Kline (1921-2013)

 par André Delobel

Le dessinateur de bandes dessinées Kline est décédé le jeudi 16 mai 2013 à l’âge de 91 ans. Il avait débuté pendant la guerre dans OK puis travaillé pour Coq Hardi et pour Fillette. En 1960, il avait repris, pour Vaillant, « Davy Crockett » que dessinait Eduardo Coelho sur des scénarios de Jean Ollivier. En 1969, c’est la création de Pif Gadget et, toujours avec Jean Ollivier, de la série « Loup Noir », consacrée aux aventures d’un indien sans attaches. « Mon héros préféré est peut-être Loup-Noir… Certains épisodes mythiques (je pense notamment au Bracelet de cuir) dépassent ainsi le cadre de la stricte aventure pour baigner dans un climat purement poétique et moral. Loup-Noir représente un dépassement ultime, un dépassement vers le haut, une assomption de la bande dessinée d’aventure. » (Michel Houellebecq dans L’Idiot International en mars 1992). Réédition de la série en cours aux éditions Taupinambour. Le Bracelet de cuir est dans le tome 5.

    Né dans les Côtes-du-Nord, Kline envisage de devenir architecte et suit la formation des Beaux-Arts de Rouen. Puis, très rapidement, il s’oriente vers l’atelier de peinture et réalise deux expositions de ses travaux.

    Sous l’occupation allemande, il rejoint Paris : « N’étant pas en règle, j’ai pensé que dans une grande ville, je passerai plus facilement inaperçu ». Il y commence sa carrière professionnelle de dessinateur.

    De 1945 à 1947, il publie divers courts récits de sept à huit planches et une série à suivre, à raison de deux planches par semaine pour un total de 139 planches, « Kaza le Martien » dans l’hebdomadaire OK. Grâce à ce journal, il rencontre d’autres dessinateurs et notamment Albert Uderzo.

    De 1948 à 1956, ils travaillent, à la fois, pour les publications Marijac (Coq Hardi, Mireille et Pierrot) et le magazine Fillette de la Société parisienne d’édition (SPE). Durant cette période, il côtoie de nombreux dessinateurs : Dut, Marin, Pierre Le Guen, Noël Gloesner, Calvo et Christian Mathelot. Sa collaboration avec les publications Marijac cesse en 1957 tandis qu’il continue à travailler à la SPE jusqu’en 1961.

    En 1960, sa carrière connaît un tournant lorsqu’il entre aux éditions Vaillant et reprend le personnage de Davy Crockett sur des scénarios de Jean Ollivier. Jusqu’en 1969, il dessine, généralement en douze planches, un peu moins de soixante histoires parues dans Vaillant puis dans Vaillant le journal de Pif. Deux albums cartonnés sont édités.

    En 1969, avec le passage à la formule « Pif Gadget », Kline et Jean Ollivier lancent un nouveau personnage : Loup Noir. De 1969 à 1980, plus de 160 récits de sept à douze planches sont publiées pour seulement deux albums cartonnés.

    Aux éditions Vaillant, il sympathise avec de nombreux auteurs : Marcello, Cézard, Lucien Nortier, Yannick, Cance, Forton, Tabary, Mas, Coelho, Moatti…

    De 1981 à 1995, il dessine plusieurs courts récits au thème historique puis abandonne définitivement la bande dessinée en 1995

(Wikipédia)

Du rôle des médiateurs

par Jean Fabre

Jean Fabre, fondateur de L’école des loisirs, est décédé le jeudi 9 janvier 2014, à l’âge de 93 ans. Il avait, en 1965, remis au CRILJ ce bel hommage aux médiateurs du livre pour la jeunesse.

     Tout livre de jeunesse n’atteint son destinataire qu’au terme d’une longue chaîne de médiation d’adultes.

     En principe, ces médiateurs – éditeurs, critiques, libraires, bibliothécaires, animateurs, enseignants, parents – sont implicitement d’accord sur un point essentiel : la lecture doit évoluer progressivement avec leur concours et selon l’âge des jeunes lecteurs, de la forme assistée de la première enfance jusqu’à l’autonomie de l’adolescence accomplie.

     Mais, tous les médiateurs ne sont pas d’accord – et c’est normal – sur l’âge du constat concret de cette autonomie individualisée parce que chacun d’eux croit pouvoir en décider et souvent extrapoler d’après les réactions de tel enfant qu’il connait bien et dont la maturité s’épanouit à son heure. L’important est donc de s’employer à promouvoir cette autonomie et de mettre en commun, si possible de façon concertée, chacun à sa place et selon sa fonction, les moyens d’y parvenir.

     Deux dangers risquent de nuire à l’efficacité de toute médiation, deux propositions extrêmes : par défaut et par excès.

     Abstraction faite de l’indifférence absolue, de l’abandon pur et simple du jeune lecteur à ses lectures, certains adultes invoquent le manque de temps qui justifie à leur yeux une intervention hâtive, improvisée dans le choix des livres susceptibles d’intéresser le jeune lecteur. A la vérité, il ne s’agit pas d’apprécier à proprement parler le niveau de lecture qui convient : d’autres médiateurs en amont ont veillé à cet aspect technique dans leur pré-sélection. Il s’agit de tenter d’ajuster au mieux le choix des livres aux goûts, aux besoins, aux aspirations, aux attentes, aux possibilités – selon l’humeur du moment – de tel jeune lecteur que les autres médiateurs ne connaissent pas en particulier.  Pour ce faire, la méthode d’approche est à la portée de tous : lire les livres à proposer à tel enfant, les lire vraiment, ne pas se contenter de les feuilleter, et se montrer attentif aux réactions du jeune, dans une attitude d’écoute et de confiance partagée. De façon empirique, discrètement mais dans la continuité, on assurera alors l’éveil de la lecture et l’on sera gratifié de surcroit d’étonnantes retombées.

     Par contre, si l’on néglige ce préalable au stade de l’ultime choix, comment prétendre tenir pour responsable de sa propre carence les médiateurs en amont dont le rôle est précisément de préparer ce choix ultime ?

     Un second danger, tout aussi insidieux, se joue dans une sollicitude maternante. Nous ne voyons souvent grandir nos enfants qu’à la taille de leurs vêtements. Et la tentation nous guette de maintenir dans un statut d’infans le jeune dont les aspirations légitimes à l’autonomie surprennent et inquiètent parfois. Ses lectures ont précisément pour effet – voire pour fonction – de nous remettre en question indirectement. Aurions-nous peur qu’il nous échappe, ce lecteur que nous avons trop longtemps couvé ? De ce point de vue, reconnaissons aux médiateurs professionnels plus d’objectivité à priori : ils ont leur mot à dire parce qu’ils jugent des besoins selon l’âge plus sereinement que les parents, très impliqués dans un quotidien limité et routinier.

     Ces deux dangers ne devraient-ils pas susciter un climat d’estime, de confiance et de collaboration et de plus fréquentes rencontres entre les médiateurs plutôt que de les opposer par des contestations de compétences et de prérogatives.

     L’analyse qui suit a pour objet de préciser le rôle de l’éditeur dans cette médiation et les limites de cette responsabilité partagée avec les autres adultes.

     L’éditeur intervient comme premier lecteur et comme premier médiateur.

     Premier lecteur, il dispose des projets soumis par les auteurs, non pour en juger objectivement, mais pour apprécier subjectivement si ces projets peuvent s’insérer dans un fond d’édition qu’il connait bien et qui présente, dans sa diversité, une certaine cohérence – comme il sera précisé plus loin.

     Premier médiateur, il a fonction d’assurer au mieux l’information des médiateurs en aval pour orienter leur lecture d’investigation et faciliter la pré-sélection de titres susceptibles de convenir et plaire au jeune public.

     Sous ces deux aspects, le rôle médiatique de l’éditeur est donc de préparer l’élucidation des choix ultérieurs, y compris celui des jeunes lecteurs, au terme de cette médiation :

 – L’éditeur prend en considération dans son analyse de chaque manuscrit reçu, les référents implicites en fonction des compétences et de l’expérience supposées acquises par les lecteurs concernés, en prenant en compte aussi, précisément, leurs différences.

 – Il assure la présentation intérieure et extérieure des œuvres composées de manière à rendre la communication aussi efficace que possible; La première et la dernière page de couverture sont utilisés pour suggérer fidèlement le contenu à l’intention des jeunes lecteurs en quête d’informations incitatives.

 – Il élabore un catalogue qui regroupe en collections des titres de niveau de lecture relativement homogène. Celles-ci peuvent être constituées par genre ou réunir des titres de genre et de style différents d’un même niveau.

 – Conscient de ses responsabilités de formateur et d’informateur, l’éditeur se porte garant, en quelque sorte, de la composition de son catalogue. Il sait qu’on l’identifiera à l’image du fond qu’il a réuni et classé.

 – La plupart des éditeurs complètent ces informations de base dans des catalogues analytique plus précis. Quelques une publient des catalogues thématiques qui favorisent les recherches, les rapprochements et l’intuition des affinités.

 – Un service de presse soumet aux critique spécialisés, les nouveautés pour une analyse et une appréciation utiles aux autres médiateurs.

 – Un envoi d’office est adressé aux libraires intéressés afin qu’ils puissent lire eux-mêmes ou se faire lire pour avis les ouvrages qu’ils seront amener à sélectionner, à présenter dans leurs vitrines et rayons, et éventuellement à conseiller.

 – Par le truchement de représentants ou délégués régionaux, l’éditeur assure en outre la présentation des nouveautés auprès des libraires, des bibliothécaires et des enseignants et recueille le plus d’informations possible sur les titres qui ont retenu l’attention des jeunes lecteurs afin de mesurer les écarts entre sa première lecture de professionnel et la pluralité des lectures des destinataires eux-mêmes.

     Par toutes ces initiatives qui l’engagent, l’éditeur se pose en responsable. Mais ces responsabilités ne dispensent pas pour autant les autres médiateurs en aval d’assumer ce rôle en contact plus direct et plus personnalisé avec chaque jeune lecteur. Sinon, ces médiateurs ne seraient plus que de simples intermédiaires sans responsabilité.

     En d’autres termes, la chaîne de médiateurs permet d’affiner progressivement, d’amont en aval, des pré-sélections en connaissance de cause, et sur mesure en quelque sorte, à partir d’un « gabarit » proposé par l’éditeur et qui appelle retouches.

     Dans ce cadre d’intervention, les éditeurs se différencient les uns des autres par des options fondamentales qui génèrent la diversité, la complémentarité et la richesse de la production littéraire de jeunesse.

     Ces options impliquent une liberté de choix de droit et de fait. C’est cette liberté de choix et le pluralisme d’options simultanées assumées par un grand nombres d’éditeurs autonomes qui garantit, en extension et en qualité, les meilleures conditions d’appropriation du livre par les jeunes lecteurs et sauvegarde leur liberté de choix.

     Chaque éditeur de livres de jeunesse prend position plus ou moins explicitement, mais de façon fondamentale, sur la finalité de la lecture non didactique : cette lecture peut-elle avoir quelque efficacité sur le jeune lecteur ? N’est-elle qu’un passe-temps, une évasion sans portée ? Peut-elle donner du plaisir ou du bien-être ? A-t-elle vocation culturelle ?

     En terme de communication, tel livre peut-il susciter des résonances intimes, des retombées durables ? Comment se situe-t-il par rapport à la réalité familière ? A l’évolution du monde contemporain ? A la problématique des jeunes générations ?

     Peut-il engendrer une réflexion par alternance de projections et de distanciations ? Telle simulation du réel risque-t-elle, perçue au premier degré, de paraître déconcertante, de s’imposer comme « trop vraie », inéluctable pour des lecteurs fragiles ? Doit-on pour autant renoncer à mettre des lecteurs plus mûrs du même âge en présence de situations conflictuelles, qu’ils sont capables, eux, de regarder en face et de s’essayer à résoudre à leur manière, par personnages interposés pour leur épanouissement même ,

     Actuellement, en France et par le monde, des éditeurs pensent que le livre peut donner à de jeunes lecteurs qui ont soif d’authenticité, l’occasion d’élargir le champs d’expérience de leur vie quotidienne, à la faveur de fictions qui les confrontent à des situations partiellement familières et partiellement insolites de nature à les interpeller. Ils considèrent que ceux-ci auront à s’impliquer dans une société à laquelle ne les prépare pas la littérature dite classique car la culture n’est pas seulement transmission d’héritage, elle s’édifie et évolue dans un environnement qui remet en cause au jour le jour ce que souvent l’on croyait définitivement acquis.

     Il importe donc de multiplier les simulations de vie potentielles comme autant de « cas de figure » ou d’expériences à l’essai, à risque limité.

     Ces éditeurs peuvent-ils compter sur les médiateurs en aval de la publication de livres pour préparer progressivement ces mises en situation de découverte de soi-même et des autres et sollicitent la réflexion des jeunes lecteurs ? N’est-ce pas la meilleure façon d’envisager leur éveil à l’autonomie par un échange confiant avec leur entourage ?

     A chacun sa réponse.

 (  Les Cahiers du CRILJ numéro 1 – novembre 2009 )

 Né le 29 janvier 1920 à Paris, Jean Fabre suit hypokhâgne et khâgne. Il épouse la fille de Raymond Fabry, fondateur des Editions de l’Ecole, maison spécialisée dans la réalisation de manuels scolaires. L »éditeur l’associe immédiatement à la bonne marche de l’entreprise. Proche de militants de la pédagogie Freinet, conscient des limites du manuel traditionnel d’apprentissage de la lecture, Jean Fabre, fonde au sein de la maison mère, en 1965, avec Jean Delas et Arthur Hubschmid, un département jeunesse, L’école des loisirs, éditant en quelques années Tomi Ungerer, Maurice Sendak, Arnold Lobel, Leo Lionni, Sonia Delaunay, Binette Schroeder et Iela Mari. Le succès vient, en 1970, lorsque la maison accueille les « Barbapapa » d’Annette Tison et Talus Taylor. Création, quelques années plus tard, des collections « Mouche », « Neuf » et « Médium » destinées aux lecteurs plus âgés. En 1974. Jean Fabre ouvre Chantelivre, première librairie spécialisée jeunesse. En 2014, le catalogue de L’école des loisirs compte plus de 5700 titres.

 

 

Mimi Barthélémy

par Lise Bourquin Mercadé

    Le coeur de la grande dame du conte qui nous a fait connaître et aimer Haïti a cessé de battre samedi 27 avril. Mimi Barthélémy fait partie des êtres chers qui ont donné un sens à ma vie et à mon travail d’éditeur. Il faudra nous habituer à vivre sans la lumière de ses yeux, sans cette joie de vivre, d’apprendre, de créer et de partager, qu’elle offrait de tout son coeur à ceux qui avaient la chance d’être ses amis, à ses “complices” en création, à tous ceux pour qui elle chantait et racontait ‐ encore et encore ‐ le pays chéri de son enfance.

    Mimi était pour moi, comme pour tous ceux qui ont travaillé avec elle, une source d’inspiration. À la fin des années 80, avec le fidèle Serge Tamas qui l’accompagnait à la guitare et Philippe Abadie, notre ingénieur du son ‐ qui veillait avec amour à lui faire “une belle voix” ‐ nous avons passé des heures, dans l’intimité complice d’un studio parisien, à enregistrer ses plus beaux contes: La reine des poissons, L’oranger magique, Crabe et sa carapace, Cheval, crapaud et coeur de princesse Livie, Bakouloubaka, La création des chandelles… J’évoquerai un seul de ces moments inoubliables. Un jour ‐ nous faisions une pause entre deux contes – la conteuse haïtienne et le guitariste guadeloupéen se remémoraient avec gourmandise les chansons de leur enfance. “Et toi, tu la connais, celle‐là?” Mimi chantait de tout son coeur… Émue, j’ai enregistré à leur insu ces petites perles qui deviendraient un jour Dis-moi des chansons d’Haïti.

    Ces annees‐là furent le début d’une amitié partagée avec Mimi et sa famille, dont chaque membre a participé, d’une manière ou d’une autre, à mon aventure éditoriale. Plus récemment, après Le Fulgurant (dont l’enregistrement réalisé au Festival Epos va être joint au livre), j’ai publié Dismoi des chansons d’Haïti et une édition enrichie de la Reine des Poissons, premiers titres d’un ensemble éditorial regroupant ce patrimoine enregistré.

    Sur la scène, qu’elle aimait par dessus tout, Mimi rayonnait. Elle captait l’attention de ceux qui l’écoutaient, par sa seule présence, par sa voix, par son engagement sincère et ses convictions. Elle illuminait le quotidien de ceux qui l’accueillaient pour une rencontre ou le temps d’une soirée “contée”, qui, chaque fois, serait inoubliable, sur un plateau de télévision comme dans la vie. Donnant le meilleur d’elle‐même, se dépensant sans compter, voyageant à la limite de ses forces, ne sachant refuser une invitation, surtout pour Haïti… elle ne se posait que pour écrire.

    Mais Mimi ne restait jamais seule bien longtemps: elle attirait les gens comme un aimant, elle était adulée, respectée, aimée. Amis fidèles, rencontrés aux quatre coins du monde, famille débarquant d’Haïti ou d’ailleurs, enfants et petits‐enfants qu’elle chérissait : sa “maison d’artiste”, sertie au coeur de la Goutte d’Or est un petit coin de Paradis tropical en plein Paris qui ne désemplissait pas!

    Elle aimait recevoir, offrir des présents, gâter ceux qu’elle aimait. Elle ne recevait jamais un visiteur sans lui offrir, délicatement présentés sur le verre d’une table en ferronnerie d’art signée par son mari Guillermo Cardet, un café, des fruits “exotiques”, un pâté africain, une patisserie marocaine ou une confisserie orientale, glanés dans les échopes voisines.

    Elle aimait aussi organiser des fêtes de “retrouvailles” : le temps d’une soirée joyeusement animée par ses amis musiciens, le patio fleuri, orné de vévés haïtiens aux perles brillantes et multicolores et d’une emblémathique “reine des poissons” en métal noir, fleurait bon l’amitié et l’air de la Caraïbe. On chantait des chansons d’Haïti, de Guadeloupe et d’ailleurs. On écoutait Amos Coulange et Serge Tamas qui ne venaient jamais sans leur guitare, et parfois, aussi, a capella, sa petite fille Alizé, interprétant avec conviction un chant de liberté italien.

    Dans la petite maison pleine de souvenirs qu’elle aimait tant, nous avons chanté pour Mimi Barthélémy une dernière fois. Sur le ciel bleu, le lilas mauve était en fleurs… En levant les yeux vers la fenêtre du premier étage, là où elle écrivait, il y a peu, je l’ai imaginée, assise à son bureau. Et je l’ai vue sourire en le regardant… Il nous manque tant, déjà, son beau sourire généreux, moqueur, parfois ‐ que pensait‐elle exactement quand je l’écoutais ? – qui la rendait si belle et nous chauffait le coeur. Mais la voix de la conteuse, sa parole, son souffle, sont immortalisés dans les enregistrements d’hier que nous nous efforcerons de garder bien vivants.

( Paris, 30 avril 2013 )

Après avoir travaillé dans la publicité, Lise Bourquin Mercadé crée, au début des années 1980, les éditions Vif Argent. Elle invente la cassetine, qui, sous une couverture cartonnée fort solide, contient les pages d’un album avec, à l’intérieur du plat antérieur, une forme en plastique pour loger la cassette. Ne pas oublier le petit ruban qui ferme le tout. Se retrouvent dans la collection les conteurs Bruno de La Salle, Mimi Barthélémy, Michel Hinndenoch, Catherine Zarcate illustrés par Joëlle Boucher ou Béatrice Tanaka et habillés de musiques du monde minitieusement choisies. Vif Argent disparait, mais, en 2008, Lise Bourquiun Mercadé récidive et, dans le même esprit, sous le label Kanjil Éditeur, elle alterne rééditions, avec souvent des illustrations nouvelles, et titres inédits. Parmi les premiers titres parus : Dis-moi les chansons d’Haïti par Mimi Barthélémy. Merci à Lise pouir nous avoir confié ce texte.