Paul Berna

Jean Sabran, l’homme aux pseudonymes – Bernard Deleuze chez Denoël, Paul Gerrard aux Presses de le Cité, Paul Berna chez Rouge et Or – vient de disparaitre.

    Né en 1908 dans le Var, marié à Jany Saint-Marcoux, elle-même auteur pour la jeunesse, il exerce différents métiers – comptable, rédacteur, agent d’assurance – avant de se consacrer à la littérature.

    Après des débuts en littérature générale en 1947, il commence à écrire en 1953 pour les jeunes et, en 1955, remporte le Grand Prix du Salon de l’Enfance avec Le Cheval sans tête publié aux Editions Rouge et Or. Ce roman, depuis quarante ans constamment réédité, a été traduit en une quinzaine de langues dont les langues scandinaves, les langues slaves, le japonais, l’hébreu. Il a été porté à l’écran par les productions Walt Disney.

    D’autres prix ont été décerné à Paul Berna : en 1956, le Grand Prix des Parents d’Elèves pour Le Champion et, en 1950, l’Edgar Poë Award du meilleur roman policier pour L’Epave de la « Bérénice ». Il est le seul auteur français a avoir reçu cette distinction.

 ( texte paru dans le n° 50 – mars 1994 – du bulletin du CRILJ )

     berna

 Les enfants de la bande à Gaby ne sont pas riches. Pourtant, ils possèdent un trésor inestimable : un vieux cheval à roulettes qui leur permet de dévaler la rue dans de grands éclats de rire. Les chutes ne sont jamais graves, même si l’on y perd une ou deux dents de lait. Mais un trésor attire forcément les voleurs et, un jour, les enfants sont entrainés dans une aventure plutôt cocasse. La gare de triage et le hangar abandonné cachent des mystères que le commissaire Sinet ne découvrira pas tout seul …

« Et Marion sifflait toujours dans la nuit noire du Clos Pecqueux. Son appel affaibli parvint jusqu’aux maisonnettes du Petit-Louvigny et du Faubourg-Bacchus, déchaîna comme une épidémie de rage parmi les bouffeurs de lion du quartier, chiens de chiffonniers, bâtards de bâtards, voyous, bagarreurs, qui n’avaient peur de rien et vivaient comme des hors-la-loi en marge des belles rues à magasins. Toute affaire cessante, cette racaille surgit en trombe des terrains vagues et des baraques en planches, déferla en pleine ville, traversa la Grand-Rue et la rue Piot, tourna par la rue des Alliés, s’engouffra dans la rue des Petits-Pauvres en bloquant toute la largeur de la chaussée. Pipi, le fox jaune et blanc de Juan-l’Espagnol, menait la charge avec Arthur, le chien du vieux Chable, un corniaud bas sur pattes, avec une tête de chacal, un dos rugueux comme un tapis-brosse, un oeil noir et l’autre bleu. »  (Le Cheval sans tête)