Moulins 2013

 

 

 

 

Moulins : retour sur le Festival des illustrateurs 2013

 par Nicole Maymat

     Par où commencer ? Par la fin ? Que ce soit Audrey Gaillard, Sandie Houas, Josette Maldonado, Josiane Roumeaux, n’ont-elles pas tout dit des artistes que nous avons eu le plaisir d’accueillir à Moulins en ces belles journées de la fin septembre 2013 ? Qu’elles soient vivement remerciées de leur amicale mais néanmoins très professionnelle attention qu’elles ont portée aux uns et aux autres. J’en profite aussi pour exprimer  toute notre reconnaissance à André Delobel qui a si bien orchestré rencontres et compte rendus.

    Cette année-là, le Centre national du costume de scène exposait « Les plus beaux costumes de cirque ». C’était l’occasion ou jamais de faire un clin d’œil à la prestigieuse maison et de lancer, de l’autre côté du pont Régemortes, le fil d’une de nos funambules.

     Albertine, Elzbieta, Emmanuelle Houdart, Roberto Innocenti, Joëlle Jolivet, Christian Lacroix, Kveta Pacovska, Sara, Lionel Koechlin, Lorenzo Mattotti, François Roca. Tous aussi talentueux les uns que les autres. Tous si différents. Un point commun cependant, un soir – oui, de préférence un soir – lors de l’une de leurs déambulations quotidiennes, ils se sont arrêtés devant un chapiteau. Ils sont entrés et se sont laissés emporter. C’est impossible que cela ne se soit pas passé ainsi. La magie du cirque. Cette même fraîcheur, cette même exigence rigoureuse liées à l’enfance de celui que l’on peut considérer comme leur parrain à tous : André François, hélas disparu, qui, à un moment donnée de leur existence, n’a pas manqué de les entrainer à la suite de son oncle Armand, le faiseur de cirques de Riga à Saint Petersbourg…

    Le pari était d’autant plus risqué que le Festival des illustrateurs 2011, grâce à tous nos partenaires, avait été un succès ; nous n’en étions qu’à notre deuxième édition. Il y avait là un défi. Il nous fallait tenter de faire au moins aussi bien. Certains nous regardaient d’un air sceptique : « Vous savez les temps… », « Oui, oui, nous savons, les temps sont durs… « , « Les subventions… » Et voilà, n’en déplaisent aux incrédules, que le Musée de l’illustration jeunesse (le MIJ) reste partie prenante dans l’aventure (C’est au MIJ que Roberto Innocenti sera exposé), le Conseil général de l’Allier, la Ville de Moulins, la DRAC, Conseil régional d’Auvergne nous encouragent grandement à renouveler l’expérience. La SAIF, le Crédit Agricole nous assurent aussi de leur soutien. Et quand l’annonce de la subvention de la Sofia arrive en juillet, c’est la joie. Et le soulagement. Le budget est pratiquement bouclé. Il y aura bien quelques stress mais bon… Normal ?

    Notre scénographe Michel Boucher brillamment assisté de Philippe Davaine multiplie les propositions. Certaines demandent une main d’œuvre supplémentaire, des locaux assez vastes pour accueillir les roulottes pour les œuvres de François et Lionel, la cage aux fauves pour celles de Lorenzo, les colonnes, pour Sara, à la Cathédrale, des grilles pour Kveta à l’Hôtel de ville. Qu’à cela ne tienne, le Conseil général met à notre disposition un immense entrepôt et nous trouvera peintres et menuisiers compétents pour aider nos deux larrons. Toutes les expositions auront une mise en scène adaptée à la personnalité de chaque illustrateur. La Ville de Moulins se mobilise aussi, elle nous propose le théâtre pour les Bratsch, un ancien cinéma pour la journée professionnelle et la salle des fêtes pour recevoir les marionnettes du TMG créées par Albertine ; sur le Cours Jean Jaures de grands panneaux présenteront les artistes et toutes les informations nécessaires…

    Alors, tout va bien ? Comment faire pour n’oublier personne ? C’est comme un petit caillou lancé dans la mare. Voici que très vite les cercles s’agrandissent autour de lui, vibrent à l’unisson dans la lumière d’un matin d’été. Car il fait beau. Très beau. (Croisons les doigts : c‘est ainsi toutes les fins septembre en Bourbonnais, espérons qu’il en sera ainsi l’année prochaine). Un seul regret, peut-être, n’avoir pas la possibilité matérielle et pratique d’inviter un plus grand nombre d’illustrateurs. C’est aussi un choix : pas plus de neuf expositions ; elles sont proportionnelles à nos moyens et à la taille de la ville. C’est aussi une garantie de qualité et de travail en profondeur. Marie-Thérèse de l’Art à la page et Brigitte ont pris contact avec nos artistes. Ce sont elles qui veillent à la mise en valeur de leurs  œuvres (sélection et encadrements). Christian a réactualisé le site. Claire y a apporté ses couleurs. Colette fit des prouesses sur Facebook ; mais c’est surtout en tant que lectrice que nous aimons l’écouter nous lire Jésus Betz ou un chapitre de Pinocchio. Comme en 2011, les bibliothécaires étaient, encore en plus grand nombre à la journée pro et les étudiants aux master class de d’Innocenti ou de Mattotti, les éditeurs nous ont envoyé leurs livres ou nous ont donné un petit coup de pouce sonnant et trébuchant tout à fait bienvenu. L’école Estienne a délégué quelques étudiants pour filmer et interviewer nos artistes et la petite équipe de Titania a réalisé un superbe reportage vidéo pendant toute la durée du Festival. France 3 a fait une belle émission, Libé, La Montagne, la Semaine de l’Allier et les revues professionnelles n’ont pas manqué de nous soutenir. Cette énumération est un peu risquée : je vais en oublier, sans doute parmi les meilleurs.

    Oui, ce Festival fut une fête. Une fête des mots et des images. La musique avec les Bratsch avait un je-ne-sais-quoi de nomade. Était aussi présent le comédien Pierre Meunier, véritable magicien des mots – il en fallait bien un sur la piste.

     Peintres, postiers, secrétaire, musiciens, comédiens, menuisiers, techniciens, chanteurs, bricoleurs, professeurs, encadreurs, conteurs, auteurs, colleurs d’affiches et d’étiquettes, correctrices, conservatrice, lectrices, traductrices, éditrices, vidéastes, scénographes, photographes, journalistes, archivistes, maquettiste, projectionnistes, marionnettistes, spécialistes des images, du site web ou du Vitello Tonato, créateurs d’oriflammes, accrocheurs de banderoles, ils étaient tous là, en ronde belle autour de nos amis illustrateurs à qui, comme à tous ceux qui ont tourné autour d’eux, il nous faut encore une fois dire merci !

(septembre 2014)

 

   

Nicole Maymat crée les éditions Ipomée en 1973 avec Dominique Beaufils, imprimeur à Moulins (Allier) ; collaboration avec de jeunes auteurs et illustrateurs inconnus (Frédéric Clément, Claire Forgeot, Laurent Berman, Michel Boucher, Jacques Cassabois, Vitaly Statzynski, Martine Delerm, Françoise Kérisel, Anne Quesemand, Laura Rosano) et quelques « confirmés » tels Alain Gauthier, Claude Lapointe, Nicole Claveloux et Daniel Maja ; Nicole Meymat est à l’origine, en 2005, du Centre de l’illustration pour la jeunesse de Moulins, ville où, depuis 2011, elle organise avec son équipe « malcoiffée », un fabuleux Festival des illustrateurs ; écrivain, elle a notamment publié, au Seuil, Vanille, flibustière des Antilles (2001) et Le Voyage de la reine (2007).

 

 

 

 

 

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