Un regard aiguisé sur la littérature jeunesse

 par Roger Wallet

      A Beaugency, pendant le Salon du Livre pour la Jeunesse, Roger Wallet s’est fait journaliste et la collection complète du Petit journal du salon sera bientôt collector. Extrait.

     En Tunisie, où il est, jeune enseignant, en poste dans les années 1970, André Delobel  se pose la question de l’enseignement de la lecture « autrement ». Il multiplie les contacts,  dont le GFEN, et tombe très vite dans la littérature jeunesse. Une des premières rencontres marquantes – et quelle rencontre ! – est Max et les Maximonstres de Maurice Sendak. Il ne quittera plus cet univers.

     Ces années-là, la littérature jeunesse décolle. En 1964, nait l’école des loisirs et 1965 est l’année de la création du Centre de recherche et d’information sur la littérature pour la jeunesse (CRILJ), plate-forme d’échange, d’action et de réflexion. « En termes simples, il s’agit de connaître et de faire connaître. Connaître, cela signifie que nous assurons une importante veille documentaire. Pour faire connaître, un site internet et une lettre électronique bimensuelle ». Depuis quatre ans, le CRILJ publie des Cahiers. Les trois premiers se sont appuyés sur les journées professionnelles co-organisées avec Val de Lire.

     Mais rien de tel pour un affamé de littérature qu’une revue. Avec quelques-uns de ses amis, André Delobel entre dans l’équipe rédactionnelle de Griffon (ex Trousse-Livres créé en 1976 par la Ligue de l’Enseignement). Il y rédige des notes critiques et a coordonné deux dossiers, l’un consacré à Béatrice Tanaka, l’autre à Bernadette Després qui réside à Pithiviers et a notamment créé les personnages de Tom-Tom et Nana.

     Sur l’abondante production actuelle, son regard aiguisé lui permet de discerner l’efficacité des écoles d’illustrateurs (Lyon, Strasbourg, etc). Elles ont fait surgir une génération « qui élargit considérablement les possibles. » Le livre doit se défendre face au numérique. Cela a conduit à jouer la carte du spectaculaire – ce n’est pas un reproche. D’où cette explosion des formats et, par exemple, l’usage accru du découpage.

     André Delobel reconnaît aussi que tous les livres jeunesse ne sont pas de la littérature. Souvent un livre se définit d’abord par la thématique abordée mais on sait bien que ce n’est pas avec de bons sentiments que l’on fait de la bonne littérature. « Mais, là encore, il y a une place pour tous et le foisonnement permet d’élargir les publics. »

(texte publié dans le numéro 2 du Petit journal du salon – Beaugency, samedi 23 mars 2013)

 

 Né en 1947, pris en charge par une tante religieuse de la congrégation de Saint-Vincent-de-Paul, Roger Wallet aurait pu être prêtre. Mais dans la vieille institution républicaine qu’est l’Ecole normale de Beauvais (Oise), il découvre le militantisme et se détourne des affaires de la religion pour s’intéresser à celles de ses frères en humanité. En 1968, il rencontre Guy d’Hardivillers, à la Fédération des œuvres laïques. un instituteur de sept ans son aîné, qui l’initiera au théâtre. Objecteur de conscience, il fera son service civil chez Emmaüs. Instituteur jusqu’en 1992, avec un intermède d’un an à la direction du Centre d’animation culturelle de Compiègne et du Valois, chef de cabinet de l’inspecteur d’académie jusqu’en 1999, directeur du Centre départemental de documentation pédagogique jusqu’en 2006, année de son départ à la retraite. « J’ai vécu principalement en Picardie où, professionnellement, ma carrière s’est partagée entre l’enseignement et l’action culturelle. J’ai écrit un grand nombre de chansons Mon premier livre a été publié en 1999, Portraits d’automne (Le Dilettante) et j’en ai une trentaine à mon actif : poésie, romans, nouvelles, essais, théâtre, etc. » En 2012, la compagnie théâtrale Les fous de bassan a accueilli Roger Wallet pour une résidence d’écrivain dans le canton de Beaugency (Loiret).