettent d’atteindre 39% du chiffre d’affaire. Le documentaire représente 11% et le roman 50%. Il y a 20 ans un grand lecteur lisait plus de cinquante livres par an. On considère aujourd’hui bon lecteur celui qui lit 20 livres par an. Le nombre de lecteurs a toutefois augmenté. 62% des filles lisent plus d’un livre par an et 58% des garçons lisent un livre par an. Le temps passé à lire a changé. Il y a les journaux, les écrans, les activités d’écriture pour les échanges en ligne.

Les structures publique et les aides

    En Italie, les éditeurs ont, depuis 2009, un « Centre du Livre » et l’état finance l’édition à raison de 1,5 millions d’euros.

    Les bibliothèques scolaires et publiques achètent en France pour 75 millions d’euros, mais pour l’Italie, ce n’est que 15 millions d’euros. La France dispose d’un bon réseau de bibliothèques, de CDI et de BCD.

     Pour le correspondant italien, la lecture est une vertu civile en France mais une vertu domestique en Italie.

Les librairies

      En 1972 s’est ouverte en Italie la première librairie spécialisée et le mouvement s’est accéléré en 1990. Des librairies se sont crées avec souvent une personne venant du monde de l’édition. Il y a des compétences en ce qui concerne le livre, un peu moins en ce qui concerne les lecteurs.

     En France plusieurs réseaux témoignent de l’activité des libraires : le réseau Sorcière, la FNAC, Eveil et Jeux, les librairies Chantelivre, d’autres, plus petites, indépendantes. Dans ces lieux, plus de la moitié du chiffre d’affaire provient de vente de nouveautés, ce qui montre l’importance du  travail militant.

Données sur la situation en Italie et en France

 

Italie

 

France

 

   Chiffre d’affaire : 150 millions.

   Chiffre d’affaire : 320 millions. (selon SNE)

 2000 nouveautés pour 4000 titres annuels.

5000 nouveautés pour 12000 titres annuels. La littérature pour la jeunesse c’est de 11% à 16% de l’édition globale. 205 millions d’exemplaires produits, 90 millions vendus.

Dépense moyenne par enfant en livres : 11 euros par an.

Dépense moyenne  par enfant en livres : 27 euros par an.

   Tirage moyen : 1900 exemplaires.

   Tirage entre 6000 à 8000 exemplaires.

179 maisons dont les 12 plus grandes représentent  la moitié des livres publiés. Les éditeurs possèdent plus de la moitié des 200 librairies.

120 maisons. Beaucoup de très petites publiant un ou deux titres par an.

Les exportation sont en croissance, de 300 à 1000 titres entre 1980 et 2009 1300 titres par an proviennent désormais de l’étranger. L’Italie traduit 100 titres par an venant de France.

Le nombre de traductions dépend du secteur et le roman est le secteur qui comporte le plus de traductions. La France traduit 45 titres par an venant de l’Italie.

   Une spécificité italienne : les illustrateurs.

Le nord de l’Europe est marqué par le roman, c’est très net en Allemagne où l’idée de première lecture a disparu. La France développe une politique d’illustrateurs.

Editeurs « jeunesse » en Italie

     Les grands : Mondadori, Einaudi Ragazzi, Fabbri, De Agostini Ragazzi, Salani, Giunti, Motta juniot. Mondadori, Bompiani, Feltrinelli, Giunti, Salani, Laterza, Rizzoli, Mauri Spagnol prennent plus de deux tiers du marché et sont à la fois éditeurs et distributeurs.

     Ils possèdent plus de la moitié des 2000 librairies.

     D’autres qui ont su s’approprier des espaces créatifs et commerciaux intéressants, dont les plus importantes sont Arka, Art’è, Babalibri, Nord-Sud, Il Castoro, Fatatrac, Editoriale Scienze.

     De plus petits tels que Città Aperta, Edizioni Corsare, e/o, MC, Nuove Edizioni Romane, Orecchio Acerbo, Sinnos, Editions du Dromedaire, Zoolibri. En Italie comme en France les petits éditeurs se multiplient.

    Plus petits encore, indépendants et créatifs : Topipittori, Orecchio Acerbo, Zoolibri, Lapis, Interlogos, Babalibri. 

Les auteurs actuels très diffusés

     Les auteurs italiens se vendent bien et certains illustrateurs sont connus ou, pour se faire connaîtren travaillent à l’étranger. Quelques noms : Elisabetta Dami, Bianca Pitzorno, Andrea Molesini, Domenica Luciani, Emanuela De Ros, Giovanni Rodari, Francesco D’adamo, Angela Nanetti, Beatrice Masini, Luciano Comida

 Foires et prix

     Des librairies motivées, Giannino Stoppani à Bologne, Libri liberi à Florence, Fiaccadori à Parme, organisent le festival Minimondi avec l’association Hamelin.

     Ne pas oublier la Foire de Bologne et les prestigieux « Bologna Ragazzi Award ».

 

innocenti

Anne Rabany est membre du CRILJ depuis 1975. Elle a trouvé auprès de cette association les ressources et les accompagnements nécessaires à différents projets qui ont jalonné sa carrière : pour la mise en place des Bibliothèques Centres Documentaires, la formation des personnels lorsqu’elle était Inspectrice départementale puis directrice d’Ecole normale, pour l’animation et le suivi des Centres de Documentation et d’Information des collèges et des lycées en tant qu’Inspectrice d’Académie, Inspectrice Pédagogique Régionale Etablissement et Vie Scolaire et, actuellement, pour préparer des cours en tant qu’enseignante au Pôle du livre de l’Université de Paris X.